Dara Lynch (CEO D&AD) : "Nous sommes avant tout une association à but non lucratif "

A la tête du concours créatif depuis 17 ans, Dara Lynch,  ose demander en français "un bisou" avec cet adorable accent au moment de se saluer. On accepte volontiers tant notre échange était franc et fluide. Pour cette 63e saison, la CEO des D&AD, nous avoue "toujours être un peu fébrile à chaque nouvelle édition". La constance de ce concours, réputé pour être le plus difficile et le meilleur du monde, doit beaucoup à cette femme. "Je place l'intégrité très haut dans les valeurs des D&AD. Nous n'avons jamais changé d'ambition. La constance a du bon..." poursuit-elle, "nous sommes une association à but non lucratif avant tout. Ce qui signifie que nous ne transigeons pas avec l'excellence créative. Nous ne subissons aucune pression. Nous avons bien-sûr un modèle économique à respecter (ndlr : 11 689 travaux soumis cette année). Nous sommes à l'équilibre". 

Côté tendances créatives, elle avoue "ne pas du tout subir la déferlante IA. Nous en parlons bien-sûr, mais ce n'est pas un sujet massif au niveau créatif. On sent que c'est un outil désormais bien intégré, mais pas davantage". C'est également ce qu'on entend, cette forme de banalisation de l'IA, dans les couloirs et en marge des discussions avec les jurés venus du monde entier. Autre idée, massive celle-ci, c'est la normalisation des sujets liés à la diversité. "C'est normal, c'est partout et c'est très bien. Malgré ce qui se passe aux Etats-Unis, notamment concernant la baisse des budgets des sujets estampillés DEI. " glisse Dara Lynch. Si les D&AD est une association non politique, "on écoute, on a un point de vue et on le donne. évidemment. Célébrer la créativité, c'est pour nous, un alliage de l'esprit et du cœur". Personnalité intègre, on ne saura rien du palmarès évidemment. Cependant, "it's good for France" peut-on entendre...

Shifty

En marge du concours, l'association (45 personnes) vit et œuvre toute l'année pour diffuser une certaine idée de la créativité. Notamment via son programme Shift qui fêtera son dixième anniversaire l'année prochaine. Le sujet de la transmission et donc de la formation dans les industries créatives s'est imposé assez rapidement. "Le talent n'est pas une question d'âge" poursuit encore Dara Lynch, "permettre à des individus, éloignés de cette industrie pour plein de raisons, de se réaliser via un emploi c'est ce que nous faisons avec la Shift Academy. Des cours du soir dispensés à Londres, Berlin, Sao Polo, New York, Sidney. Et j'espère bientôt à Paris". Les cours durent entre trois et quatre mois et le taux d'embauche se situe, à l'issue de la formation, entre 83 et 87%. Il y a eu un postier, des jeunes d'une vingtaine d'années dont l'une d'entre eux a vu sa campagne diffusée à Time Square récemment. Autre développement des D&AD, le Shift Studio. Une agence créative encore discrète basée à Londres et New York. Delta Airlines lui a confié une campagne après un brief (corporate) pour davantage de diversité.