64% des moins de 12 ans sur les réseaux sociaux selon #BornSocial 

Born Social

L'agence heaven présentait jeudi 30 septembre, les résultats de la 6ème édition de son exploration « #BornSocial ». Une étude réalisée en partenariat avec l'association Génération Numérique (prévention du risque digital en France) permettant de comprendre les usages des moins de 13 ans sur les réseaux sociaux. Une population difficile à étudier, puisqu'encore considérée comme invisible par les plateformes sur lesquels ils s'inscrivent.

Nos aînés avaient des billes. En 2021, nos enfants ont une tablette ou un smartphone glissé dans le cartable. Tel est le constat de la 6ème édition de « #BornSocial ». Une étude proposée l'agence heaven, qui indiquait déjà en 2020, que sur 200 jeunes français interrogés, 87% d'entre eux utilisent déjà un smartphone à 12 ans. À l'heure actuelle, ils seraient 78% à en utiliser un (neuf ou reconditionné). Avec un usage plus généralisé chez les filles. 64% des enfants s'en servent d'ailleurs pour accéder à internet, contre 26% via un ordinateur ou une tablette (7%). 

Les moins de 12 ans passent 2h40 sur les écrans

Le temps de connexion aux écrans est d'ailleurs supérieur aux résultats de l'étude menée l'an dernier : 1h30 en moyenne, contre 2h40 cette année. Une augmentation pouvant s'expliquer entres autres, par la mise en place du confinement en France en raison du virus Covid-19 et de l'école à distance. Toutefois, la vigilance des parents aurait augmenté à cet égard. 57% des parents régulent le temps de leur enfant passé sur une tablette, une Switch, un ordinateur ou un téléphone : soit une proportion identique des parents régulant l'accès aux jeux vidéos et à la télévision.

Néanmoins, l'accès au téléphone des plus jeunes reste moins régulé. "Ils sont de plus en plus jeunes à utiliser un équipement électronique parce qu'il y a une convergence entre la possibilité technique, c'est à dire le prix ou l'accessibilité d'un téléphone, et le fait que les parents aient besoin de les équiper. Cela s'inscrit dans une logique de sécurité et de surveillance, ou de géolocalisation, par exemple. Avec un nouveau point cette année : la séparation des parents qui est un facteur d'équipement de l'enfant ",décrypte Emmanuel Berne, directeur des études chez heaven. Enfin, si les pré-ados sont aussi désireux d'avoir ce genre d'outils " c'est pour socialiser avec des amis et consommer du divertissement ".

regulation

64% d'inscrits sur les réseaux sociaux

Se pourrait-il que votre petit frère ait plus d'abonnés que vous sur les réseaux sociaux ? Et qu'il maîtrise mieux que vous, les paramètres de son profil ? Cette année en tout cas, le taux d'inscription des enfants à ces plateformes est conséquent : 54% pour les 11 ans et 88,8% du côté des jeunes de 14 ans, alors que certains et certaines viennent tout de franchir la grille du collège. 

inscriptions

Problème, ils sont 60% des interrogés à déclarer une fausse identité; les plateformes régulant l'âge au moment de l'inscription. Et à ne pas ajouter de photo de profil. " Les garçons utilisent des pseudonymes. A 64% contre 56% des filles. Et les filles passent leur compte en privé", poursuit Emmanuel Berne, directeur des études chez heaven. Leur objectif une fois inscrit ? Faire évader leur esprit, discuter avec de la famille et des amis, consommer des vidéos, jouer et partager du contenu. De même, suivre des personnalités ou des célébrités inspirantes. Et de façon moindre, s’informer de l’actualité. La différence est cependant marquée entre les centres d'intérêt féminins et masculins. Alors que les collégiennes partagent du contenu, les collégiens semblent plus orientés vers les jeux vidéo (gaming, Twitch, etc.).

temps passé

L'âge légal pas respecté, mais des PARAMÈTRES de sécurité validés

Autre fait notoire : une majorité d’enfants ne se prononce pas sur la perception négative des réseaux sociaux sur son âge. S'ils sont nombreux à savoir configurer un compte seul et interagir avec d'autres utilisateurs, ils ont aussi conscience de l'impact négatif de cette utilisation sur leur quotidien. "Ils savent prendre de la distance et sont conscients de ce que cela peut engendrer. Devenir accro pour 27% d'entre eux, propager des rumeurs, avoir des problèmes psychologiques, etc", poursuit Emmanuel Berne. 

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L'étude indique aussi que 27% de jeunes inscrits ont déjà tenté de supprimer leur compte d'un réseau social, contre 7,5% de pré-ados qui n'y sont pas parvenus. 

affirmations

Une course aux plateformes

La plupart des moins de 13 ans sont principalement connectés sur les nouveaux réseaux sociaux : TikTok, YouTube, Snapchat et Instagram. Et n'utilisent quasiment pas Facebook, considérant que ce réseau social est utilisé par leurs aînés : leurs parents ou leurs grands-parents. Ils apprécient également Pinterest mais délaissent totalement Twitter. YouTube et Snapchat. Quant à Twitch, il se rapproche aujourd’hui des 10%; un niveau jamais observé lors des précédentes éditions de #BornSocial. Yubo en revanche, n'est pas très utilisé. 

Plateformes

Les de Snapchat ? Proposer aux jeunes une multitude d'activités ludiques. Faire des photos, utiliser des filtres, localiser les amis, ou encore avoir la possibilité de choisir d’être visible ou non. Ce qui " décomplexe les enfants", indique Emmanuel Berne. " En quelque sorte, cette plateforme a compris comment attirer l'attention et lance, tous les ans, de nouvelles fonctionnalités pour tous les âges. Il y a aussi Disvover, stories, spotlight. Cela accompagne la croissance des enfants". Et pendant ce temps, Facebook est boudé, voire mal perçu avec une manifestation de craintes en matière de privacy et de harcèlement.

Reste Discord, dont l'usage n'est pour le moment démocratisé que chez les gamers. Problème, si certaines plateformes apparaissent comme plus faciles à utiliser, elles laissent filtrer beaucoup de contenus. Une forte ambivalence prévaut entre la perception d’une plateforme où va s’exprimer l’humour mais aussi, parfois, de la violence ou de l’agressivité. Instagram en revanche, continue de susciter une forte désirabilité chez les jeunes. Ils voient en cette plateforme un vecteur d’émancipation, d’accéder à de nouveaux contenus sur leurs passions, mais aussi la possibilité de communiquer avec des audiences plus larges que sur Snapchat ou TikTok. Mais pour les enfants de 11 ans, l’usage de TikTok, plus ludique que son concurrent, est bien plus fort que celui d’Instagram (26,4% contre 17,7%). Le rattrapage et le dépassement ne s’effectue qu'à partir de 12 ans.

Que font les plateformes ?

Tant de données qui ont poussé ces plateformes à mieux réguler leur activité, en tentant de protéger les jeunes. Bien qu'il soit encore difficile pour elles de savoir qui, parmi ses utilisateurs a vraiment l'âge légal pour se connecter. Ainsi, en matière de "Kids Privacy", les initiatives auront été nombreuses depuis août 2021. 

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(© Unsplash)

Pour YouTube,  la vérification de l'âge en Europe et les contenus uploadés par des moins de 18 ans mis en privés par défaut, ou encore, du côté de Google, le contrôle parental sur "Family Link". Et le déploiement de nouveaux “Digital Wellbeing Tools” pour les assistants virtuels et enceintes connectées (filtrage de contenus non adaptés comme les podcasts ou la musique).

Instagram

tableau

" On note qu'elles font des efforts en matière de transparence, de validation de contrôle parental ou mettant en privé les comptes de moins de 15 ans. Qu'elles ont mis en place la vérification de la carte d'identité ou donné les accès du compte au parent mais toutes les mesures ne sont pas forcément efficaces pour lutter contre l'insécurité ou les dérives. Et puis, est-ce que c'est éthique ? Souhaitable ou pas ?", s'interroge Emmanuel Berne. 

mesures

Quant à la publicité, qui elle aussi tente de trouver sa place sur ces plateformes récemment crées et les tendances ne cessent de changer, elle semble déjà avoir trouvé un canal pour entrer en contact avec les jeunes. A noter que si les enfants de moins de 12 ans suivent déjà des annonceurs comme Nike, Zara ou encore Sephora, à titre d'inspiration, ils ne consomment pas pour autant des contenus publicitaires. Néanmoins, les annonceurs sont bel et bien présents sur les jeux vidéos pour trouver des points d'ancrage et dessiner le futur. C'est le cas de Carrefour sur l'univers de Fortnite, par exemple.

Fortnite

graphique

Méthodologie : Etude menée en partenariat avec l’association Génération Numérique (échantillon avec quotas de 2k répondants de 11 et 12 ans). Données issues d'écoutes (interviews vidéo de jeunes utilisateurs) et contenus publiques. Etude également conçue avec des données du rapport "La parentalité et le numérique, oct 2019, par Médiamétrie et l'Observatoire de la parentalité et de l’éducation Numérique. Et de l'Unaf. 

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