60 millions de consommateurs : la vente "toujours d'actualité", malgré l'avis du conseil d'administration

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Les salariés sont invités à "se mettre à travailler avec la direction sur des scénarios de rebond".

Le conseil d'administration de l'Institut national de la consommation (INC) a voté contre la recherche d'un repreneur de son magazine "60 millions de consommateurs", a appris l'AFP mardi, sans que le gouvernement n'ait pour autant renoncé à la vente. "Le projet de vente reste d'actualité", a assuré le cabinet de la ministre déléguée chargée du Commerce et de la Consommation, Véronique Louwagie, à la suite du conseil d'administration. "L'objectif reste, pour le gouvernement, de donner un avenir pérenne au magazine" qui "connait de nombreuses difficultés commerciales et financières" et ce "en dépit des plans de soutien successifs", affirme l'entourage de Mme Louwagie, qui échangera "prochainement avec la direction générale de l'INC pour tirer les conclusions de ces délibérations".

Par huit voix contre sept, les membres du conseil d'administration - des représentants de l'Etat, des associations de consommateurs, du personnel de l'INC, ainsi que des personnalités qualifiées - ont rejeté les "modalités de la mise en oeuvre" de la précédente délibération, censée aboutir à l'identification "d'acquéreurs" pour le magazine. "C'est un grand soulagement" pour les salariés, a affirmé Bertrand Loiseaux, secrétaire du CSE, peu après les résultats du vote. "Le conseil d'administration a estimé que l'INC n'avait pas les moyens de chercher un repreneur pour le magazine", résume à Jean-Pierre Béquet, vice-président du conseil d'administration.

Le second point à l'ordre du jour du conseil d'administration, qui consistait à autoriser l'INC à lancer un appel aux dons pour soutenir financièrement le magazine, a été adopté. Désormais, les salariés comptent "se mettre à travailler avec la direction sur des scénarios de rebond", explique M. Loiseaux. Deux options se dégagent. La première est celle retenue par l'ex-ministre chargée notamment de la Consommation Olivia Grégoire, qui souhaitait privilégier l'apport de financements supplémentaires pour relancer le magazine.

Perte d'abonnés

Mais cette idée a reçu un avis défavorable de la Cour des comptes, institution qui s'assure du bon usage des fonds publics. Pour la Cour, cela s'apparenterait "à une forme de fuite en avant, compte tenu des difficultés financières structurelles du magazine". L'autre scénario poussé par les salariés serait de "redéfinir le périmètre de service public de l'INC", afin de "justifier un engagement de l'Etat" et toucher davantage de subventions, expliquait M. Loiseaux avant la tenue du conseil d'administration. L'avis du conseil d'administration constitue "une victoire sur un vote, mais ça n'entache pas la volonté du gouvernement de vendre le magazine", affirme Jean-Pierre Béquet, qui craint par exemple que le gouvernement puisse "contourner" ce vote, "en plaçant l'INC sur la liste des opérateurs de l'Etat à supprimer".

Pour les salariés du magazine et de l'INC, la vente de "60 millions de consommateurs" n'aurait "aucun sens", affirme Bertrand Loiseaux. Surtout, elle pourrait être semée d'embûches. "D'abord, il y a un problème économique, avec l'ancienneté de nombreux employés, un plan de départ coûterait cher", explique M. Loiseaux. "Ensuite, il y a un problème juridique: comme on a été créée par une loi, notre vente ne peut se faire qu'en changeant la loi", affirme le secrétaire du CSE, pour qui, en l'état, "les conditions juridiques" d'une vente du magazine "ne sont pas réunies". Jeudi, un comité de suivi doit être organisé pour discuter de l'avenir à court terme du magazine, avant le prochain conseil d'administration, qui se tiendra le 21 juin.

"60 millions de consommateurs" est en difficulté économique depuis plusieurs années, avec un nombre d'abonnés qui ne cesse de diminuer : entre 2019 et 2024, le magazine a perdu près de la moitié de ses abonnés.

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