Pierre-Etienne Boilard (Social and Stories) : « Covid-19 est une pandémie, pas un brief »

Pierre-Etienne Boilard, Social and Stories

Deuxième semaine de confinement… CB News poursuit sa série d'interviews de professionnels de la filière communication, initiée mardi 17 mars dernier. Pierre-Etienne Boilard, CEO et co-fondateur de Social and Stories, l’agence créative spécialisée en innovation éditoriale et en social média du Groupe Le Figaro, s’est prêté à l'exercice. Voici ses réponses.

1) Le confinement s'est généralisé. Comment faîtes-vous face à l'agence ?

Télétravail généralisé ! Nous avions déjà une organisation orientée autour de Slack pour garder le contact, permettre à chacun de suivre l’actu de MAD, des différents clients et partager les trouvailles du planning stratégique. Il a suffi d’ajouter à cela un outil de visioconférence et un peu d’organisation et tout s’est bien passé. C’est le gros avantage d’être une petite structure construite autour de gens qui se font confiance. Pour le travail au quotidien le gros sujet a été côté création. Comment continuer à co-créer à distance, en maintenant les temps de réflexion et en assurant le delivery.

Assez naturellement les équipes se sont mises à travailler plus en groupe, en mélangeant conseil, stratégie et création pour aller plus vite et éviter les incompréhensions. Finalement cette expérience nous rapproche un peu plus et redonne du sens à la logique d’équipe intégrée. C’est sans doute sur le plan relationnel qu’a été la plus grande difficulté. Comment conserver la motivation, éviter la solitude, le sentiment d’abandon et l’ennui. On a eu beau proposer des petits déjeuners et des apéros par Skype, le véritable sujet reste d’avoir un maximum de contacts voix et visio, en one to one ou à plusieurs. De parler des sujets perso et d’alimenter les conversations de bonne humeur.

2) Comment réagissent vos clients ? Quels sont vos principales préconisations pour les campagnes en cours ?

Beaucoup de clients ont réagi en coupant court aux différentes communications et campagnes prévues. C’est un geste de sauvegarde plutôt sage qui est en train d’évoluer dans le cadre des échanges quotidiens que nous avons avec eux. Après avoir subi la crise, il faut réfléchir à la posture que la marque doit adopter face à cet évènement majeur et pour préparer l’avenir. Nous commençons depuis le début de la semaine à retravailler « normalement ».

La seule grosse transformation consiste à recommander à la plupart de nos clients de décaler et ajuster les communications à vocation purement commerciales pour travailler la proximité et l’utilité fonctionnelle ou sociétale pour ne pas dire morale de la marque dans le quotidien des clients. Si la marque n’a rien à apporter de concret à l’audience ou au débat public, mieux vaut qu’elle ne s’exprime pas, travaillons plutôt sur les perspectives de redémarrage et sur la manière dont nous allons devoir relancer la machine « communication ».

3) Concernant l'impact financier de cette crise inédite, en mesurez-vous les conséquences ?

Comme tout le monde cela va être extrêmement dur, on serre partout où l’on peut et on essaie d’être le plus agile possible. Malgré tout nous avons la chance incroyable d’avoir un actionnaire extrêmement solide qui nous soutient entièrement dans cette crise.

4) Comment pouvez-vous être utile à la société en ce moment ?

En refusant de faire ce qui nous semble n’avoir aucun sens et en protégeant de communications opportunistes faites sur le pouce à la fois nos clients et nos audiences. Pour citer un tweet croisé récemment sur les internets : Covid-19 est une pandémie, pas un brief.

5) Après la crise, allez-vous modifier certaines de vos approches ?

Forcement sur le principe mais honnêtement pour l’instant il est difficile de prédire ce qui changera dans l’approche des agences. Je pense que cette crise va surtout encore accélérer la mue en cours du rapport que les consommateurs entretiennent avec les marques et l’importance de la raison d’être des marques et leur rapport au monde (en bien ou en mal d’ailleurs). C’est donc les approches de nos clients qui vont évoluer et qui mettront certainement encore plus le social au cœur de leur réflexion en tant qu’indicateur avancé des attentes.

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