Vers une définition de l'Europe numérique

- Comment réguler un monde connaissant une telle accélération spatio-temporelle ? Le digital booste-t-il encore cette accélération ?

- Le numérique bouscule profondément la réflexion sur les normes et leurs modes d’élaboration. Les questions sont multiples. Philosophiquement, quel est le bon équilibre entre la protection individuelle et la liberté laissée à l’innovation ? Politiquement, est-il encore utile de raisonner au niveau national ? Ne faut-il pas d’emblée penser le niveau international ? Géopolitiquement enfin, détenir des « data » est une arme puissante dans tout rapport de forces ; dès lors, comment définit-on nos alliés dans le monde digital ? Pour toutes ces raisons, je pense que le numérique est une motivation nouvelle et fondamentale de faire l’Europe. Les valeurs qui doivent présider à la norme doivent être les valeurs européennes humanistes. La disparition des frontières imposée par le digital nous oblige à agir d’une manière cohérente au niveau européen.

- Vous militez pour un cloud européen : pourriez-vous détailler ?

- Le cloud devrait être une préoccupation centrale des gouvernements, des administrations, des entreprises. La quantité de données à stocker est telle qu’à terme la logique « libre-service » du cloud dominera. Mais l’informatique en nuage est aussi une perte de contrôle. Or, nous sommes en guerre économique. Pour des raisons de sécurité (intelligence économique, protection intellectuelle), il est essentiel que nous ayons une autonomie européenne dans ce domaine.

- Quel avenir pour l'exception culturelle française ?

- J’ai toujours été convaincue que la culture n’était pas une offre économique comme les autres. Elle a ceci de spécifique qu’elle est notre bien commun. La culture est le premier ambassadeur de la France.