37% des rédactions ont une stratégie en matière d’IA

Google LSE Journalism AI

Google France présentait lundi matin le rapport « Journalism AI », fruit d'une collaboration entre la Google News Initiative et Polis​, le think tank sur le journalisme de la London School of Economics (LSE). L’objectif : « promouvoir la maîtrise de l'Intelligence Artificielle en salle de rédaction par le biais de la recherche et de la formation au niveau mondial ». Charlie Beckett, directeur du Polis et professeur à la LSE en charge du rapport, a indiqué qu’il s’était basé sur une enquête dans 71 rédactions - dont l'AFP, Le Monde ou France Info TV, dans 32 pays. A travers un sondage ou des ateliers, environ 2 000 journalistes travaillant avec de l'IA ont répondu à des questions sur leur compréhension de l'intelligence artificielle, son utilisation dans les salles de rédaction et leur point de vue sur son potentiel et ses défis pour le secteur de l'information.

« Une phase critique ces trois prochaines années »

Selon Charlie Beckett, « l'intelligence artificielle contribue à transformer de nombreux secteurs et le journalisme ne fait pas exception. Les rédactions utilisent déjà l'IA pour classer et trouver des vidéos et des images, retranscrire des interviews dans plusieurs langues et bien plus encore. Mais l'industrie des médias n’a pas encore mesuré tout l'impact que l'IA peut avoir sur le secteur ». Pour le chercheur, le journalisme n’en est qu’à ses premiers pas en la matière, comparant le bouleversement que l’IA apporte à l’arrivée des réseaux sociaux dans les rédactions. « Ce n’est pas comme l’arrivée d’Internet, c’est plus complexe », a-t-il expliqué. « Une phase critique ces trois prochaines années » s’ouvre pour les journalistes.

« Les résultats montrent clairement que le monde des médias doit porter une attention particulière à l'intelligence artificielle, qui peut potentiellement avoir une influence considérable sur la manière dont le journalisme est conçu par les professionnels et consommé par les lecteurs ». Les rédactions adoptent des technologies basées sur l’IA pour rendre le travail des journalistes plus efficaces (68%), pour délivrer un contenu plus pertinent pour les utilisateurs (45%) et pour améliorer l’efficacité business (20%). Mais aujourd’hui, seules 37% des rédactions ont une véritable stratégie en matière d’IA. Pour celles qui ont pris le taureau par les cornes, 44% ont déjà observé un impact sur l’organisation interne, 22% l’attendent dans les 3 à 5 ans, 19% l’année prochaine et 15% dans les deux ans.

Des journalistes optimistes

« D'un côté, les technologies de l'IA promettent aux journalistes de pouvoir consacrer plus de temps à travailler sur les aspects plus créatifs de leur métier, laissant ainsi aux machines le soin d'effectuer des tâches plus fastidieuses et répétitives.  D'autre part, via la personnalisation et les recommandations intelligentes, l'IA peut aider les lecteurs à y voir plus clair dans toute la masse des informations auxquelles ils font face, en les connectant à un contenu crédible, utile, intéressant et pertinent au regarde de leurs centres d’intérêts », indique Charlie Beckett.

Les journalistes sont optimistes quant à l’impact positif que l’intelligence artificielle peut avoir sur le métier, à condition que les journalistes conservent leurs valeurs éthiques et éditoriales et s’adaptent aux nouveaux défis, tels que les biais algorithmiques et la montée des « deepfakes », où l’IA est utilisée pour créer de fausses images ou vidéos et les faire passer pour vrai : 60% des répondants sont concernés par l’impact que l’IA peut avoir sur leur travail. Les rédactions attendent de l’IA une meilleure personnalisation de la distribution du contenu, une production automatisée du contenu plus efficace, un meilleur pricing pour la publicité et les abonnements ou davantage de data dans leurs récits.

Pour consulter le rapport dans son intégralité, c'est par ici.

À lire aussi

Filtrer par