Altice France : ne pas céder au « diktat » de Free

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(© thierry Wojciak/CB News)

Le PDG d'Altice France Alain Weill a indiqué jeudi que son groupe ne "cèderait pas aux demandes de Free", dans le bras de fer qui oppose les deux groupes sur la rémunération de la diffusion des chaînes de son groupe par l'opérateur Iliad (Free). "Céder aux demandes de Free c'est remettre en cause les accords signés avec Bouygues Telecom qui rémunère nos chaînes, Canal ou SFR", a expliqué Alain Weill, lors d'un point-presse au siège d'Altice, à Paris. "On est prêt à négocier, mais on ne peut pas céder à ce diktat, d'autant plus qu'il est discriminatoire car Free rémunère les services globaux proposés par exemple par TF1 ou M6", a-t-il ajouté. Vendredi, les chaînes d'Altice (BFMTV, RMC Découverte, RMC Story et BFM Business) n'étaient en effet plus disponibles sur les Freebox, l'accord de rémunération pour leur diffusion étant arrivé à échéance. Mais Iliad a ensuite rétabli leur diffusion, une situation jugée inacceptable par Altice, qui a accusé son concurrent de "pirater la livraison du signal des chaînes". Les opérateurs télécoms sont aujourd'hui devenus des intermédiaires incontournables. Pour l'ensemble des groupes de médias, la diffusion des chaînes gratuites, et plus encore de leurs "services à valeur ajoutée", comme la télévision de rattrapage ("replay"), la vidéo à la demande ou des programmes en avant-première, doivent être rémunérés par les opérateurs qui proposent à leurs abonnés des offres "internet-téléphonie-télévision". Un point de vue que les opérateurs ont toujours réfuté, rappelant que la diffusion des chaînes gratuites de la TNT devait, par définition, être gratuite. "Il y a des négociations, on va rester extrêmement sereins. Je pense que notre vision est la bonne : dans le futur toutes les chaînes seront rémunérées par les opérateurs. C'est le sens de l'Histoire", estime Alain Weill, reconnaissant qu'il s'agissait d'une période "difficile" avec un changement de modèle. Altice a saisi le CSA d'une procédure de "règlement de différends", dont l'instruction est en cours.  Iliad, la maison mère de Free, avait indiqué à l'expiration de l'accord en mars ne pas avoir "reçu de vraie proposition commerciale" de la part d'Altice concernant "les services à valeur ajoutée".

En attendant BFM Lyon

Par ailleurs, BFM Lyon se lancera "cet été" à la place de Télé Lyon Métropole (TLM), qu'Altice a acheté fin 2018, ont annoncé les dirigeants du groupe. Avec cette nouvelle chaîne locale d'information en continu, Altice veut "inventer un modèle nouveau pour l'information locale en France, qui est assez peu développée à la télévision", a affirmé M. Weil. "D'autres projets pourraient peut-être se concrétiser (ailleurs) dans les mois qui viennent", a indiqué Damien Bernet, directeur exécutif du Pôle Média d'Altice, que ce soit par un rachat comme cela a été le cas avec TLM ou par une création pure et simple. La nouvelle chaine pourra compter sur une quinzaine de journalistes qui filmeront au smartphone et présenteront les infos depuis un studio lyonnais, avec une régie à Paris. Le groupe compte en outre jouer la synergie entre la nouvelle venue et ses chaines (BFM TV, BFM Paris, RMC Sport…) afin de proposer des reportages de terrain. Avec cette installation, Altice France mise aussi sur l'autorisation possible, dans le cadre de la future réforme de l’audiovisuel, de la publicité adressée à la télévision. Et table également sur la publicité locale, véritable « gisement de croissance », relève M. Bernet, via des "tickets d'entrée à 1.000 ou 2.000 euros".

La 5G commercialisée en 2020

Concernant plus particulièrement l’opérateur SFR qu’Alain Weill préside aussi, le dirigeant a annoncé jeudi « plus de 1,3 million de clients nets gagnés » en 2018 (1,02 M pour le mobile ; 333 000 pour le fixe), un « churn » en baisse de 20% et un lancement commercial de la 5G prévu en 2020. En attendant, la 5G est testée depuis janvier dernier à Nantes, le sera à Toulouse en juin et dans le quartier de La Défense au second semestre 2019. SFR misera également en 2019 sur un développement « intensif » du segment des petites entreprises (TPE, commerçants, artisans…) avec le lancement le 18 avril prochain d’une nouvelle offre commerciale dédiée. Nouvelle offre portée par 500 vendeurs qui viennent d’être recrutés.  

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