Arte mise sur son éclectisme

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La chaîne franco-allemande Arte a présenté les nouveautés de sa rentrée en matière de programmation. « La plus belle des chaînes » — selon son président Bruno Patino — veut regarder « plus que jamais dans la même direction, celle de l’Europe ». Au menu : affirmer davantage sa différence, dans la nuance, en portant le regard « toujours plus loin ». Pour le dirigeant, l’année à venir s’ouvre sous de belles augures, avec 2,9% de PDA sur l’année, « un record ». « L’image d’Arte s’est transformée », observant une augmentation de son audience sur le numérique de 400%. A l'antenne, l'audience des 15-34 ans a progressé de +23% par rapport à 2019. Pour aller plus loin, Arte veut étoffer significativement ses offres dans les quatre langues additionnelles que sont l'espagnol, l'italien, l'anglais et le polonais et de renforcer la distribution d'arte.tv, notamment sur ces territoires. « D'autres annonces suivront », a expliqué la chaîne, dont le budget programmes reste stable, à 150 millions d’euros.

« Arte GEIE souhaite « devenir la première plateforme culturelle audiovisuelle européenne » et se rendre « indispensable ». Pour cela, Bruno Patino et son directeur éditorial Boris Razón ont misé sur des programmes « qui reflètent tout l’éclectisme d’Arte, loin des seuls prismes nationaux et de la polarisation excessive des débats ». Parmi les programmes phares en cette nouvelle rentrée, Arte propose « Anna », qui imagine une société ravagée par une épidémie mortelle pour tous les adultes – un projet engagé avant l’apparition du Covid-19 –, par Niccolò Ammaniti. La série sera diffusée à l’automne 2021, mais en avant-première et en intégralité à partir du 10 septembre sur la plateforme numérique de la chaîne. La chaîne mise également sur la mini-série « Les hautes herbes » (Jérôme Bonnell) ; la seconde saison de « Mytho » de Fabrice Gobert ; la saga « Blackport », première coproduction d’Arte France avec la télévision publique islandaise, disponible début 2022 ; « Nona et ses filles », une comédie poétique et féministe de Valérie Donzelli avec Miou-Miou, Clotilde Hesme et Virginie Ledoyen ; « Mes funérailles », partir du 3 septembre en ligne ; la série sud-africaine « Hopeville » de John Trengove, à partir du 17 septembre ; la chronique adolescente « Clèves », adaptée du roman de Marie Darrieussecq ; le film « Chevrotine » réalisée par Laetitia Masson : ou encore « Doutes », un huis clos avec Muriel Robin, prévu pour l’automne.

Du côté des documentaires, Arte diffusera différents genres : de l’enquête (« Géants du Web », « les nouveaux Hippocrate », « Le monde sous Insta ») à l’essai cinématographique (« Nous » d’Alice Diop, « Everything Will be OK » de Rithy Panh) en passant par la grande fresque historique (« Exterminez toutes ces brutes » de Raoul Peck), l’archive (« Mohamed Ali », "Les 54 premières années », « Retour à Reims »), l’animation (« Flee ») ou le grand reportage (« Érythrée, nation esclave »). La chaîne franco-allemande s’appuiera également sur la science et la découverte avec des documentaires sur le changement climatique, le challenge archéologues face à Daech en Mésopotamie, ou Notre-Dame-de-Paris.

Arte mettra l’accent sur le hip-hop dans sa sélection culturelle. Partenaire de l’exposition « Hip-hop 360 » à la Philharmonie de Paris, la chaîne a programmé « Girlhood », « Viens on danse », « La grande histoire du rap en Allemagne », « California Lost » ou encore « Bboys & Bgirls Africa ». Ces programmes seront disponibles en ligne mais aussi dans plusieurs cas sur sa chaîne Youtube et ses réseaux sociaux. Mais Arte France racontera également « la création sous toutes ses formes en partageant le plaisir retrouvé des grandes expositions et des scènes, et en suivant le chemin singulier des artistes ». Au programme : le génie de Dante et de Charlie Parker, la Scala sur un plateau, les rugissements du Hellfest, la collection des frères Morozov, ou encore l’univers d’Hervé Guibert (raconté par David Teboul) et les grands romans qui firent scandale, des « Liaisons dangereuses » à « American Psycho ».

Arte se veut aussi « incubatrice de création et de talents ». La chaîne investit les champs et les formats du numérique, de la VR à Twitch : série fiction (« Happiness », « Brigade mobile ») ou documentaire (« Artjacking! », « Le mystère Satoshi »), jeu vidéo (« Inua », « The Other Side »), podcast (documentaire « L’insomniaque », « La cage: une Française dans le djihad ») ou expérience immersive (« Un mètre vingt », « Fortune »). Du côté du cinéma, Arte proposera 5 rendez-vous hebdomadaires et une offre numérique « foisonnante », avec notamment « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma, un cycle consacré à Bruno Dumont ou encore « Trintignant par Trintignant ». La chaîne diffusera également la série manifeste « H24 », inspirée de vingt-quatre faits réels, une série écrite par vingt-quatre auteures européennes (dont Alice Zeniter, Agnès Desarthe, Lola Lafon, Sofi Oksanen…) qui rend compte des violences faites aux femmes au quotidien, de l’incident le plus banal au drame le plus terrible. Vingt-quatre films audacieux interprétés par vingt-quatre actrices exceptionnelles (Diane Kruger, Camille Cottin, Céleste Brunnquell, Valeria Bruni Tedeschi, Anaïs Demoustier…). La série de court-métrages sera diffusée sur la chaîne, la plateforme et les réseaux sociaux. Un livre manifeste sera édité avec Actes Sud.

La chaîne franco-allemande a également annoncé de nouvelles émissions. À l’antenne, Arte prépare pour janvier une nouvelle grande émission sur l’Europe présentée par Nora Hamadi. Sur Twitch, après avoir expérimenté « Jour de Play » l’an dernier (qui revient à la rentrée avec un rythme hebdomadaire), la chaîne lance une émission bimensuelle autour de la musique, « Laser Disc », et une nouvelle version mensuelle de « FAQ », un magazine initialement conçu pour Snapchat. Arte propose aussi une nouvelle émission sur Youtube, « Les idées larges », construite autour d’un dialogue avec un penseur. « Son ambition est d’identifier les idées importantes pour comprendre le monde qui vient, de proposer une généalogie de la pensée en essayant d’être le plus accessible possible », a indiqué Boris Razón. Enfin, Arte a évoqué le festival « Et maintenant? », conçu avec France Culture. Après l’opération « Il est temps » l’an passé, ce festival reposera sur un grand questionnaire adressé aux jeunes afin de comprendre comment, après dix-huit mois de pandémie, ils ont été ébranlés, transformés. Quelles sont aujourd’hui leurs aspirations ?

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