Thibault Peulen (Cap&Cime) : "Les entreprises ont un rôle sociétal à jouer; c’est le moment ou jamais de le prouver !"

Thibault Peulen

Pas fini, le confinement. Et les interviews matinales de CB News non plus. Rendez-vous avec Thibault Peulen,  directeur général de l'agence de relation public Cap&Cime.

1) 7ème semaine de confinement et de télétravail… Après la mise en place d’une nouvelle organisation, y-a-t-il eu des ajustements, des manques, des innovations. Tout est-il rose dans ce nouveau mode de travail pour vos collaborateurs ?

6 semaines, c’est à la fois court et long! En 6 semaines, nous avons mesuré la grande capacité de transférer notre cadre de travail habituel au domicile de chacun et même en province, sans aucune difficulté technique ou opérationnelle. Ce n’était pas une réelle nouveauté puisque nous pratiquons le home office depuis des années à l’agence. La différence ici est la gestion du temps long ! En 6 semaines, nous avons également tous appris que nous avions « physiquement » besoin les uns des autres, besoin de se saluer le matin, de nous faire rire, de se voir… Les animaux sociaux que nous sommes se réveillent à plus ou moins courte échéance et le principal enjeu managérial est bien celui-là : Garder tout le monde, sans exception, ensemble… mais à distance ! On se salue donc le matin sur Slack où nous avons également créé un fil #blaguedujour, les équipes ont créé d’elles-mêmes un groupe Whatsapp pour se partager en temps réel des idées, demander du soutien sur un dossier ou l’autre. J’ai par ailleurs instauré un point visio d’information et de partage des best practices chaque semaine. Au-delà d’un simple partage d’informations opérationnelles visant à nourrir les uns et les autres et d’une démarche de transparence vis-à-vis de chacun, il s’agit surtout de réfléchir collectivement à l’après pour nos clients… et nous-mêmes.   

2) Quelle sont les urgences de vos clients ? Que vous demandent-ils ? Quelles sont vos préconisations ?

L’urgence numéro un a été… l’écoute de chacun de nos 35 clients qui ont tous connu une première phase de sidération plus ou moins longue ! Il y avait un profond besoin de réassurance et de conseil face à l’inconnu. Démarche classique de consultant, mais qui a porté ses fruits à plus ou moins courte échéance pour ramener les directions générales ou marcom sur le terrain de l’action. Nous avons systématiquement orienté sur l’action, la prise de parole, le décryptage ! Qu’il s’agisse de s’engager auprès des soignants, de soutenir des initiatives citoyennes ou simplement d’agir en décrypteur de la situation, il y a toujours à faire et/ou à dire… en particulier dans une période qui a plus que jamais besoin de repères. On ne cesse de répéter que les entreprises ont un rôle sociétal à jouer ; c’est le moment ou jamais de le prouver à ses salariés, ses clients, ses partenaires ! Le temps de la réflexion sur l’après se fait maintenant depuis quelques semaines et nous insistons systématiquement sur le besoin de se réinventer en tant qu’entreprise, penser mission et actions concrètes. On fait table rase de la plupart des plans initiaux pour y intégrer ces dimensions en ce moment. Comme dans chaque crise, on peut décider d’apprendre à faire mieux, de faire face puis de changer… ou de continuer « comme avant ». Mon expérience m’a toujours prouvé que la seconde option débouche sur une nouvelle crise plus grave !

3) Mesurez-vous d’ores et déjà l’impact financier de cette crise ?

Oui et non ! Oui, comme tout le monde, nous avons eu des reports de projets, quelques baisses de budgets modérées et des délais de paiement qui s’allongent parfois. Et, en même temps, une grande partie de nos clients sont restés sur le pont pour trouver de nouvelles opportunités de communiquer différemment ensemble, continuent leurs activités en mode crise, nous demandent de réfléchir à l’après… Par ailleurs, si le new business n’est pas à son plus haut historique, on n’a jamais cessé de recevoir des briefs de l’international où nous réalisons près de la moitié de notre chiffre et avons remporté quelques très belles victoires avec notre réseau US/UK. Nous investissons depuis longtemps dans notre réseau à l’international et il nous a toujours permis jusqu’ici de tenir bon dans les tempêtes !

4) Y aura-t-il un avant et un après coronavirus pour votre entreprise ? Pour votre secteur ?

Sans aucun doute ! Ne serait-ce que sur l’organisation du travail. Nous étions familiers avec le télétravail, mais nous avons également pris conscience que nous étions capables de le gérer collectivement (tous niveaux de séniorité compris) et dans la durée. Cela impactera certainement la manière dont nous organisons la vie de bureau à l’avenir.  Je crois également fermement à un réel changement de paradigme dans les entreprises. Si beaucoup d’entre elles avaient amorcé un réel virage de discours sur la responsabilité sociétale, le respect de l’environnement, la diversité… Il va falloir maintenant parvenir très rapidement à passer à l’action en mode accéléré. Preuve à l’appui. Sous peine que la sanction vienne directement des consommateurs ! J’aborde cette période comme une opportunité de transformation profonde et rapide pour des entreprises qui vont devoir pour la plupart repositionner leur discours et leurs actes. Le défi est là et ne pourra pas se faire sans le talent des communicants que nous sommes.

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