Ernest, un pure player de la littérature

Notre confrère David Medioni, passé par la maison CB News, s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale avec la volonté d'installer un véritable pure player de la littérature : Ernest. Il nous explique sa démarche et ses ambitions. A lire.

CB News : En juin dernier, vous lanciez Ernest, une nouvelle plateforme en ligne dédiée à la littérature. Un secteur très encombré sur le web et ailleurs. Pourquoi ?

David Medioni : Ernest a pour vocation d’être un média accessible, c’est-à-dire qu’il ne pratique pas une approche élitiste - trop souvent pratiquée dans la presse classique - de la littérature. Sur Ernest, ce qui est sacré ce n’est pas le livre en lui-même, c’est le plaisir qu’il donne aux gens. Au fond, Ernest est un nouvel ami qui va vous parler simplement de littérature. Sans chichis. Il est fait par des journalistes et des libraires. Je suis moi-même journaliste et j’ai été libraire en parallèle pendant 10 ans. Cette approche, je la connais. Ainsi, plus quune « plateforme », Ernest est un média. Un média fait par des journalistes (Alain Louyot, Thomas Hervé, Didier Porte, Laurent-David Samama, moi-même et dautres). Cette approche journalistique de la littérature n’existe pas réellement en ligne. Il y a des blogs et les sites internet des journaux classiques. Il n’existait pas de pure players de la littérature. Surtout qu’Ernest a une autre originalité : celle de mêler l’approche journalistique et le regard des libraires. Ainsi, sur le site, il y a non seulement des articles, des interviews d’auteurs et de personnalités sur leur rapport aux livres, mais aussi une émission de radio « La Ripaille Littéraire » avec des libraires qui viennent tous les 15 jours défendre leurs coups de cœur. L’alliance des journalistes qui « font savoir » qui « font découvrir » et qui anglent les choix et des libraires qui parlent avec passion des livres et des auteurs.

CB News : Quelle est la ligne éditoriale ? Exhaustive, résolument subjective ?

David Medioni : Notre volonté : montrer que parler de livres, ce n’est pas ennuyeux. Ernest, qui a pour slogan « Lire est une fête », est découpé en cinq temps de lecture : d’abord, l’apéro qui est la partie gratuite du site où vous trouvez des conseils de lecture, un édito, un agenda des évènements en librairies et les coups de cœur des lecteurs. Ensuite, dans la partie abonnés, il y a quatre temps de lecture. Toujours comme dans une fête. Invite, c’est le lieu de nos chroniqueurs Thomas Hervé, Didier Porte, Sonia Petit (libraire qui raconte les coulisses de son métier), Alexandre Bord qui chaque semaine lit une poésie contemporaine ou classique pour dépoussiérer le genre, Robin Walter auteur de BD qui crée pour Ernest une BD originale et d’autres à venir. Discute, c’est la partie de nos grands entretiens. Avec nos coups de cœur, mais aussi avec des personnalités qui n’ont rien à voir avec les livres (comme Claude Onesta, par exemple). Ensuite, dans la partie « Ripaille », vous trouvez notre émission de radio ‘La Ripaille Littéraire et nos enquêtes journalistiques. Enfin, dans la partie « Danse », il y a le cahiers critiques d’Ernest. Avec des critiques sous forme d’affichettes. Comme à la librairie. Aussi, si la ligne éditoriale n’est pas exhaustive en ce sens que nous ne parlons pas de tout ce qui sort, nous sommes le seul média littéraire où l’on parle de poésie, de littérature, de polars, de littérature érotique, de science-fiction ou de BD. Nous décloisonnons les genres. Fini la littérature blanche d’un côté. La seule qui serait respectable. Et les autres dans un coin.

CB News : Qui vous accompagne dans ce projet, pour quel modèle économique (abonnement, publicité, partenariats…) ?

David Medioni : Nous sommes 5 associés : moi-même qui suis majoritaire. Michaël Erbibou, banquier d’affaires, Olivier Hus, spécialiste du marketing digital, Jean-Edgar Casel, libraire (co-fondateur de La Griffe Noire) et Priscillia Ganga comédienne, spécialiste de la communication. Environ 10 personnes collaborent aujourd’hui à Ernest. Soit comme pigistes, soit comme spécialistes de l’internet, soit comme partenaires. Le modèle économique de la société repose sur trois piliers. D’abord, le site internet d’informations. Nous avons choisi l’abonnement car nous pensons qu’il est le seul modèle pérenne pour un site d’informations en ligne. Les exemples de Mediapart et Arrêt sur images comparés à celui de Rue89 qui malgré une qualité certaine n’est pas parvenu en gratuit à devenir rentable, en attestent. Ensuite, la box littéraire. Le concept étant que chaque trimestre vous recevez chez vous deux livres surprises. Soit en littérature, soit en polars. Il y a aussi une offre pour les enfants que l’on peut configurer en fonction de leurs âges et qui contient, elle, trois livres. Tous les partenariats et publicités sont ici possibles. Enfin, le troisième pilier est le club Ernest qui verra le jour en janvier 2018. Ce sera un club dans lequel il y aura des masterclasses d’écriture très pointues faites par des auteurs chevronnés. Mais aussi des soirées exclusives autour de la littérature.

CB News : Quelques chiffres depuis le lancement : visites, nombre d’abonnés ?

David Medioni : Le lancement s’est particulièrement bien passé. En deux mois, Ernest compte déjà 227 abonnés au site internet et 26 abonnés à la box. Nous sommes ravis d’être parfaitement dans les clous de notre plan de marche. Par ailleurs, il y a eu 27 000 visiteurs uniques sur le site pour 60 000 pages vues.

CB News : Combien de temps vous donnez-vous pour qu’Ernest devienne incontournable dans le paysage littéraire ?

David Medioni : Nous avons fixé un plan d’affaires sur trois ans. Notre objectif est d’atteindre les 3 000 abonnés au site à l’horizon 2020. Auxquels s’ajouteront les clients Box et club. Voilà pour l’économique. Ensuite, devenir incontournable dans le paysage littéraire, cest assez subjectif. Les auteurs, les libraires et les éditeurs sont aujourdhui très heureux de voir émerger ce nouveau média. Il nous faut maintenant le faire connaître au grand public. Avec force.

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