Les Français pensent écologie, mais aussi prix

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L'ObSoCo, l'observatoire de la société et de la consommation, et Citeo, société de recyclage des emballages ménagers et des papiers graphiques, publient un panorama du rapport des Français à la consommation et aux modes de vie responsables. L'occasion de comprendre quels comportements ils ont adopté, ou commencent a adopter, pour réduire leur impact environnemental et exercer un effet social ou sociétal positif. Et de repérer les leviers du changement et les obstacles à l’adoption et à la diffusion de ces mêmes comportements responsables.

Si la crise sanitaire aura bousculé nos habitudes et aura changé le rapport des Français à la consommation, elle aura renforcé les aspirations des consommateurs à (re)donner du sens à l’acte d’achat. Et progressivement à consommer de façon réfléchie et responsable (favorisant les petits commerces, les entreprises locales, etc.). La raison de ce changement soudain d'attitude ? Le rapport l'explique par le fait qu'ils se sentent préoccupés de la situation, au point que 61% la décrivent comme alarmante. Et désirent, contribuer à leur échelle à un monde meilleur (tous secteurs confondus).

attitude

Bon nombre d'entre eux souhaitent également se reconnecter à la nature, ayant pris conscience de l'activité massive et destructrice de l'homme sur l'environnement. Et que les ressources, même mieux exploitées, restent malgré tout limitées. D'ailleurs, 90% de Français s’accordent sur l’idée que « l’interférence de l’action humaine sur la nature produit souvent des conséquences catastrophiques ».

observatoire

Toutefois, s'ils agissent de façon individuelle, ils en appellent aussi aux acteurs du changement ; Etat, entreprises, collectivités locales qui ont les moyens de mobiliser les citoyens et d'agir à plus grande échelle pour soutenir la cause écologique. En effet, 46% des répondants placent les consommateurs en 2ème position dans ce paysage, loin derrière l’Etat (61%), mais devant les grandes entreprises (43%). Enfin, les médias ont eux aussi un rôle à jouer (5%) en faveur d'un "futur raisonné". 

responsabilité

L'enquête indique aussi que la gestion des déchets et du recyclage (grâce à de la pédagogie et de la sensibilisation), occupent une place importante dans les dimensions associées au sujet. Mais le premier critère reste l’ancrage local de la consommation. Porté par la crise sanitaire, le « localisme » semble conjuguer les deux piliers de la consommation responsable : la réduction de l’impact environnemental couplée à une recherche d’impacts sociaux et sociétaux positifs. En bref, l'envie de soutenir celles et ceux qui donnent vie à la région, la commune ou le quartier, est grandissante. Sans oublier les adeptes des solutions alternatives.Parmi elles, l'achat de produits bio ou équitables,  le « faire soi-même » qui s’est amplifié avec la crise sanitaire ou encore les activités permettant de s'auto-suffire. Enfin, le régime alimentaire dans l'Hexagone semble évoluer dans un sens favorable à l’environnement : moins de viande, plus de fruits et légumes, moins d’eau en bouteille et une démocratisation de l'usage de la gourde. Enfin, on se tourne vers les produits issus du commerce équitable. 

déchets

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local

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bouteille

equitable

bio

faire soi-même

Pour aller plus loin, l'étude s'intéresse également aux divers profils de consommateurs. En effet, selon l'âge, les préoccupations et les modes de vie ne sont pas les mêmes. Alors que les 18-24 ans se situent souvent en pointe par rapport aux autres tranches d’âge, trois groupes, sur les cinq identifiés dans la méthodologie, sont significativement engagés dans la consommation responsable. Et représentent, réunis, 44 % de la population française. 

À noter que parmi eux, se distinguent deux groupes : les « climato-natifs » et les « écolos-responsables ». Les «écolo-responsables» (17% de la population) sont portés sur la dimension sociale et sociétale, en cohérence avec un système de valeurs orienté vers l’altruisme. Et les « climato-natifs » (11 % de la population), plus jeunes, affichent à la fois une conception très radicale de la relation des hommes à la nature et un système de valeurs orienté vers l’épanouissement et la réalisation personnelle. Enfin, les « écolo-hipsters » (16% de la population), souvent CSP+ (moins de 55 ans) et fortement diplômés, combinent une fibre altruiste avec un net penchant pour le consumérisme, qui les conduisent vers un verdissement de leur consommation et de leurs modes de vie, plutôt que vers un engagement responsable. Les sensibilisés inertes (12%), pour leur part, utilisent peu les applications de recommandation produit et n'ont que peu recours aux alternatives précédemment citées, et les optimisateurs (23%) qui ne se reconnaissent dans aucun mouvement politique. Les réfractaires, (21%), eux, sont sceptiques par rapport à la gravité de la situation et attendent la reprise du pouvoir d'achat. 

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(© Unsplash)

Toutefois, si l'intention de "mieux faire" est très présente, il y a quelques limites à mettre en place ces habitudes plus responsables et plus "green". L'étude pointe en effet plusieurs difficultés rencontrées par les consommateurs au quotidien. Au delà de la gestion des déchets, en tête des démarches (jugées faciles pour 83% des répondants), il y a le coût (52% des répondants), l’insuffisance de l’offre (40%) et enfin le manque d’information (38%) pour se procurer des produits responsables. Autant de leviers qui constituent des marges de progrès pour les entreprises, fortement attendues sur le terrain de l’innovation et de la pédagogie dans le futur. 

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De même, si les consommateurs se sentent de mieux en mieux informés et que les marques vont vers la transparence, ces derniers sont encore très méfiants quant à leurs discours à propos de la durabilité. Y compris envers les entreprises, susceptibles de faire du "greenwashing".

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En conclusion, un changement culturel est en cours et il y a de plus en plus de prise de conscience quant aux efforts à faire en matière de consommation, de gaspillage et de protection de l'environnement. Mais, il reste beaucoup à faire pour aider les citoyennes et les citoyens à passer à l'acte. Consommer mieux ne doit pas être une tendance à suivre de façon temporaire pour se donner bonne conscience et doit au contraire, devenir une habitude durable, à prendre et à respecter chaque jour pour faire bouger les lignes. 

Méthodologie : données de l’Observatoire de la consommation responsable sont issues d’une enquête en ligne conduite du 26 août au 22 septembre 2020 auprès d’un échantillon de 3 851 personnes représentatif de la population de France métropolitaine âgée de 18 à 75 ans.

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