Premier observatoire de l'alimentation pour la Fondation Nestlé France

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(© Louis Hansel @shotsoflouis, Unsplash)

Le 24 novembre, la Fondation Nestlé France présentait son premier "Observatoire Alimentation et Familles " avec Ipsos. Une étude comportementale des consommateurs au regard de leurs régimes alimentaires et de la mise en place du confinement, visant à comprendre ce qui avait changé, ou non, dans leur assiette. 

Au-delà de lutter contre la fracture alimentaire et donner des pistes sur le "bien manger" aux familles, la Fondation Nestlé France étudie aussi les grandes tendances de consommation dans l'hexagone. Et présentait mardi dernier à la presse autour d'une rencontre digitale, une étude basée sur le modèle alimentaire français qui "résiste et se réinvente" à l'heure de la crise sanitaire. Après avoir sondé le quotidien de pas moins de 95 familles, étudié des conversations sur les réseaux sociaux entre 2018 et 2019 et questionné les publics, il ressort de ce document, que les français sont passionnés de questions alimentaires, veulent consommer durable, mais sont sujets à de nombreux paradoxes dès qu'ils se mettent à table. Et ce, qu'ils soient seuls, en couple ou vivant dans un foyer avec des enfants. 

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(© Max Delsid, Unsplash)

En effet, aux questions " Comment les français expriment leur rapport à l’alimentation ? " et "existe t-il encore un modèle alimentaire français", présentées par Laurence David, déléguée générale de la Fondation Nestlé France et Youmna Ovazza, vice-présidente du département Strategy3 chez Ipsos, il faudra intégrer plusieurs paramètres de réponses. Le goût, la notion de santé, le temps, le partage et le budget alloué aux denrées alimentaires (déterminant pour les choix des consommateurs) et considérablement modifié pendant les deux périodes de confinement. Soit par manque de convivialité, soit par un bouleversement du rythme. " Le repas est à la frontière du manger assis et ensemble, du vin et de la convivialité. Et l'on peut aujourd'hui s'interroger sur son importance dans la société. Les français sautent peu de repas. Si certains sautent le petit déjeuner en semaine par rapport au week-end, le dîner reste important. Et le goûter, encore apprécié par les Millennials et les femmes. Et puis, 40% des français déjeunent au travail en prenant une pause privilégiée de 30 à 35 minutes en moyenne pour le consommer (hors temps de préparation). Evidemment, le Covid a flouté les lignes entre la semaine et le week-end ", expliquera notamment Youmna Ovazza, vice-présidente du département Strategy3 chez Ipsos. 

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(© Patrick Fore, Unsplash)

Le temps sacré du petit plaisir

Toutefois, " la notion de plaisir, avec le goût et la notion de convivialité reste capitale et ne s’oppose pas à la santé pour 90% d’entre eux ", poursuit-elle.  58% des Français, d'ailleurs, le citeront comme principale préoccupation sur les réseaux sociaux. " Cela ne veut pas non plus dire aller vers le gras ou le sucre. On peut se faire plaisir sans aller dans l’extrême ou la contradiction de choix. La technologie peut aussi rimer avec le plaisir, via les sites, les applis ou les robots aidants à la cuisine, par exemple. Autre point, le fait que la convivialité soit associée au repas, mais qu'elle se décline de façon différente entre la semaine et le week-end. Le rapport à l'alimentation est donc différent en fonction du temps qu'on lui accorde et si l'on est seul, ou pas. 83% cuisinent ensemble. Pour un apéritif, par exemple. Et puis, on peut tout à fait se retrouver à table avec des écrans si c'est pour partager la même chose et que l'on conserve la convivialité".

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(© Unsplash)

 

Côté usages également, Youmna Ovazza souligne que le rapport à l'alimentation dépend également du lieu où l'on se situe et des moyens dont on dispose pour se nourrir, comme par exemple en ville où l'on peut se faire livrer plus facilement qu'à la campagne. Alors que 44 % des interrogés ont déjà utilisé une application pour se faire livrer des repas à domicile, cela reste pour elle, un dispositif urbain. " Les applications de livraison sont un phénomène urbain, parisien et jeune car les ruraux ne se font pas livrer de repas. En réalité, tout réside dans la mise en place de compromis pour garder la notion du ensemble, entre les divers horaires des uns et des autres et les régimes alimentaires. Même si l'on sait que 7 personnes sur 10 consomment une base commune ". Autrement dit, vivre en famille consiste à s'adapter aux envies de chacun (68% des Français cuisinant des plats différents dans un même foyer). Et la crise sanitaire y aura contribué avec la hausse des services de livraison de repas à domicile (44% des Français déclarant avoir commandé à domicile contre 45% pendant le confinement).

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(© Dan Gold, Unsplash)

Autre problématique phare présentée dans l'étude, " Comment l’alimentation s’inscrit t'-elle dans des tendances générales et responsables ? ". Une question à laquelle répond encore la consultante d'Ipsos en prenant l'exemple de nombreux tiraillements des consommateurs ; perdus entre mille et une recommandations nutritives et institutionnelles, et leur perte de confiance face à l'éclatement de divers scandales alimentaires. "Les français font attention à la composition des produits, réduisent le sucre, limitent le gaspillage et les sur-emballages (41%), mangent équilibré, utilisent des applications en ce sens et apportent même une gamelle au bureau pour se contrôler (36%). Pour 40% du moins. Ils cuisinent aussi les restes, font du batch cooking (le fait de préparer tous les repas de la semaine en une seule session de cuisine, ndlr), agissent à leur échelle et partagent des conseils sur Instagram. Ils aspirent donc à manger plus sain, mais avec une contrainte au delà de l'intention, celle du prix ! "

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(© Charles Deluvio, Unsplash)

un prix qui coupe l'appétit

Malgré de bonnes intentions pour se maintenir en forme, soutenir le Made in France et agir en faveur de l'écologie, (70 % des consommateurs ayant cette préoccupation), l'envie de consommer local, des légumes et d'équilibrer les lipides et glucides, ou encore de limiter sucre (41%), sel, alcool, sauces et gluten (42% des français), certains doivent arbitrer et restreindre le budget. Se tourner vers des enseignes plus accessibles pour remplir leur frigo (1 sondé sur deux dit que c'est trop cher de bien manger). La faute à une baisse de revenus pendant le confinement et à la mise en chômage partiel (un tiers des français ayant constaté une diminution de leur situation financière depuis le Covid). Second frein à consommer tout ce que l'on désire : le temps. "Le temps est un frein au bien manger. On le voit au travers de l'alimentation des enfants, entre le fast food, le menu enfant et celui de la cantine. Mais les jeunes responsabilisent leurs parents. On l'aura constaté avec un retour aux fruits et aux légumes, à la mise en place de repas cadrés qui participent à la socialisation. Les grands parents ont leur rôle à jouer aussi ". 

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(© Unsplash)

Un acte alimentaire répondant à des codes

" Nos manières de manger sont le reflet de notre société ", complètera aussi cette présentation,Thibaut de Saint Pol, professeur et spécialiste des questions sur l'alimentation des Français. Au regard d'autres pays d'ailleurs, ceux-ci tiendront le rythme à l'inverse des Américains. Dans l'Hexagone en effet, " les trois repas perdurent très largement et sont même codifiés par heure ou par lieu. C'est positif d'avoir des rituels. L'acte alimentaire répond à des codes. On défend des valeurs au travers de son alimentation et y trouve du sens. Par contre, les régimes "sans" sont contraignants et peuvent réduire les rapports sociaux. On l'observe au travers de la naissance de tribus alimentaires par exemple. Car le seul fait de consommer la même chose ou de la même manière rassemble. C'est perçu comme un art de vivre. C'est un marqueur identitaire. Il existe même un sire de rencontres pour les sans gluten ! ".  Quant à la façon de consommer après le confinement, l'expert répondra que " la crise a donné à voir l’ampleur des inégalités sociales. Que les Français sont parmi les plus minces d’Europe. Et qu'il y a une importance de savoirs-faire culinaires. Enfin, qu'il y a une " corrélation avec cette richesse et le bien manger par rapport à d’autres pays".

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(©  Tengyart, Unsplash)

Que retenir de l'Observatoire de la Fondation Nestlé France, alors ? Que nos manières de nous alimenter se  transforment, se réinventent mais conservent leurs fondamentaux. Que les mutations ne sont pas toutes négatives. Aussi, si diverses pratiques s'individualisent, il reste des bases communes qui rassemblent les consommateurs et leurs permettent de s'accorder autour de l'assiette. Enfin, que ces fondamentaux sont essentiels pour demain. Et qu'il faut continuer à observer les fractures et les inégalités sociales pour mieux répondre aux enjeux de la table de demain. 

Méthodologie : L’Observatoire Alimentation et Familles repose sur trois approches complémentaires. Une première phase d’observation dédiée à l’écoute des échanges publics des consommateurs sur les réseaux sociaux sur une période d’une année pour identifier des grands thèmes de discussion autour des comportements alimentaires en famille. Puis, un approfondissement des thèmes avec une communauté en ligne de 95 familles pendant 2 semaines, pour explorer plus en détail les motivations et les contextes de ces comportements. Et dans un dernier temps, la conception de deux études quantitatives à l’échelle nationale pour mesurer et quantifier ces comportements, avant et après le premier confinement, auprès d’un panel de 2.000 personnes.

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