Briser le tabou de l’excision

Excision parlons en ! Madame Bovary

Madame Bovary lance pour l'association Excision, parlons-en ! une nouvelle campagne de prévention. En France, on estime à 125 000 le nombre de femmes excisées. Trois filles sur dix de parents issus de pays pratiquant les mutilations sexuelles féminines restent aujourd’hui menacées. Les grandes vacances d'été représentent un réel danger pour celles qui, impatientes à l’idée de partir, vivront finalement un traumatisme et finiront mutilées. "Ces deux dernières années, le monde entier a été secoué par la crise sanitaire qui a eu un impact significatif sur la pratique des mutilations sexuelles féminines. Selon l’Unicef, on estime à plus de 2 millions le nombre de filles à risques supplémentaires des conséquences de la Covid-19. Plus que jamais, nous devons redoubler de vigilance particulièrement à l’approche des départs en vacances" précise l'agence. A travers sa nouvelle campagne, Excision, Parlons-En ! poursuit son travail de sensibilisation et d’alerte pour briser le tabou autour de l’excision et protéger les jeunes filles directement concernées. À partir de cette semaine, qui marque le début des vacances scolaires, deux films viraux racontés par l’auteure Halimata Fofana seront partagés sur les réseaux sociaux. L’excision est une atteinte à l'intégrité physique des filles et une violation grave de leurs droits. Elle consiste en l'ablation partielle ou totale des organes sexuels externes de la femme ou autre lésion des organes sexuels féminins. Selon le réseau européen de référence End FGM, 190 000 filles vivant dans l’Union Européenne sont menacées d'excision, elles sont plus de 4 millions à l’être dans le monde. Toutes les jeunes filles qui vivent en France, quelle que soit leur nationalité, sont protégées de l'excision. Ce crime est puni par la loi française même si l'acte est commis à l'étranger, en l’absence totale de leur consentement et parfois par celui de leurs proches. Ramata Kapo, présidente du réseau Excision, parlons-en ! et militante contre les mutilations sexuelles féminines explique "que nombreux cas d’excisions perpétrés lors des vacances à l’étranger sont observés tous les ans. Alors que de nombreuses jeunes filles quitteront le territoire cet été, briser le tabou de l’excision est indispensable pour les protéger, faire respecter leurs droits et préserver leur intégrité physique". Cette année, la campagne de l’association s’articule autour de deux films viraux et complémentaires ayant pour voix off celle de Halimata Fofana. Née en France de parents sénégalais et excisée à l'âge de 5 ans, Halimata Fofana est impliquée dans la lutte contre les mutilations sexuelles féminines et a décidé de faire de son histoire personnelle une force. Elle est l’auteure du livre "Mariama l’écorchée vive" publié aux éditions Karthala, et réalisatrice du documentaire "À nos corps excisés".

Le premier film a été pensé comme un manifeste : un texte ponctué d’hésitations, de corrections et de retours en arrière, pour souligner l’émotion de la voix. L’occasion aussi de partager des chiffres alarmants sur l’excision. Le second film consiste en une mosaïque. Sur un écran blanc, des photos d’identité représentant des petites filles à risque apparaissent et finissent par former un portrait. Une multitude de visages et de prénoms qui dévoile le fléau de l’excision dans le monde. Un format vertical pensé pour les réseaux sociaux, dont TikTok, plébiscités par les adolescentes, principal public de la campagne.

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