Bruno Moreira, directeur de la création, "indépendant doit rester un choix, pas une soumission précaire"

Bruno Moreira
(© Greg Gonzales)

Troisième semaine de confinement... CB News, comme vous, a intégré une certaine forme d'endurance. Nous continuons notre série, débutée mardi 17 mars, avec aujourd'hui le directeur de la création Bruno Moreira.

1) Surprise, vous n'êtes plus directeur de la création de Grenade&Sparks ?

Bruno Moreira : oui. Ma clause de confidentialité, à date, ne me permet pas d’y répondre. Joker !

2) Pour quelles raisons avez-vous rejoint le syndicat indépendants.co ?

Bruno Moreira : dans la période de sidération, que nous traversons actuellement, dans la situation dans laquelle je me retrouve aujourd’hui et pour un futur très proche, j’ai très vite cherché des solutions, des indicateurs, des renseignements pour y faire face. En surfant je découvre qu’il existe cette plateforme sur change.org. Du coup on se sent moins seul. Indépendant doit rester un choix, pas une soumission précaire. Le choix de l’autonomie et de la liberté ...Mais en commun. Dans notre secteur, les créatifs indépendants sont trop souvent une variable d’ajustement, alors que leurs talents sont essentiels à la réussite et ils y contribuent plus que souvent. C’est d’ailleurs, pour cela que l’on vient nous sollicite, ,une autre solution extérieure ! Il n’y a plus ce côté « mercenaire »,  juste remplir une mission et passer à une autre, sans se soucier du résultat. L’implication est totale, quand on rejoint une agence avec le statut de directeur de la création, comment faire autrement que de se fondre dans la culture d’entreprise quand on est soi-même entrepreneur, de manager l’équipe créative, d’être en input créatif permanent, de faire son job, gagner des « pitchs », entretenir la relation client, la développer, former les créatifs in house...Finalement on est des créatifs non salariés. Les charges en moins pour l’entreprise mais en plus pour nous. C’est le « game ». Rien à y redire. La passion m’a toujours guidée. Rejoindre un projet, c’est ma façon de m’investir. Même sans garantie du lendemain.

3) Y avez-vous un rôle actif et militant ?

Bruno Moreira : pour l’instant très militant. Parce que la cause est noble et méritante. Se mobiliser pour plus de reconnaissance, être mieux protégés, revendiquer de nouveaux droits à la sécurité. Il faut imaginer un nouveau système, gagnant/gagnant. L'enjeu est sociétal et social, et nous sommes très nombreux à rejoindre ce collectif syndiqué. C’est mieux pour faire pression à Bercy. Pour devenir une entité de demain, peser dans le débat public. On a besoin de nos talents et pas à leurs détriments. Le plein emploi était la norme, il est remis en question. Nous avons certes l’esprit « start up » dans le sens de l’agilité, la flexibilité. Mais pas dans l’insécurité. Pour avoir un avenir il faut se construire un passé. Ce collectif rassemble l’ensemble des travailleurs indépendants : designers, créatifs, DC, rédacteurs, UX, UI ,etc. C’est un engagement salutaire.

4) Votre métier de créatif, vous continuez ? Comment ? Avec qui ?

Bruno Moreira : on va pas se mentir ! C’est dur et compliqué dans cette période d’incertitude de trouver, retrouver de la sérénité. C’est un peu figé et attentiste actuellement. Même si je suis persuadé d’une reprise. Je discutais ce matin avec un directeur marketing d’une belle marque de prêt à porter, ils réfléchissent bien sûr déjà à l’après dans leur plan marketing. Avec le souci de reprendre la parole, de façon juste et moins mercantile qu’auparavant. La crise de 2008/09 aurait dû apporter cette prise de conscience… J’ai la conviction que l’humain et le social seront la réponse. Redonnez du sens aux services, plus que le commercial pur et dur. Les marques vont avoir besoin d’imagination, d’idées innovantes, de créativité de tous bords, donc de talents. Je travaille actuellement uniquement en pro-actif, je lis beaucoup, et regarde les marques s’exprimer. Je ne suis jamais vraiment en pause et là le confinement c’est l’occasion d’y consacrer tout son temps de cerveau droit. Rester frais, affûté et disponible. La contrainte oblige à l’excellence créative, et je vois de très belles choses, en exemple Netflix : the « spoiler billboard » un cas de Miami ad School. Il faut passer de cette sidération à une libération créative. On dit souvent que c’est un « mal pour un bien » et si, cette fois, c’était vrai ?

5) Petit exercice spontané : en une phrase, un dessin, une photo expliquez , à un martien, ce chaos

Bruno Moreira : « Pangolin... Tu connais ? »

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