La production originale pour concurrencer Netflix en France

Netflix

La société de conseil Ampere Analysis a publié une note sur la stratégie des diffuseurs français pour contrer Netflix. La réponse est unanime : les chaînes françaises misent sur les contenus originaux. L’année dernière, les cinq acteurs majeurs du secteur en France (France Télévisions, Canal+, TF1, M6 et Orange) ont investi 5,4 milliards d’euros en contenus : 40 % de ce montant était consacré à des créations originales. Fin mai 2019, pas moins de 106 nouveaux programmes locaux étaient en développement ou en production. Le but : faire face à Netflix, qui produit actuellement 15 nouveaux programmes destinés au public français, et à la concurrence effrénée d’acteurs internationaux comme BeIN Sports, Mediapro ou Amazon Prime Video. La concurrence accrue ont contraint les diffuseurs français à repenser leur modèle économique pour maintenir leurs niveaux de revenus.

Une stratégie qui diffère selon les diffuseurs :

  • Le groupe Canal+ a mis en place une politique de réduction des coûts pour pouvoir continuer à investir dans les contenus. En mars 2019, le diffuseur a lancé un nouveau service SVOD — Canal+ Séries — dédié à un public plus jeune, qui fait notamment la part belle à des programmes comme Mouche, un remake de la série à succès de la BBC Fleabag.

  • TF1 cherche à développer les opportunités de recettes publicitaires à travers ses initiatives numériques. Elle a amorcé la refonte de sa plateforme de replay MyTF1 grâce à un nouvel inventaire publicitaire et des contenus exclusifs.

  • France Télévisions se tourne vers des partenariats internationaux avec d’autres groupes de diffusion, comme la Rai ou la ZDF, pour soutenir ses investissements dans la production originale.
  • En 2017, Orange a créé une nouvelle entité — Orange Content — en fusionnant son bouquet de chaînes payantes OCS avec sa filiale cinéma Orange Studio, dans le but de produire des séries de qualité pour porter son offre de programmes télévisuels premium. En mars 2019, OCS diffusait sa première série originale, une adaptation du roman « Le Nom de la rose ».

La ruée vers l’abonnement digital

Les abonnements aux contenus vidéo OTT est à la traîne en France, mais les abonnements digitaux y sont en forte croissance. Les trois premiers diffuseurs — France Télévisions, TF1 et M6 — ont annoncé le lancement attendu d’ici la fin d’année d’une nouvelle plateforme SVOD : Salto. Les trois diffuseurs ambitionnent de générer des recettes grâce aux abonnements, tout en maîtrisant les droits sur leurs contenus au-delà de la fenêtre de diffusion initiale. Ainsi, France Télévisions a déclaré ne plus vouloir céder les droits de sa série « Dix pour cent » à Netflix en France. Elle a en outre négocié un nouvel accord avec les producteurs locaux pour bénéficier d’une période d’exclusivité des droits digitaux pour les programmes qu’elle coproduit ou commandite.

De nouveaux marchés à l’étranger

A l’international, les diffuseurs français veulent développer des marchés prometteurs, à l’instar du groupe Canal+ qui compte plus de quatre millions d’abonnés dans 25 pays du continent africain. TF1 renforce son implantation européenne via Newen, une société de production internationale acquise par la chaîne en 2015 et qui a depuis pris des participations dans des sociétés de production en Belgique, aux Pays-Bas et au Danemark. France Télévisions s’est allié à la Rai (Italie) et à la ZDF (Allemagne) pour financer et produire des séries télévisuelles premium destinées à un public local et international. « Face à la remise en question du modèle traditionnel, les diffuseurs locaux savent qu’ils doivent s’adapter à cette nouvelle demande pour protéger leur chiffre d’affaires. L’accent est désormais mis sur les contenus originaux, ce qui encourage la créativité et l’émergence de nouveaux talents », explique Léa Cunat, analyste chez Ampere Analysis.

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