L’UE s’interroge tout haut sur les conséquences des licenciements chez Twitter

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Le commissaire européen à la Justice a fait part jeudi à Dublin de son inquiétude à propos des licenciements chez Twitter depuis son rachat par Elon Musk, après des informations de presse sur une fermeture du bureau du groupe à Bruxelles.

Nous "sommes préoccupés par la décision de faire travailler de moins en moins de personnes dans l'entreprise", a déclaré le commissaire européen à la Justice, Didier Reynders, à Dublin, où Twitter et d'autres groupes technologiques américains ont leur siège européen. "Lorsque nous discutons des discours de haine, je suis sûr que nous avons besoin de ressources humaines", a-t-il ajouté après une réunion avec des représentants de Twitter. "Si vous voulez détecter efficacement et prendre des mesures contre la désinformation et la propagande, cela nécessite des ressources. Surtout dans le contexte de la guerre de désinformation", a tweeté la vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova.

Démantèlement du bureau de Bruxelles

Une évaluation de l'UE a montré que le nombre de notifications de discours haineux examinées par les principaux réseaux sociaux en 24 heures est passé de 90% en 2020, à 81% en 2021 et 64% en 2022. Les chiffres montrent que seul YouTube a amélioré son taux de suppression des contenus de haine, tels que définis par un code de conduite de l'UE, alors que les efforts de Twitter et d'autres entreprises technologiques ont diminué. Les inquiétudes concernant Twitter après son rachat par Elon Musk ont grandi jeudi : selon le Financial Times, la société a démantelé son bureau de Bruxelles, après le départ des cadres qui étaient chargés de la conformité avec les règles de l'UE.

"C'est une préoccupation supplémentaire, car pour nous, avoir une équipe dédiée à la relation avec les institutions européennes est très important", a déclaré Didier Reynders en réaction à l'article du Financial Times. Toutefois, le commissaire européen a ajouté qu'il était "optimiste de nature" et qu'il avait reçu des engagements selon lesquels l'équipe de Twitter à Dublin assumerait ce rôle.  Suite à l'acquisition de l'entreprise le mois dernier, Elon Musk a licencié environ la moitié des 7.500 employés de Twitter, y compris de nombreux employés chargés de la lutte contre la désinformation.    Pendant son séjour à Dublin, M. Reynders doit également rencontrer des représentants de Meta, le propriétaire de Facebook, vendredi. Le fondateur de Facebook et dirigeant de Meta Mark Zuckerberg a annoncé le 9 novembre la suppression de 11.000 postes, soit environ 13% de ses effectifs, en raison d'une baisse de la publicité. Les activités européennes de Meta et Twitter sont installées en Irlande, tout comme celles de Google, Apple et Microsoft, ce qui fait de l'agence irlandaise de protection des données le principal régulateur chargé de leur demander des comptes en Europe.

retour des comptes suspendus

Par ailleurs, une immense majorité des votants à un sondage lancé par Elon Musk s'est dite favorable à un rétablissement des comptes suspendus de la plateforme. 72,4% des quelque 3,16 millions de personnes s'étant exprimées ont répondu "oui" à la question de M. Musk, qui avait demandé si Twitter devrait proposer une "amnistie générale aux comptes suspendus à condition qu'ils n'aient pas enfreint la loi ou envoyé des spams de façon scandaleuse". Dans la foulé, il a annoncé jeudi qu'il allait rétablir dès la semaine prochaine les comptes

suspendus sur la plateforme, "à condition qu'ils n'aient pas enfreint la loi ou envoyé des spams de façon scandaleuse". "Le peuple a parlé", a tweeté Elon Musk. "L'amnistie débute la semaine prochaine", a-t-il ajouté.

Le recours par le dirigeant à des sondages pour définir certaines orientations de Twitter va à l'encontre d'un engagement exprimé peu après le rachat de l'entreprise. Le patron de Tesla avait en effet annoncé la formation imminente d'un "conseil de modération avec des points de vue très divers". "Aucune décision majeure sur les contenus ou le rétablissement de comptes ne sera prise avant la réunion de ce conseil", avait-il tweeté. Mais l'homme le plus riche de la planète est revenu sur cette promesse en accusant des "militants sociaux et politiques" de chercher à "tuer Twitter en asséchant nos recettes publicitaires", qui représentent 90% des revenus de l'entreprise. Cette stratégie équivaut, selon le tempétueux entrepreneur, à une rupture de l'accord visant à établir un conseil de sages. Plusieurs grandes marques, dont Volkswagen, General Motors et General Mills, ont annoncé suspendre leurs dépenses publicitaires sur Twitter depuis son acquisition par M. Musk.

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