Triller : l’application qui veut concurrencer TikTok

Triller

Les associés Claude Crevelle (DG) et Mike Lu (CEO)

TikTok n’est pas la seule application à surfer sur la création et la diffusion de vidéos clips de format court. CB News a rencontré Claude Crevelle, co-fondateur et directeur général de Triller, l’application aux 50 millions utilisateurs lancée en novembre 2017. « La France est notre 2ème marché », précise tout de suite l’entrepreneur, citant des pics à 500 000 utilisateurs par jour dans l’Hexagone. S’il accepte la comparaison avec TikTok (ex Musical.ly), Claude Crevelle tient à pointer les points de divergence, notamment en termes de droits d’auteur. « Nous sommes les seuls à avoir signé des accords avec l’ensemble des majors de l’industrie musicale ». Avec Universal, Warner, Sony ou Spotify, il évoque des « deals confidentiels », qui lui offrent la possibilité d’héberger deux millions de titres : « dans l’appli concurrente, vous trouverez davantage de remix, de cover. Nous, nous avons les titres originaux ». Triller cible les 16-27 ans, « les majeurs, contrairement à TikTok qui a un public beaucoup plus jeune. C’est mieux pour les annonceurs », déclare Claude Crevelle. Son application est orientée musique urbaine, plutôt US – son siège social est situé à San Francisco – et compte de nombreuses personnalités qui sont actives sur l’application à l’image de DJ Khaled, Kevin Hart, Chance The Rapper, 10k Cash, Blueface ou encore Eminem, mais également les stars des réseaux sociaux Léa Elui, Kristen Hancher ou Kelvin Peña.

Une levée de fonds à venir

Triller permet la réalisation et la publication de vidéos « au rendu professionnel », avec un morceau de musique couplé à des prises vidéos. « L’intelligence artificielle cale le rythme de la musique sur les mouvements du corps », indique Claude Crevelle. En clair, elle offre la possibilité aux jeunes de filmer leurs chorégraphies sur fond musical, et les partager. L’application était à l’origine un concentré de technologie créé en 2015 par deux cousins à New-York, ressemblant davantage à un simple outil de montage qu’à un réseau social. L’américain Mike Lu, aujourd’hui CEO de Triller, les repère et appelle son copain parisien Claude pour racheter la technologie et en faire « la start-up qu’on a toujours voulu monter tous les deux ». Après un appel, Claude Crevelle télécharge l’application et est emballé par le projet. Avec trois autres amis outre-Atlantique, ils lancent Triller et réalisent leur première levée de fonds post-acquisition en février 2018 : 5 millions de dollars. Une levée de fonds avait déjà été organisée en mai 2016 pour un montant de 4,5 millions. Un nouveau tour de table est en cours et sera annoncé à la rentrée, afin d’accélérer « le développement des services et fonctionnalités pour transformer l’expérience musicale de demain ».

Entre Paris et San Francisco

Le modèle économique de Triller repose sur une forte relation avec les annonceurs. Les utilisateurs, s’ils atteignent un certain nombre d’abonnés, deviennent créateurs et sont encouragés à faire sponsoriser leur contenu, notamment avec du placement de produit. Ils gagnent de l’argent, sur lequel Triller prélève une commission : « 20% sur l’ensemble des transactions échangées dans la plateforme, entre les influenceurs et les marques ». Une monétisation lancée il y a seulement 8 mois. L’application est à la fois productrice, diffuseur et régie : elle organise des campagnes avec les marques, en s’appuyant sur des « challenges » portés par un hashtag viral, et met en avant les influenceurs qu’elle estime être les mieux placés pour vendre tel ou tel produit. Parmi les premiers annonceurs, H&M, L’Oréal ou Coca-Cola. C’est d’ailleurs dans les bureaux parisiens qu’une dizaine de salariés manage les relations avec les marques et les labels pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique. A San Francisco et Los Angeles, 35 personnes s’occupent notamment de la création de contenu, mais aussi des relations avec les marques pour le continent américain. San Francisco héberge également des équipes tech, en soutien à celles installées à Faro au Portugal, qui gèrent la maintenance des serveurs.

10 millions de CA l’année prochaine

Les objectifs : « nous voulons atteindre 10 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2020 », annonce l’entrepreneur de 37 ans, « très optimiste ». Triller veut aussi tripler le nombre de ses utilisateurs actifs par mois pour atteindre les 50 millions. L’expansion sera prioritaire en Amérique latine, Asie du Sud-Est et Inde. L’Afrique est également dans le viseur, indirectement ciblée dans les pays francophones, qui bénéficient déjà de la plateforme française. La start-up veut aussi renforcer sa tech. Triller est discrète, car elle mise sur une acquisition organique de ses utilisateurs, en priorisant les opérations RP avec les influenceurs. Influenceurs qui sont la force de l’application, et la font vivre.

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