L’ARPP publie son premier observatoire « Handicaps & Diversités »

ARPP

« Après les Jeux Paralympiques, le soufflet est retombé », Cécile Hernandez, championne paralympique de snowboard et créatrice du programme « Handi 1visible ».

70% des Français attendent des marques qu’elles soient inclusives et fassent preuve de diversité dans leur publicité, selon une étude Kantar Insights et The Good Company. C’est le chiffre que cite l’ARRP pour motiver l’intégration de son premier observatoire « Handicaps & Diversités » au sein du 18ème bilan « Publicité et Image et respect de la personne » que l’Autorité de Régulation vient de publier.

Ce bilan ainsi que le nouvel observatoire portent sur une analyse de la production publicitaire entre juillet et octobre 2024, soit 11 315 publicités observées sur les supports suivants : presse nationale et régionale, l’affichage dont le DooH (Digital Out Of Home), la radio et le numérique (web vidéos et réseaux sociaux). L’ARPP souligne que « seuls 5 manquements ont été relevés et tous avaient été traités en 2024 par le Jury de Déontologie Publicitaire dans le cadre des plaintes qui lui sont adressées par toutes personnes physiques ou morales, soit un taux de conformité de 99,96% ». 

En ce qui concerne l’observatoire « Handicaps & Diversités », l’ARPP relève que « sur l’ensemble des publicités analysées, les diversités ne sont pas représentées de manière majoritaire. Et lorsque c’est le cas, elles sont abordées d’abord sous l’angle des origines ethniques, puis celui de l’âge ou encore des nouvelles formes de parentalité. Quant aux handicaps, ceux-ci sont très nettement illustrés par des personnes en fauteuil roulant, tandis que le handicap invisible, qui représente pourtant 80% des handicaps, n’est pas ou peu abordé ». L’observatoire illustre son propos avec de nombreux exemples de campagnes et donne la parole à des experts de la communication inclusive afin que ces témoignages puissent aider et nourrir les réflexions des créatifs.

Par exemple, pour Alexia Coupier, responsable des relations extérieures et des partenariats de la marque de jeans français « 1083 », « il faut que la mode soit accessible à toutes et tous, sans contrainte, sans limite. C’est ça la véritable mode inclusive, le droit de se “saper” comme on en a envie pour tout le monde. Nous utilisons souvent le slogan “Se sentir bien dans son jean”. Et bien ce slogan doit pouvoir s’appliquer à toutes et tous de la même manière. » D’où le développement d’un « jean mobile » avec des personnes en fauteuil afin qu'elles apportent les éléments prioritaires à prendre en compte dans sa création : tissu plus flexible, poches à l’avant en forme de gouttes, épaisseurs de tissu pensées pour éviter les escarres, longueur sur les jambes, etc.

Jean 1083

Dans cet observatoire, Cécile Hernandez, championne paralympique de snowboard et créatrice du programme « Handi 1visible » fait, elle, un constat amer sur l’héritage de Paris 2024 : « Après les Jeux, il n’y a malheureusement pas eu l’effet papillon que j’espérais. J’ai par contre vu le regard des gens changer. Ils ont vu des corps différents, avec des athlètes qui parlent librement de leurs handicaps, réaliser des prouesses sportives, et les Jeux ont sans nul doute permis une évolution des mentalités de la société. (…/…) J’ai été très déçue de ne pas retrouver cette évolution au sein des sociétés, les mêmes qui avaient pourtant promis monts et merveilles aux athlètes paralympiques avant et pendant les Jeux. Mais après les Jeux Paralympiques, force est de constater que le soufflet est retombé. Pourtant il serait très facile, dans une publicité automobile par exemple, de montrer une conductrice avec son compagnon malvoyant à ses côtés, ou encore dans une pub pour un canapé de représenter une personne avec une prothèse, etc. C’est facile, ça ne coûte pas plus cher, ça parle à des millions de consommateurs potentiellement directement concernés, etc. Donc la question que je me pose c’est pourquoi on n’y va pas ? La seule marque qui a su tirer son épingle du jeu, est à mon sens, c’est Ferrero/Kinder, en décidant de sponsoriser l’athlète paralympique Aurélie Aubert après sa médaille d’or en Boccia. Tout le monde en a parlé, et c’est tant mieux. Bravo et merci à eux ! »

Dès 2011, Cécile Hernandez, ambassadrice de l’ARSEP (qui porte désormais le nom de la Fondation France Sclérose en plaques) avait proposé de « se mettre en petite tenue en plein mois de novembre pour montrer qu’un corps handicapé pouvait aussi être un corps entier. »

Cecile Hernandez

Parmi les autres experts et témoins intervenant dans cet observatoire, figurent Caroline Darmon, directrice RSE Publicis France ; Sophie Roosen, directrice marque & impact, Union des marques ; Deza Nguembock, présidente fondatrice de la Ahadi Foundation ; Alicia Birr, fondatrice de Re.wor.l.ding ; Sylvain Nivard, président de l’association Valentin Haüy ; Frédéric Gonant, Chef de projet de l’association En aparté.

Cet Observatoire s’inscrit « dans le prolongement de la politique RSE de l’ARPP et de plusieurs de ses ambitions : être un facilitateur de bonnes pratiques et un “apporteur de solution” pour concilier protection des consommateurs et liberté de création ; et oeuvrer en faveur de la diversité et de l’inclusion ».

Le 18ème bilan « Publicité et Image et respect de la personne » de l’ARPP, enrichi de son 1er observatoire « Handicaps & Diversités » 2024, est consultable ici.

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