Luc Dagognet (Fabernovel) "j’y crois énormément, à la publicité, mais peut-être qu’elle va devoir légèrement changer de forme"

Luc Dagognet, partenaire et directeur créatif chez Fabernovel

Quatrième semaine de confinement. C'est difficile. CB News a une chance. Celle de continuer d'informer. Nous poursuivons notre série d'interviews, débutée le 17 mars, avec aujourd'hui le témoignage de Luc Dagognet, partenaire et directeur créatif chez Fabernovel (ex BETC et Le Side Car).

1) Comment allez vous à l'agence ?

Luc Dagognet : habituellement à pieds...Mais là on n’y va plus hélas. Ce sera ma première et dernière blague, promis. L’agence va bien : dans l’ordre, logiquement, on surveille d’abord le moral des troupes. Puis le business. Individuellement, chacun se porte bien : on veille comme on peut à maintenir l’esprit d’équipe avec des rendez-vous officiels et informels, comme tout le monde. On fait attention aux micro-tensions des échanges quotidiens qu’on ne peut plus apaiser face-à-face ! Côté business, la partie délicate n’est pas tant le coup dur (que tout le monde ressent) mais plutôt le côté très aléatoire des choses. On ne sait pas forcément ce qui va être annulé, quand, ce qui au contraire va accélérer... On tâche de dépasser notre scope et d’être un renfort pour nos clients qui tournent à plein régime et on continue à avancer, même sans assurance que les projets débouchent, sur ce qui est menacé.

2) Avez-vous quelques "bonnes" nouvelles à partager ? Sur l'une de vos opérations/créations par exemple ? Ou ailleurs ?

Luc Dagognet : heureusement, plusieurs ! Pour prendre un exemple concret, on a travaillé sur la campagne de lancement de la plateforme de streaming illimité de l’INA, baptisée madelen (dont vous parliez dans vos pages dernièrement), qui a été très bien reçue… Ainsi que le service lui-même, évidemment, qui cartonne. C’est un projet qui nous tenait particulièrement à cœur. Alors on est franchement ravis de cet engouement. Sur un plan plus intime, on a pu enfin tous visiter les salons des uns et des autres.

3) Plus largement, comment, regardez-vous les initiatives marketing numériques depuis le confinement ?

Luc Dagognet : les frontières entre un opportunisme assez honteux ou ridicule, et une sincère envie d’être utile sont assez minces. Je vois beaucoup d’initiatives passer qui se présentent sous les beaux traits de la générosité ou de l’aide à la prise de conscience. Mais se faire de la pub en proposant sur son app de paiement un service de dons à destination des soignants (en s’inscrivant, bien sûr) ou séparer des morceaux de son logo évidemment : ça se paiera, les gens ne s’y trompent pas. L’heure est à la discrétion, à la pudeur, à la mise à disposition au maximum de ses ressources et expertises pour se rendre utile. Dans ce contexte, nous, créatifs, on essaie de donner du temps à des initiatives généreuses pour qu’elles se racontent mieux, de divertir comme on peut, de penser aussi à des projets « artistiques » à mettre en œuvre avec nos talents en interne.

4) Qu'est-ce qui continue de vous inspirer dans la pratique de votre métier ?

Luc Dagognet : l’avantage de nos métiers, c’est que l’inspiration est partout, et tout nourrit. Alors le temps qu’on retrouve pour lire, jouer aux jeux vidéo, grignoter madelen et Netflix et les autres, dessiner, découvrir des artistes sur Instagram. Et tous ces trucs que chacun fait, c’est de l’or pour soi, et pour les autres : donc on fait encore plus pour que ces découvertes circulent. Au-delà de ça, je trouve que "l’Après", le grand "Après", pose la question de la pertinence et valeur ajoutée de notre métier : j’y crois énormément, à la publicité, mais peut-être qu’elle va devoir légèrement changer de forme. Heureusement qu’on a encore quelques jours pour se pencher sur la question.

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