Orange veut irriguer les territoires ruraux avec la fibre

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Orange a officialisé vendredi la création d'une filiale détenue pour moitié par des investisseurs institutionnels français et destinée à rassembler les concessions attribuées par les collectivités locales pour connecter les foyers ruraux en fibre optique. Présentée en janvier, la société Orange Concessions réunit 24 Réseaux d'initiative publique (RIP) représentant plus de 4,5 millions de prises fibre (dont 40% déjà construites), « ce qui la positionne comme le premier opérateur d'infrastructures dans les territoires ruraux français », affirme le groupe dans un communiqué. Valorisée à hauteur de 2,7 milliards d'euros, elle est détenue à 50% par Orange et pour l'autre moitié par la Banque des territoires (Caisse des dépôts), CNP Assurances et EDF Invest. « Il a fallu convaincre les collectivités » de modifier leurs contrats, a assuré le dirigeant de la société, Jean-Germain Breton, lors d'une conférence de presse. Mais pour elles (en majorité des départements), « rien ne change » et les engagements restent exactement les mêmes, a-t-il assuré.

Orange Concessions, comme ses concurrents Axione, Altitude, TDF ou SFR, conçoit, construit et commercialise un réseau en fibre optique auprès d'opérateurs d'entreprises et grand public. Dans les zones rurales, les RIP mis en place durant le quinquennat de François Hollande, via le plan France Très Haut Débit, organisent un cofinancement public-privé destiné à accélérer la couverture de l'ensemble du territoire. L'engouement du public pour la fibre, encore accéléré par la pandémie de Covid-19, les confinements et le télétravail, a convaincu les investisseurs de la rentabilité à long terme de ces réseaux. « Les conditions financières de ce projet montrent la valeur des actifs d’Orange », a déclaré le PDG de l'opérateur, Stéphane Richard, lors de la conférence de presse. Le groupe, qui a également lancé cette semaine Totem, sa filiale d'infrastructures de réseau mobile, voit dans ces opérations un message positif aux investisseurs alors que son titre, comme celui de nombreux autres opérateurs européens, est malmené en Bourse.

« C'est un jeu de massacre auquel on assiste », a regretté Stéphane Richard. En France, Altice (SFR) et Iliad (Free) se sont retirés de la Bourse cette année. Orange Concessions détient « un peu moins d'un tiers » des RIP et seules quelques extensions (200.000 à 300.000 prises) doivent encore faire l’objet d'appels d’offres. L'opérateur prévoit de multiplier par deux d'ici 3 ans le nombre de prises raccordables qu'il propose à ses clients, par exemple grâce à des opérations de croissance externe. Le rapprochement avec TDF, qui dispose de réseaux mobiles et fibrés (dont des RIP), fait partie des hypothèses les plus souvent citées. « Orange a pris tardivement le virage des RIP. La situation impose de gagner les derniers et de participer à la consolidation sur le territoire national », a expliqué Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC d'Orange à l’AFP. Selon lui, la cession de 50% d'Orange Concessions ne sert qu'à alléger momentanément les dépenses d'investissement dans le bilan présenté aux actionnaires, et apporte surtout de la complexité au sein du groupe. Orange dispose d'ailleurs d'une option pour redevenir majoritaire et consolider sa filiale dans 5 ans, affirme le syndicat dans un communiqué.

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