Publicis trébuche ce premier semestre

Publicis a connu un trou d’air au deuxième trimestre, avec un chiffre d’affaires en chute de 8,3 % qui a fait dévisser son titre, les investisseurs se montrant fébriles sur ce secteur en pleine transformation. Ils avaient déjà sanctionné durement la publication des résultats de son concurrent américain Omnicom mardi, qui a perdu près de 9,5 % à Wall Street sur la séance après une croissance organique jugée décevante. Jeudi, l’action Publicis a décroché de 8,78 % à 53,18 euros à la clôture, soit la plus importante baisse du CAC 40 qui a terminé en baisse de 0,56 % sur la séance. Le groupe a publié un revenu de 2,198 milliards d’euros d’avril à juin, en baisse de 8,3 % (-2,1 % à taux de change et périmètre constants) sous l’effet conjugué d’un dollar fort, des difficultés d’une activité de santé aux Etats-Unis et de la mise en place en Europe de la nouvelle réglementation sur la protection des données. Ce recul arrive comme une surprise alors que le groupe avait affiché une croissance organique de 1,6 % au premier trimestre, confirmant son redressement, et que le consensus des analystes s’attendait à une hausse de 1,1 % au deuxième trimestre. Publicis reste cependant "confiant" pour la deuxième partie de l’année et a confirmé ses objectifs financiers. "Nous sommes sur la bonne voie pour améliorer la croissance organique et la marge en 2018, par rapport à 2017" et ceci "malgré un problème au deuxième trimestre", a indiqué le président du directoire Arthur Sadoun au cours d’une conférence pour les analystes. En Europe, le groupe a vu son chiffre d’affaires reculer de 3,6 % en organique au deuxième trimestre, notamment à cause de l’entrée en vigueur fin mai du Règlement européen de protection des données (RGPD) qui s’est traduit par des suspensions temporaires de campagnes. Certains éditeurs n’étaient pas prêts techniquement et le nombre de sites internet aux nouvelles normes pouvant accueillir des publicités a chuté. "L’activité s’est réduite drastiquement, ce qui a pu aider Google ou Facebook, mais nous pensons que cet incident est terminé", a noté Steve King, en charge de Publicis Media. En Amérique du Nord, qui compte pour plus de la moitié des revenus du groupe, le chiffre d’affaires recule de 2,3 % en organique au deuxième trimestre, sous l’effet des difficultés de Publicis Health Consultants, une activité de visiteurs médicaux, pour laquelle le groupe a entamé une "revue stratégique". Sur l’ensemble du premier semestre, le chiffre d’affaires cède 8,2 % à 4,280 milliards d’euros, soit une baisse de 0,4 % en organique. L’effet négatif des variations de change, dues surtout au renforcement du dollar, pèse pour 362 millions d’euros sur le semestre, souligne Publicis. Le bénéfice net recule ainsi de 19 % à 313 millions d’euros sur la première moitié de l’année. Il s’affiche à 301 millions après application de la nouvelle norme comptable IFRS 16, précise le groupe. Confronté à la concurrence croissante des géants du numérique Google et Facebook et à l’irruption des sociétés de conseil sur son marché, Publicis veut accélérer la mise en place de son nouveau modèle qui donne la part belle aux données et à l’accompagnement des entreprises dans leur transformation numérique. Il souligne que ces nouvelles offres sont en croissance de 27 % sur le semestre. Publicis dit compter pour le reste de l’année sur un "record sans précédent de gains de budgets dont la montée en puissance est attendue au deuxième semestre". Et met aussi en avant l’amélioration de son taux de marge opérationnelle de 60 points de base à 14,3 % au premier semestre.

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