La vie sans buts

Il y a une chose que je n’ai pas prise dans l’héritage – spirituel — de Christian Blachas, c’est l’amour du foot. Désolé. Je sais qu’en ces temps de ferveur c’est difficile à dire, mais franchement, le résultat, que dis-je, les résultats de la Coupe du Monde de football me sont totalement indifférents. Ce n’est pas de l’hostilité, non, je m’en fiche, voilà. Et je peux vous assurer que quand vous dites ça au mois de juin 2018, on vous regarde avec un mélange de défiance et de compassion, comme une sorte de réfugié politique d’une démocratie parlementaire scandinave. Incongru. Mais je vous rassure, je vais très bien parce que nous vivons dans un monde formidable. Grâce à la fragmentation des médias, à la VOD, aux podcasts et à toutes ces merveilleuses inventions, je peux consommer mes contenus sans être obligé d’attendre le coup de sifflet final qui vient généralement après d’interminables prolongations. Et si d’aventure quelques-uns de mes amis envahissent mon mur de leurs imprécations incompréhensibles, je peux les faire taire sans qu’ils le sachent pendant un mois d’un seul clic. L’équivalent, dans la vraie vie, du sourire légèrement niais que j’oppose aux commentaires sur les perfs des Bleus. Autiste footballistique.

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