De la France au Luxembourg, Criteo déménage
La marche avant est enclenchée chez Criteo, spécialiste français de la publicité en ligne coté à la Bourse de New York, qui a annoncé mercredi vouloir déplacer son siège social au Luxembourg, avant un éventuel transfert aux États-Unis. "C'est une évolution naturelle dans la trajectoire de Criteo afin de tirer pleinement parti des avantages de notre cotation aux États-Unis", a indiqué dans un communiqué Frederik van der Kooi, président du conseil d'administration de cet étendard de la French Tech. A travers cette domiciliation au Luxembourg, qui doit être finalisée au troisième trimestre 2026, Criteo va transformer en actions ordinaires les titres qu'il échange actuellement à New York (Nasdaq) sous une forme réservée aux entreprises étrangères, appelée "American Depositary Shares". L'opération vise à simplifier la structure de l'entreprise pour élargir sa base actionnariale en ayant accès à un plus grand nombre d'investisseurs aux États-Unis et à se donner plus de flexibilité dans la gestion de son propre capital, notamment les rachats d'actions, a-t-elle expliqué.
Les États-Unis en ligne de mire
Après cette première étape, "nous pourrions potentiellement envisager un transfert aux États-Unis, ce qui nous permettrait d'être plus facilement éligibles pour les indices boursiers américains", a ajouté M. van der Kooi. Une inclusion de Criteo dans ces indices, comme le S&P 500, donnerait accès au groupe à des stratégies d'investissements dites passives, qui montent en puissance ces dernières années, a expliqué la société à l'AFP. L'opération reste soumise à la consultation préalable du CSE du groupe et à l'approbation des actionnaires qui seront consultés lors d'un vote au premier trimestre 2026. Un transfert du siège social aux États-Unis n'aurait de son côté pas lieu avant début 2027 au plus tôt, a précisé Criteo.
L'entreprise a cherché à rassurer sur l'impact de ces changements sur les activités du groupe en France. "Nous restons profondément ancrés dans l'écosystème technologique français", a déclaré le directeur général Michael Komasinski, ajoutant que "le laboratoire d'intelligence artificielle (IA) et les équipes de Paris continueraient à être des moteurs d'innovation".
Agents IA
Au troisième trimestre, Criteo a affiché un bénéfice net multiplié par plus de six (+552%) à 40 millions d'euros, grâce à une gestion "disciplinée" de ses coûts et des investissements dans l'IA, a détaillé Sarah Glickman, directrice financière du groupe, lors d'une présentation des résultats. "Les assistants intelligents commencent à guider les gens dans leurs parcours d'achat, les aidant à découvrir, comparer et choisir des produits de nouvelles manières", a souligné Michael Komasinski. Criteo développe de son côté des agents d'IA pour permettre "aux marques de générer instantanément des audiences" pour optimiser les campagnes publicitaires et teste aussi des recommandations sponsorisées au sein des agents déjà intégrés dans les sites de e-commerce.
Le revenu net, c'est-à-dire les ventes minorées des reversements aux partenaires (ou contributions ex-TAC, l'indicateur privilégié par l'industrie), a atteint 288 millions de dollars sur la période, en hausse de 8% par rapport à l'an dernier. La croissance a été tirée par le secteur du "retail media", qui consiste à afficher des liens sponsorisés directement au sein des pages des distributeurs en ligne, dont le revenu net est en progression de 11% au troisième trimestre à taux de change constants, à 66,3 millions d'euros. Les revenus du quatrième trimestre devraient cependant être affectés par la perte d'importants contrats publicitaires dans le commerce en ligne et la livraison de repas aux États-Unis, comme Criteo l'avait annoncé en mai dernier.