Mark Zuckerberg pour un cadre réglementaire clair venant des pays occidentaux

Mark Zuckerberg

Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, a appelé lundi l'UE à montrer la voie dans la régulation des nouvelles technologies et ne pas laisser des pays comme la Chine établir les standards pour le monde entier. "En ce moment, beaucoup d'autres pays regardent la Chine et se disent : ce modèle semble pouvoir fonctionner, il donne peut-être plus de contrôle à notre gouvernement...", a averti M. Zuckerberg, lors d'un entretien avec le Commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, diffusé sur internet dans le cadre d'un débat organisé par le Centre sur la régulation en Europe (CERRE). "C'est vraiment dangereux et je m'inquiète de voir ce modèle se répandre dans les autres pays", a-t-il prévenu. "Je pense que le meilleur antidote serait d'avoir un cadre réglementaire clair qui proviendrait des pays démocratiques occidentaux et qui deviendrait le standard dans le monde entier", a-t-il ajouté. Et d'ajouter que quand l'Europe mettait en place des règles, ces dernières "devenaient souvent des standards partout dans le monde". Le patron américain a cité comme exemple le Règlement général sur la protection des données (RGPD), établi par l'UE le 25 mai 2018, et qui depuis a été reconnu comme un modèle dans de nombreux pays. Le RGDP prévoit des droits renforcés pour les internautes et impose à toute entreprise, sur internet ou non, de demander un "consentement explicite et positif" pour utiliser des données personnelles collectées ou traitées dans l'UE.

"... Ne pas jouer le rôle d'un acteur ultra-dominant"...

 De son côté, M. Breton a rappelé à M. Zuckerberg l'importance des valeurs régissant le continent européen. "Si vous comprenez les valeurs sur lesquelles sont construites ce continent, alors vous comprenez comment il faut se comporter", a souligné le Français, qui a enseigné aux Etats-Unis ces dernières années. L'ancien ministre français de l'Économie et ex-patron du groupe français Atos a ainsi rappelé à M. Zuckerberg l'importance de payer des impôts. "J'ai été patron moi-même, il faut payer des impôts là où l'on doit en payer et ne pas aller dans des paradis fiscaux", a-t-il dit. M. Breton a également insisté sur l'importance d'une concurrence juste et équitable sur le marché intérieur européen. "Il faut faire attention (...) Ne pas jouer le rôle d'un acteur ultra-dominant" qui ne laisserait pas de place aux petites compagnies, a-t-il déclaré. Et de conclure : "Faites attention à la démocratie, anticipez, faites attention à la désinformation".

La Commission européenne compte présenter à la fin de l'année un grand texte législatif sur les services numériques, destiné à limiter les pouvoirs des grandes entreprises technologiques américaines. Ce texte devrait couvrir tous les grands aspects relatifs à ce secteur : non seulement la répression contre les discours haineux sur internet, mais aussi la prévention des abus de position dominante des grandes entreprises. Les groupes de la Silicon Valley font actuellement un intense lobbying auprès de Bruxelles pour tenter de limiter cette législation en préparation. Lundi, M. Zuckerberg a plaidé devant M. Breton pour une approche "nuancée" de cette future réglementation.

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