Le directeur général Michael Komasinski inaugure le nouveau départ de Criteo
IA générative dans le shopping, régulation européenne et futur du retail media…. À l'occasion des Cannes Lions 2025, le directeur général de Criteo, nommé en février, livre sa première interview à la presse française.
CB News : En amont des Cannes Lions, Criteo a lancé une nouvelle campagne de marque “Pour l’amour du commerce”. Pourquoi ce changement maintenant ?
Michael Komasinski : Notre ancien slogan “The Future is Wide Open” faisait référence à l'attention portée à l’open internet. Depuis les produits Criteo se sont développés bien au-delà avec du social media, des performances sur CTV ou encore le Retail Media. Ce slogan ne nous décrit plus vraiment. Le mot commerce est beaucoup plus large. Il signale un nouveau départ pour l'entreprise. Il est encore tôt, mais je pense que les clients et les partenaires que je rencontre ici à Cannes reconnaissent notre ambition.
CB News : Criteo veut améliorer ses offres en intelligence artificielle (IA). Pouvez-vous nous en dire plus ?
Michael Komasinski : Je pense que Criteo possède certaines des capacités d'IA les plus poussées au monde et qu'elles sont sous-appréciées. Nous avons l’un des plus grands volumes de données. Et la donnée est vraiment le moteur de la puissance de l'IA. Notre catalogue compte 4,5 milliards de références produits et environ 720 millions d’utilisateurs actifs quotidiens. Une grande partie de notre développement en matière d'IA au cours des deux dernières années a porté sur l'adressabilité, un ciblage solide et des solutions d'identité. Maintenant que ce pan est stabilisé, il faut aller plus loin, comme par exemple sur la manière dont les clients découvrent les produits à un stade précoce. Selon moi, le véritable avenir est la façon dont nous jouons dans le domaine du shopping agentique.
CB News : Quel peut être le format de cette offre ?
Michael Komasinski : Le format publicitaire exact n'a pas encore été déterminé. J'imagine que nous pourrions être la structure de données qui permet à nos membres de faire apparaître des recommandations d'achat premium à la suite d'un dialogue avec l'acheteur. La raison est que depuis 20 ans, nous disposons d'un panel d'utilisateurs qui nous aide à comprendre leurs préférences en matière de produits. La plupart des détaillants et des marques de grande consommation souhaiteraient disposer d'un espace d'achat agentique pour eux, et nous pouvons les aider à y parvenir.
CB News : Côté création, certaines personnes mettent déjà en garde contre une créativité lissée par l’IA. Qu'en pensez-vous ?
Michael Komasinski : Je ne pense pas que cela se produira, il y a une supervision humaine qui maintient l'authenticité de la créativité. Un critère qui est essentiel pour une bonne publicité. L’IA aide à développer la créativité et non à la styliser ou à la banaliser.
CB News : Faut-il davantage réguler cette technologie ?
Michael Komasinski : Je pense qu'il doit y avoir une certaine réglementation, mais je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'aller plus loin que ce qui existe aujourd'hui dans le domaine de la publicité. J'étendrai à l’IA les principes que nous appliquons aujourd'hui à tout ce qui est contraire à l'éthique ou créé à des fins tendancieuses. Nous n'avons pas besoin d'élaborer de nouveaux concepts ou de nouvelles réglementations, mais d'adapter ce que nous avons à de nouveaux formats.
CB News : L’Europe est-elle trop stricte ou trop souple dans sa réglementation de l’IA ?
Michael Komasinski : L'Europe doit faire en sorte de maintenir un état d'esprit axé sur l'innovation. Une réglementation intelligente est une bonne chose. Elle donne aux entreprises des normes sur lesquelles elles peuvent s'appuyer pour se développer. Mais, je pense qu'il est important que l'application d'une réglementation ne se chevauche pas entre l'UE et le marché mondial.
CB News : Les prévisions de croissance annuelle ont été revues à la baisse, après la perte de deux contrats publicitaires aux Etats-Unis (Uber eats et un client retail media). Comment appréhendez-vous 2025?
Michael Komasinski : Nous n'avons pas perdu ces clients, nous travaillons toujours avec Uber sur tous les marchés en dehors des États-Unis. Le client en Retail Media est toujours l'un de nos plus gros clients dans le secteur, et il en sera ainsi pendant de nombreuses années. Il est plus juste de dire que nous ne sommes plus sur le périmètre d'Uber Eats aux Etats-Unis et que notre client en Retail Media a eu un périmètre de production qui s’est réduit plus tôt que prévu.
CB News : Vous êtes directeur général de Criteo depuis février 2025. Quelle est votre feuille de route ?
Michael Komasinski : J’entends développer la stratégie de commerce media de Criteo. Cela signifie qu'il faut voir plus grand et aller plus vite dans notre façon d'opérer, d'innover et de livrer nos clients. Mais aussi d’étendre nos produits avec nos partenaires. Nous développons des partenariats en social media ou d'autres canaux performants comme en CTV. Nous allons continuer à approfondir le Retail Media pour permettre à ce marché d'atteindre un niveau supérieur, notamment grâce à une plus grande efficacité, à un processus d'achat cross media, à une plus grande stabilisation des mesures et à la capacité d'apporter plus de demande aux détaillants que nous représentons.
CB News : Qu'attendez-vous des Lions de Cannes ?
Michael Komasinski : Cannes Lions est un événement qui concentre notre activité sur les rencontres professionnelles, les annonces et les partenariats. Ce sont deux jours intenses. Nous concentrons presque trois mois d'activité en trois jours. Je me sens chanceux d'être ici et de participer à cela.