Antoinette Beatson, executive creative director Betc, jurée Outdoor

Antoinette Beatson - Betc

Antoinette Beatson, Executive creative director de Betc, raconte son expérience au sein du jury Outdoor.

C'était un bon cru votre catégorie cette année ?

Antoinette Beatson : "On s'est régalé ! Nous avons travaillé entre douze et quinze heures par jour pendant six jours...Tous les travaux ont été très soigneusement observés et respectés. C'était l'une des consignes du président John Patroulis de Grey Global. Le respect. Concernant la qualité et la diversité des cas, on peut dire que oui, c'était un très bon cru. Nous avions, cette année, la chance de recevoir et de juger une création assez extraordinaire avec Nike Dream Crazy avec Colin Kaepernik de Wieden+Kennedy.

Nike

Après ça, difficile de juger ce qui suit [ndlr : voir aussi le palmarès de la catégorie ici]. Ce que Nike a réalisé va bien au-delà de sa propre marque. Elle se place comme une entité de résistance politique. Ensuite, j'ai noté que l'Outdoor, c'est de moins en moins de l'affichage dit classique. Tout ou presque est prétexte à expression. Nous avons eu par exemple, un très beau cas Koshogo signé de Leo Burnett Russie qui a reçu un Gold. Pour dénoncer les enlèvements de jeunes filles au Kyrgyzstan et la pratique du "drap" qui signifie consentement pour un mariage dans la famille de l'homme, le média Kloop a affiché sur des draps les textes des plaintes non retenues par le gouvernement. Soit l'écrasante majorité des 15 000 cas annuels. La campagne a incité le premier ministre à prendre la parole et à infléchir cette pratique. Autre cas intéressant avec l'utilisation des tranches latérales des trottoirs dans la campagne brésilienne

Without a ramp a sidewalk is a wall signée Z+Havas São Paulo (bronze)

.  Pour dénoncer le manque de rampes d'accessibilité dans la ville, le message a été graffé par des artistes. La diversité des territoires narratifs urbain me réjouit à chaque fois."

Ce fût consensuel ? Bataillé ? Surprenant ?

Antoinette Beatson : "Ce fut assez plutôt consensuel. Nous sommes tous heureux de ce palmarès et c'est ce qui compte après un tel travail. Ce qui a a été assez passionnant pour moi, et sans doute pour d'autres, ce sont les échanges entre nous au moment la présentation des travaux. Sur la portée d'une campagne, sa réalisation, son utilité, son impact...Beaucoup de discussions donc ! De plus, j'ai la sensation que nous nous comprenons mieux entre jurés. Avant, les frontières culturelles étaient plus visibles au moment des votes. Aujourd'hui, on se comprend mieux. La portée et les thèmes abordés dans les campagnes sont sans doute plus universels. La diversité, l'égalité, la lutte contre les violences, la transparence...Ce qui nous concerne tous en somme."

Une tendance à retenir auprès de vos homologues jurés ?

Antoinette Beatson  : "Le futur des marques sera politique. Prendre position et le faire savoir, n'est plus une option. Leur responsabilité est immense, notamment lorsque les états sont défaillants."

La campagne non primée que vous retiendrez quand même ?

Antoinette Beatson : "Sans être un regret, la campagne "Still unknown yet " des D&AD au Japon m'a beaucoup interpellée. Une autocélébration certes mais avec une idée intéressante de ce qui est sur le point d'émerger, comme une irruption...Les visuels étaient des volcans et même des boutons cutanés. Très intéressante cette allégorie du frémissement des choses."

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