L’ARCEP pointe l’inexorable déclin de la TNT

L’ARCEP vient de publier la mise à jour de son analyse du marché de gros de la diffusion de la TNT. Le document de 38 pages « bilan et perspectives », soumis à contributions extérieures jusqu’au 10 septembre, présente la situation concurrentielle de ce marché de la TNT et examine les évolutions « passées et prévisibles » des modalités techniques de sa diffusion. Et l’ARCEP se veut pragmatique en la matière et préconise « de ne pas reconduire » la régulation de ce marché. L’instance constate en effet que « la part relative de la TNT parmi les modes de consommation de la télévision ne cesse de se réduire au profit de modes de diffusion alternatifs de la télévision, via les réseaux haut et très haut débit ». Pour elle, la diffusion IPTV s’est « largement répandue » grâce à la distribution des offres Triple Play des fournisseurs d’accès, qui embarquent des services de télévision alors que le CSA montre parallèlement que la consommation de télévision sur IP « a dépassé la consommation via la plateforme TNT » dès le premier trimestre 2017. Dès lors, « la substitution de la TNT devrait se poursuivre à mesure que s’accroit le nombre de foyers éligibles à internet haut et très haut débit », prédit l’ARCEP. Dans le contexte d’une nouvelle dynamique concurrentielle entre modes de diffusion, l’organisme « considère que le maintien d’une régulation concurrentielle de la seule TNT ne semble plus pertinent » et ce, même si la plateforme TNT « reste un mode important d'accès à la télévision ». Néanmoins, souligne l’ARCEP, son analyse « ne présume pas » de l'avenir de la TNT, qui ne relève pas de ses compétences.

Un modèle "à bout de souffle"

Dans une interview accordée aux Echos, son président Sébastien Soriano souligne que « cette bascule est majeure » et que pour l’ARCEP, il faut d’ores et déjà « s’en soucier et penser dès aujourd’hui l’étape d’après ». Car pour lui, le modèle « ingénieux » qui alliait fréquences gratuites de la part de l’Etat et financement de la création audiovisuelle par les chaines est « à bout de souffle ». Parmi les solutions préconisées par le président de l’ARCEP, « permettre aux chaînes de passer plus rapidement par le satellite ». De même, « les réseaux télécoms peuvent accueillir le signal audiovisuel », insiste-t-il, alors que pourrait être donné « plus de pouvoirs aux acteurs de l’audiovisuel en créant un droit d’accès des chaînes à tous ces nouveaux acteurs intermédiaires (opérateurs télécoms, magasins d’application, etc.) de manière à ce qu’elles ne perdent pas le contrôle du téléspectateur, qu’elles ont aujourd’hui avec la TNT ». A ceux qui pourraient voir là un empiètement sur les prérogatives du CSA, Sébastien Soriano plaide pour une clarification dans le « partage des rôles entre l’ARCEP et le CSA » avec des périmètres qui « gagneraient à être redéfinis ». Pointant sa volonté de voir l’ARCEP « piloter l’utilisation du réseau TNT au sein d’un mix technologique pour l’accès à la télévision ».

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