WeChat : grand maitre chez lui, pas ailleurs…

Omniprésente en Chine, la messagerie mobile WeChat a franchi la barre d'un milliard de comptes : signe de la popularité de cette application multifonctions associant réseau social, jeux, vente en ligne et paiement électronique, mais qui peine toujours à s'étendre à l'étranger. Ainsi, permet-elle via un code-barre sur son portable, de régler d'un clic ses emplettes en magasin ou sa note au restaurant, permettant presque de vivre sans argent liquide dans ses poches. "WeChat a dépassé la barre du milliard d'utilisateurs actifs mensuels dans le monde !", s'est enthousiasmé devant la presse Pony Ma, patron du géant chinois de l'internet Tencent, l'opérateur de la messagerie. Certes, l'emblématique multimilliardaire s'était emballé : contacté par l'AFP, Tencent a précisé mardi qu'il parlait en fait de "comptes d'usagers mensuels actifs", chaque internaute pouvant ouvrir plusieurs comptes. WeChat revendiquait 980 millions de comptes actifs fin septembre, en hausse d'environ 16% sur un an. Pour comparaison, l'application Messenger de Facebook compte 1,3 milliard d'usagers mensuels actifs. L'essentiel des utilisateurs de l'application, "Weixin" en mandarin, se trouvent toujours en Chine continentale : marché immense où 753 millions d'habitants se connectent au web via leur portable. La moitié des usagers passent plus de 90 minutes par jour sur WeChat, qui ne cesse d'étoffer ses fonctionnalités. "En Chine, les relations sociales (guanxi) sont cruciales ; WeChat joue les intermédiaires, facilite le contact", affirme à l'AFP He Xi, expert des nouvelles technologies et entrepreneur en blockchain. Et WeChat n'a guère de rival en Chine, si ce n'est dans le segment du paiement électronique, que lui dispute férocement Alipay, système concurrent du géant de l'e-commerce Alibaba. Facebook ne lui fait pas non plus d'ombre : le réseau californien est bloqué par les autorités chinoises. Alors, certes, WeChat compte un nombre grandissant d'usagers à l'étranger : expatriés chinois, mais aussi personnes voulant communiquer aisément avec la Chine, ou entreprises désirant promouvoir leurs produits aux consommateurs chinois. Et les Galeries Lafayette ont été parmi les premiers en France à proposer aux touristes chinois de payer par WeChat. Pour autant, Tencent peine à exporter son succès hors de Chine pour concurrencer Facebook Messenger ou WhatsApp (racheté par Facebook en 2014), les principales messageries instantanées dans le monde. « WeChat a lancé sa version internationale en 2013, c'était trop tard. Chaque pays était déjà dominé par d'autres", souvent Facebook et WhatsApp, mais aussi Line au Japon ou KaKao Talk en Corée du Sud, explique Matthew Brennan, expert du web local et fondateur du cabinet ChinaChannel. Autre écueil : WeChat reste étroitement censuré en Chine par le régime communiste, tandis que son traitement des données personnelles suscite de vives controverses, de quoi compliquer encore davantage son internationalisation.

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