Nutriscore : Les consommateurs encore partagés entre les scores A et E

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(© Brooke Lark, Unsplash)

Si les produits A, selon le nutri-score connaissent une dynamique positive en termes de ventes, depuis leur arrivée en rayons en 2018, leur potentiel consommateurs est encore en train de se construire, aussi bien en taille de clientèle qu’en fidélité. Ainsi, deux ans après l’entrée en vigueur du logo dans les grandes surfaces et sur diverses catégories alimentaires sur lequel il est apposé, Nielsen fait le point sur sa popularité auprès des consommateurs et analyse leur comportement d’achat.

155. C’est le nombre de catégories alimentaires sur lequel le logo nutri-score a été apposé. Mais est-il vraiment populaire ? Permet-il aux familles de manger mieux ? De quelle façon impacte t-il les ventes en magasins (toutes surfaces confondues) ? Enfin, qui sont les profils les plus sensibles aux codes couleurs sur les packagings des produits ?

Beaucoup de consommateurs encore tournés vers le E

Selon les résultats du sondage en tout cas et ce, même si les consciences alimentaires évoluent, moins d’un foyer sur 5 achète des produits A et ils sont encore 19% à se tourner vers la lettre la plus basse des scores, le E. En moyenne, sur chaque catégorie alimentaire, 18% des acheteurs ont acheté au moins une fois un produit A. Par conséquent, ce sont les produits scorés C et D qui recueillent le plus de suffrages.  À noter que si cette répartition moyenne des acheteurs a peu changé en deux ans, les 155 catégories alimentaires, elles, présentent des clientèles et des évolutions bien différentes.

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(© marjanblan, Unsplash)

155 catégories avec des acheteurs A

Mais que l’on se rassure, les consommateurs ont des habitudes très variées. En effet, poursuit la méthodologie, 79 des 155 catégories alimentaires analysées n’ont pas d’acheteurs de produits A, en lien direct avec l’offre absente en produits A sur ces catégories, comme par exemple sur le beurre. Parmi les catégories disposant de produits A, 27 d’entre elles (soit 35%) ont déjà plus de la moitié de leur clientèle qui a acheté au moins une fois un produit A.  À l’extrême, certaines catégories font le plein d’acheteurs de produits A, en raison de l’omniprésence de cette offre. Prenant le cas de la farine notamment, 90% des consommateurs ont acheté des produits score A, moins de 10% pour les scores B et C, et moins de 5% pour les produits D (les produits E sont inexistants sur cette catégorie). « Le potentiel de progression reste considérable, mais des catégories où le nutri-score est réellement hétérogène, arrivent également à convaincre leurs consommateurs. Comme par exemple sur les conserves de légumes où le score A séduit 96% des acheteurs de la catégorie quand les produits B sont à 63%, les C à 28% » développe Martin Vallet, expert consommateurs chez Nielsen. « La progression se fera sur le long terme, accompagnée par les efforts des marques en termes d’offre produits. Afin de recruter davantage d’adeptes, la distribution pourra aussi mettre l’accent sur le nutri-score dans ses rayons et ses prospectus comme elle commence à le faire sur ses sites de drive ».

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(©  Jannis Brandt, Unsplash)

Une grande fidélité pour le A

Verdoyant, le logo A rend visiblement les consommateurs confiants dans leurs achats. Aussi, si le potentiel de recrutement est indéniable, il existe aussi une marge de progression au sein des acheteurs actuels. En moyenne, un foyer qui achète des produits A sur une catégorie leur octroie moins d’un quart de ses dépenses et complète ses achats avec des produits équivalents B, C, D voire E.

LES CONSOMMATEURS veulent compléter le PANIER

L’occasion pour Jean-François Orlando, expert études consommateurs, d’insister le fait qu’il faille distinguer des catégories salées et sucrées : « La fidélité des consommateurs aux produits A est plus forte sur le salé que sur le sucré. Quand on achète des produits A sur des catégories salées (légumes en conserves…), les achats de produits D ou E sont limités. Sur le sucré, l’infidélité prime, certainement en raison de la composante plaisir qui garde toute son importance. Ainsi les acheteurs de sucreries (confiserie de poche) typées A vont leur accorder seulement 14% de leurs dépenses totales de confiserie… et acheter avant tout des sucreries typées D ou E qui restent majoritaires en rayon ». Pour aller plus loin, le sondage s’est également intéressé au profils d’acheteurs plus susceptibles de se tourner vers le score A.

Il en ressort que ce sont des profils au niveau de vie aisé, urbain, très francilien et dont la taille du foyer est réduite (foyers d’une personne de tout âge, ou couples de moins de 35 ans sans enfants). Les céréales pour le petit-déjeuner sont un exemple emblématique de la différence de profils selon le score du produit acheté. Les produits A (10% des actes d’achats) ont les faveurs d’acheteurs plus aisés alors que les produits D (33% des actes d’achats) sont majoritairement intéressants pour des familles aux revenus plus modestes.

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(© Clark Young, Unsplash)

Les marques s’adaptent à nos attentes

Aussi les marques le savent : celles-ci ont besoin de rassurer leur clientèle, en quête de transparence. Pour Jean-François Orlando, d’ailleurs « les efforts conjoints des marques et distributeurs vont accélérer la démocratisation des produits typés A et B sur le nutri-score, comme nous le voyons sur le bio. Les initiatives en termes de communication, promotions, mises en avant en rayons via une signalétique spécifique vont aider les consommateurs dans leurs choix et les accompagner dans leur volonté de manger sain ». Ainsi, plus l'étiquetage alimentaire est clair et les informations lisibles, plus il est facile pour les consommateurs de s'y repérer en rayons et de répondre, du côté des géants de l'alimentaire, aux attentes de la clientèle.  Celle-ci étant par ailleurs désireuse de consommer moins de sucres et de produits transformés

Méthodologie : Le profil d’achat selon le nutri-score confirme le lien entre le niveau de vie du foyer, le type de produits achetés, et les habitudes alimentaires des foyers français. La typologie nutrition montrait ainsi que les foyers plus aisés sont davantage des bio / local quand les foyers plus modestes sont plutôt des « vite fait ». Analyse des achats des foyers français via le Panel Consommateurs Nielsen Homescan sur 155 catégories alimentaires, sur deux années complètes se terminant le 8 septembre 2019.

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