Juste retour des choses

Photo édito

C’était au siècle dernier, assez longtemps avant qu’il ne se termine. Je me trouvais au sous-sol du journal Le Monde qui à l’époque était encore dans son immeuble de la rue des Italiens. Si j’étais là, dans cette cave au plafond bas (me semble-t-il, c’est loin tout cela), c’est parce que les dirigeants du journal avaient décidé d’offrir l’une des rotatives à Gazeta Wyborcza, un quotidien polonais fondé en 1989 par Adam Michnik. Le monde (sans majuscule) était en train de changer et Le Monde (avec) avait décidé d’aider l’un d’aider l’un des hérauts de la nouvelle liberté à faire son travail. Il y eut des discours, certainement émouvants, des remerciements tout autant. Et Le Monde et le monde ont continué à tourner. Si je vous raconte cette histoire d’un autre temps c'est parce que ces souvenirs sont remontés cette semaine avec la partie de ping-pong médiatique entre Niel et Pigasse autour du capital du Monde. Trente ans plus tard, il y a comme un retournement de situation avec la perspective de voir Daniel Kretinsky prendre le contrôle du Monde un jour ou l’autre. Il est tchèque, il est très riche et il rachète toutes sortes de choses parmi lesquelles des journaux. Lui qui a connu l’avant 1989 de l’autre côté du mur ne veut que le bien de notre presse. Il l’a dit publiquement. Je le sais, j’étais là. Aux Rencontres de l’Udecam. Les mains dans les poches, le sourire prudent et le français nettement meilleur qu’il ne le prétend, il a expliqué combien il l’aimait ce papier qu’on imprime et qui signifie liberté. Un juste retour des choses en quelque sorte. Il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter. Non ?

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