Juliette Mutel, dg de Babel : « Nous sommes une agence bienveillante, solidaire et profondément humaine »

Juliette Mutel
(© Maxime Huriez)

Après la démission du président de l’AACC et alors que l’association se dote d’une nouvelle gouvernance et prend des engagements écrits, Juliette Mutel, directrice générale de l’agence Babel, fondée il y a huit ans par Laurent Habib, prend à son tour la parole.

CB News : Comment l'agence traverse-t-elle cette tempête ?

Juliette Mutel - Nous avons été évidemment très perturbés, très affectés, par ce qu’on a vu la semaine dernière. On a été affectés par ce que l’on a lu sur les réseaux sociaux. Ça montre l’importance de ces sujets de harcèlement en agence et ça montre à quel point des personnes s’estiment en souffrance, blessées par des choses qui ont pu se produire dans leur carrière. En tant que femme et en tant que professionnelle de ce secteur, ça m’a beaucoup touchée. La difficulté pour nous, c’est qu’on a lu beaucoup de choses. Des choses qui sont vraies, mais aussi des amalgames et des rancœurs autant sur Laurent Habib que sur la fonction qu’il représente, que la profession ou que sur Babel.

CB News : Quelles vont être les conséquences pour l’agence en termes d’organisation, de positionnement, de discours ?

Juliette Mutel - On n’en peut pas faire comme si cela n’avait jamais existé, mais on ne peut pas faire non plus comme si il y avait un problème majeur à traiter à ce niveau-là à l’agence, parce qu’il y auraient des dysfonctionnements criants. Nous avons aujourd’hui des collaborateurs et une agence qui sont très loin de vivre la réalité qui a pu parfois être décrite sur les réseaux sociaux. Et certains de nos collaborateurs étaient même impatients de prendre la parole pour dire la réalité de cette agence parce que très clairement nous ne sommes pas une agence qui peut être accusée de complaisance par rapport au sexisme ou par rapport au harcèlement de tous types. Nous sommes une agence qui s’est positionnée depuis le début pour promouvoir l’emploi de tous et notamment des femmes. Il n’y a jamais eu de sujet de rémunération, d’égalité de traitement entre les hommes et les femmes, d’accès à des postes à haute responsabilité. Nous avons d’ailleurs de la gouvernance paritaire, qui a longtemps été à dominante féminine. On n’a pas eu de remontées de dysfonctionnements liés à des faits de harcèlement, que ce soit du harcèlement sexuel ou du harcèlement moral que ce soit par les différents dispositifs qu’on a mis en place ou par des plaintes.

CB News : Quels sont les instruments dont vous disposez en interne pour faire face à ce genre de problème ?

Juliette Mutel - Il y a deux ans, j’avais souhaité mettre en place des dispositifs renforcés pour aider à la remontée des dysfonctionnements. On a créé une commission Qualité de vie au travail. Ce qui est important de noter, c’est que nous sommes équipés de manière globale pour traiter tout ce qui concerne les risques psychosociaux et pas uniquement le sujet du harcèlement. On essaye d’envisager la qualité de vie au travail dans toutes ses dimensions. Nous avons un baromètre de qualité de vie au travail qui nous a notamment permis à la fin du confinement de modifier la façon de travailler et d’intégrer plus de télétravail. De plus, nous avons créé un réseau de « bienveilleurs » qui ne sont pas des managers et qui, un peu partout dans l’entreprise, sont en charge de veiller, d’identifier, d’accueillir la parole de personnes qui souhaiteraient faire part de problématiques ou de dysfonctionnements. Je tiens beaucoup à ce dispositif car je crois que l’on peut toujours faire mieux sur ces sujets. Et il est vrai que plus on est à la tête de l’entreprise, moins on peut se rendre de compte de ce qui se passe au quotidien au sein des équipes. On a déjà fait pas mal de choses, mais je pense qu’on peut faire plus et mieux. Ce sont des sujets sur lesquels je suis d’une intransigeance absolue.

CB News : L’image de l’agence n’en est-elle pas moins abîmée par cette crise ?

Juliette Mutel - Évidemment ce n’est pas ce qui ressort de ce qui a été publié sur les réseaux sociaux, mais Laurent Habib a créé Babel pour créer un nouveau modèle d’agence, un nouveau modèle social et générer d’autres types de relation entre les équipes et entre les managers. Et ça n’a pas changé depuis huit ans. On a toujours essayé d’agir dans ce domaine-là et aujourd’hui, il faut aller encore plus loin, peut-être dans une remise à plat de nos façons de manager, de notre organisation du travail. Pour être très claire, cela fait cinq ans que je suis chez Babel, ça fait deux ans que je suis directrice générale et je n’ai jamais vu Laurent Habib être un harceleur, je ne l’ai jamais vu vouloir nuire, vouloir blesser ou être violent dans ces mots. Donc, on n’est pas du tout dans une situation ou l’agence et son président seraient dans une façon de procéder qu’il faut corriger. Nous sommes dans une agence bienveillante, solidaire et profondément humaine. Nous sommes pris à partie et notre président est pris à partie sur des sujets qui peuvent paraître mineurs et qui ne le sont pas.

CB News : Du côté des clients, les conséquences de cette affaire sont-elles négatives ? 

Juliette Mutel - Non, pas pour l’instant, non. Après je ne me risquerais pas à m’engager pour l’avenir. Nous avons reçu beaucoup de messages de soutien. Ils sont heureux de la qualité du travail qui leur est fourni. Et ils n’ont jamais eux-mêmes constaté ou vu quoique ce soit de dérangeants dans les manières de faire du personnel de l’agence. Mais c’est difficile de mesurer le niveau d’onde de choc de ce type de crise, c’est sur la durée que cela se fait.

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