Coronavirus : commerçants, indépendants et artisans contre la grande distribution

shop

Les commerçants, indépendants et artisans, contraints de baisser leurs rideaux car considérés comme "non essentiels", tentent de limiter les dégâts face notamment à la "concurrence déloyale" des grandes surfaces, qui continuent à écouler des marchandises non-alimentaires. Lors d'une séance de questions au gouvernement jeudi, la députée de Seine-et-Marne Patricia Lemoine (UDI-Agir) a interpellé l'exécutif sur "ces commerçants et indépendants qui redoutent de ne pouvoir survivre à cette crise", partie pour durer encore plusieurs semaines. Le réseau des chambres de commerce et d'artisanat (CMA), qui représente 1,3 million d'entreprises, a également évoqué dans un communiqué le "combat" dans lequel il s'est lancé "auprès des artisans pour éviter la faillite". "Bien qu'il soit naturel que les grandes surfaces puissent approvisionner les Français en produits de première nécessité et d'alimentation, nous pouvons nous interroger sur la pertinence de la vente d'autres marchandises moins indispensables, tels que les vêtements, les fleurs, le bricolage et les produits de loisirs", a noté Mme Lemoine, alors que "les petits commerces proposant ce type de produits sont contraints à la fermeture". "Ces grandes surfaces profitent, involontairement peut-être mais bien directement, des pics d'affluence générés par cette crise sanitaire pour renforcer leurs profits là où d'autres se meurent", a ajouté la députée, évoquant une "distorsion de concurrence" et des prix "qui s'envolent, notamment à Rungis".

Sectoriser les ventes les ventes en grande surface

La secrétaire d'État à l'Économie Agnès Pannier-Runacher s'est contentée de rappeler que le gouvernement avait mis en place un "fonds de solidarité spécifiquement dédié aux indépendants, qui réalisent moins d'un million d'euros de chiffre d'affaires" et ont perdu 70% de leur chiffre d'affaires entre mars 2019 et mars 2020, soit environ 600.000 entreprises. Ce fonds, doté de deux milliards d'euros, a été annoncé mardi par le gouvernement et permettra notamment le versement par la direction des finances publiques (DGFip) de 1.500 euros de manière forfaitaire. Mais pour certains commerçants, cela n'est pas suffisant. "Aujourd'hui, nous sommes confrontés à une concurrence déloyale : permettre aux grandes surfaces de vendre de la fleur coupée, c'est une seconde injustice pour nous", affirme ainsi à l'AFP le président de la fédération française des artisans fleuristes (FFAF), Florent Moreau. Ses 14.000 confrères ont tous fermé leurs commerces depuis dimanche matin, après avoir offert leurs fleurs aux passants pour ne pas les jeter. "On a naturellement alerté le gouvernement sur ce point, en plaidant pour que les ventes (en grandes surfaces, ndlr) soient « sectorisées », c'est-à-dire que des rayons soient accessibles aux consommateurs et d'autres pas, mais pour l'instant cela n'a pas été forcément entendu par le gouvernement", regrette le président de la FFAF, lui-même fleuriste en Vendée. Il précise que cette demande a également été faite par d'autres métiers "non indispensables" de l'artisanat.

Les librairies, elles aussi fermées alors que les grandes surfaces peuvent continuer à vendre des livres, avaient également dénoncé mercredi, via leur syndicat (SLF), "l'hérésie sanitaire que représente la poursuite des livraisons et des ventes de livres sur les plates-formes internet et dans la grande distribution". Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a proposé jeudi d'étudier leur réouverture.

À lire aussi

Filtrer par