Pierre de Bonneville dans les méandres de Houellebecq

Pierre de Bonneville adore disserter sur les auteurs maudits. Villon, Thomas Bernhard, Céline bien sûr, mais aussi Lovecraft ont déjà vécu sous sa plume. Houellebecq vient s’ajouter à la liste. Le parallèle est grand entre eux : une enfance difficile, une éducation souvent protégée par une grand mère en l’absence de parents au quotidien, des postures difficiles avec les filles puis les femmes, une rupture avec la société qui les entoure, un comportement paranoïaque avec tous ceux qui veulent s’exprimer sur leur vie privée comme sur leur vie d’artiste. Auteurs, chroniqueurs, journalistes.

Comme Pierre de Bonneville n’a pas oublié qu’il était un publicitaire de talent, le titre de son ouvrage est déjà une accroche : « Houellebecq, son chien, ses femmes ». Il démarre comme une biographie mais comme le dit la page de garde, c’est un essai. Qui plus est très documenté : Bonneville étaye sa vision de son héros « droopy schopenhauerien » de toutes les citations /sources qu’il a pu structurer. Au final, le plus grand écrivain de sa génération oscille entre le statut de victime de la malveillance sociétale, médiatique, féminine… et celui de parfait manipulateur de notre système quittant la poésie pour le roman car plus lucratif, son éditeur pour Flammarion pour mieux se vendre, et Flammarion pour Fayard pour un chèque consistant. Puis retour à la case Flammarion en passant par la case Goncourt avec un livre à l’écriture plus aseptisée moins sexuée pour séduire l’Académie du même nom. Houellebecq, provocateur conscient mais fragile à l’image de son unique passion pour Clément. Son chien.

Passionnant. A lire par les amoureux de Michel Thomas devenu Houellebecq par sa grand mère qui y trouveront un corpus de références très recherché, comme par ceux qui ayant lu quelques chapitres de lui ou sur lui s’interrogent sur le personnage glauque qu’il s’est façonné.

Pierre de Bonneville. Houellebecq, son chien, ses femmes. L’Editeur. 15€

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