A 90 ans, Jacques Séguéla veut toujours promouvoir « l’âme des marques »

Young Séguéla

Jacques Séguéla aura 90 ans dans quelques semaines et pour marquer ce passage, il publie un nouveau livre, « 90 ans d’amour » préfacé par Jean-Louis Borloo. C’est le trentième bouquin qu’il publie qu’il décrit comme « la compression des 29 premiers », dit-il en rappelant son amitié avec le sculpteur César, qui lors de leur première rencontre avait compressé sa collection de boîtes publicitaires. « Une traversée du siècle » dit-il dans laquelle « c’est la vie qui m’a menée par le bout du nez et par le coup du cœur parce que tout ça s’est fait malgré moi. J’ai été un peu comme un gosse tiré par la main par son père et qui ne sait pas très bien où il va » explique-t-il, comme encore étonné que tout cela se soit passé. Et quand on lui fait remarquer qu’il est aussi allé à la rencontre des gens peu communs qu’il a conseillés, à l’instar de tous les présidents de la République française depuis François Mitterrand, il précise que « la plupart du temps, ce sont eux qui m’ont fait savoir qu’ils voulaient me voir. Je ne suis pas allé frapper à leur porte », ajoute-t-il.

Mais autant qu’un livre de souvenir, c’est « un livre d’optimisme » que Jacques Séguéla a écrit, pour démentir « ces temps où le monde se déchire, se désagrège et ou tout le monde est désabusé de tout ». Et de servir l’une de ses maximes préférées ; « les optimistes ont inventé l’avion, les pessimistes le parachute ». À l’entendre, ce pessimisme dominant est avant tout le fait des chaînes d’info qui ne voient que le mauvais côté des choses. « À chaque fois que j’essaie de mettre un peu de bonheur dans l’émission de Pascal Praud sur C News, on me traite de bisounours ! »

Mais comment, lui, le publicitaire optimiste, celui qui fut le porte-parole d’une pub triomphante, voit-il les critiques s’accumuler sur son métier ? « Je rappelle toujours que le but de la pub n’est pas de faire vendre des voitures ou des yaourts, mais c’est de créer l’immortalité des marques. 80 % des marques créées au siècle dernier sont mortes et mon combat c’est que Citroën ne meure pas ! », s’enflamme-t-il. « La publicité, c’est la défense des marques mais c’est aussi le fait de les emmener défendre la planète. Et c’est la raison pour laquelle les gens aiment la publicité ! » avant d’ajouter après un tout petit temps : « quand elle est bonne ».

Journaliste d’abord, l’ancien cancre qui est entré à Paris Match après avoir fait le tour du monde en 2 CV Citroën, trouve sa voie chez Robert Delpire, grand directeur artistique, fou de photo, dont l’agence a le budget Citroën. De là découlera tout le reste puisque Delpire vendra son agence à RSCG. Une agence dont l’héritage est toujours présent chez Havas, là où Séguéla continue à se rendre dans son bureau qui jouxte celui de Yannick Bolloré. « Je pense être le seul publicitaire en activité et ne compte bien continuer jusqu’à 100 ans » affirme Jacques Séguéla. « Je ne remercierai jamais assez Vincent et Yannick Bolloré qui m’ont donné vingt ans de carrière, de vie de plus. C’est un cadeau royal, inestimable ». Un métier qui consiste toujours à superviser la créativité du groupe avec Stéphane Xiberras, président de BETC, d’extraire le meilleur et de le pousser pour gagner des prix à Cannes et ailleurs », ajoute-t-il en reprenant un accent corporate. « Je passe une heure par jour à regarder une sélection des meilleures créations internationales ». Un travail que le grand optimiste rigolard qu’il a toujours été fait en conscience, défendant à tout jamais « les grands films qui font l’âme de marques ». On ne le changera pas. Et c’est pour ça qu’on l’aime bien.

90 d’Amour, par Jacques Séguéla, préface de Jean-Louis Borloo. 272 pages. Plon

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