L'œil du Club : "les identités se pensent désormais comme des solutions mutantes" - Camille Vincent (4uatre)

Responsable de la catégorie  Branding design au Club des DA, Camille Vincent, partner & creative director de l'agence 4uatre, a bien voulu partager avec nous ses impressions à l'occasion de nouvelle série "L'œil du Club" en marge des Cannes Lions. 

CB News : comme responsable de la catégorie Branding Design au sein du Club des DA, qu'avez-vous vu d'intéressant ou de remarquable cette année comme travaux ?

Camille Vincent : cette année, j'ai été particulièrement impressionné par des projets qui repoussent les limites traditionnelles du branding. Par exemple l'identité visuelle des Jeux Olympiques de Paris 2024, tout ce qui a été crée au delà du logo, illustre comment une marque peut s'exprimer de manière forte, sensible et cohérente sur une infinité de supports, sans jamais s’essouffler. Peu de projets ou de marques ont assez d'ampleur pour pouvoir offrir un terrain de jeux aussi varié et vaste à une identité visuelle : donc quand les planètes s’alignent, on prend ! Ce que j'ai trouvé remarquable aussi, ce sont ces identités qui ne cherchent pas à se montrer « différentes » à tout prix, mais qui s’imposent par leur justesse ou parfois leur sobriété et ça on aime.

CB News : peut-on en dégager quelques tendances créatives ?

Camille Vincent : toujours difficile de ranger les créations dans des cases mais je retiendrais entre autres les deux points suivants. Brand New Flex : fin des systèmes figés, les identités se pensent désormais comme des solutions mutantes. Elles doivent être capables d’évoluer dans le temps, de se réadapter à une réalité toujours plus changeante, sans perdre leur essence. Là où la continuité et l’ultra cohérence étaient avant le graal, on valorise aujourd’hui la capacité à se transformer sans se trahir. On ne cherche plus la stabilité absolue mais la cohérence dans le changement. Force du caractère  : cette année encore, certaines identités fortes s’appuient sur des choix typographiques assumés. Parfois classiques, parfois sur-mesure, souvent les deux à la fois. Des caractères intemporels remis au goût du jour, sublimés par leur contexte d’utilisation. Beaucoup de maîtrise et peu d’artifice. Quand la typographie devient LE repère visuel, rendant les messages plus directs, les contenus plus incarnés, et même attribuables... C’est sobre et redoutablement efficace.

CB News : dans les concours créatifs internationaux – notamment les D&AD, le One Show et les Clios – les primés dans votre catégorie sont-ils de fait identifiés par les jurés comme possibles gagnants de Lions ?

Camille Vincent : pas nécessairement, mais il y a souvent des recoupements. Les projets qui remportent des Prix dans ces concours s'appuient généralement sur une idée forte, une exécution impeccable et une pertinence culturelle, des qualités également valorisées à Cannes. Cependant, chaque jury a ses propres critères et sensibilités, et un projet peut résonner différemment selon le contexte. Mais quand il y a une idée claire au cœur du design, qu’elle est portée avec excellence et qu’elle touche juste — peu importe le support — c’est un grand OUI… et on retrouve ces projets d’un palmarès à l’autre.

CB News : suivez-vous les Cannes Lions ? Pour quelles raisons ?

Camille Vincent : oui, je suis les Cannes Lions avec beaucoup d'attention. C'est un moment clé pour ouvrir les yeux sur la créativité mondiale, découvrir de nouvelles façon de travailler les idées et de nouveaux talents. C'est aussi l’occasion de se remettre en question, de s’inspirer et surtout de se motiver. En tant que responsable de la catégorie Branding Design au Club des DA, c'est également une source précieuse d'inspiration pour notre propre compétition, et un moyen de maintenir un lien avec la scène créative internationale.