Audition présidence France Télévision : Jean-Philippe Lefèvre veut créer France Play

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L’ARCOM a auditionné mardi Jean-Philippe Lefèvre, ancien directeur général adjoint de Falir Production et ancien directeur de l’antenne, de la programmation et des programmes de Public Sénat, candidat à la présidence du groupe France Télévisions. Il a ainsi décliné son projet intitulé « France Télévisions, un outil pour la démocratie pour tous les publics et tous les territoires ».

France Télévisions « est à un moment décisif de son histoire ». Le groupe audiovisuel public se doit de « garantir à chacun un accès libre et équitable à l’information, à la culture, à l’éducation, au débat démocratique », selon Jean-Philippe Lefèvre. Pour cela, il compte s’appuyer dans son projet sur un modèle économique « profondément réinventé ». Le candidat entend dans les faits structurer les revenus du groupe autour de 3 piliers : la publicité segmentée qui pourrait générer entre 50 et 80 millions d’euros à l’horizon 2027 ; la maximisation des revenus linéaires avec des événements fédérateurs, notamment grâce à la diffusion des grands événements sportifs à venir, et les packs premium ; la diversification des financements et innovation, avec la VOD premium, le mécénat participatif, et les solutions innovantes comme les formats immersifs (VR, 360°) et la monétisation de contenus culturels. Mais les plateformes numériques représentent un levier stratégique crucial pour l'avenir de France Télévisions, veut croire M. Lefèvre. Ainsi, en s'appuyant sur son expertise de contenu et son ancrage local, le groupe France Télévisions peut aspirer à un revenu additionnel de 50 millions d'euros par an d'ici 2027 via YouTube, « grâce à une stratégie ciblée de production de contenus natifs et à l'exploitation de ses grandes marques sur la plateforme ». Pour lui, chaque programme linéaire de France Télévisions doit désormais être conçu dès le départ pour avoir une déclinaison sur YouTube et d'autres plateformes numériques afin de viser un objectif global de 150 à 200 millions d’euros, là aussi à l’horizon 2027.

France 4 deviendrait France Play

Frédérique Lefèvre souhaite en outre porter une réflexion « approfondie » sur l’identité des chaines du groupe qui doit « conserver des marques fortes et cohérentes qui permettent aux téléspectateurs de s’y retrouver facilement, quelle que soit la plateforme de diffusion (TNT, box, plateforme numérique ou réseaux sociaux) ». Selon le candidat, les noms de chaînes doivent être conservés, sauf pour France 4, qui pourrait être rebaptisée France Play, une chaîne axée sur la culture jeune. Parallèlement, il souhaite que « chaque contenu soit optimisé pour chaque support, mais que la marque France Télévisions soit toujours visible, avec des codes de diffusion homogènes, quelle que soit la plateforme ». Dans ce cadre, une application France TV centrale pourrait devenir le portail principal vers tous les contenus.

Création de francetv.territoires

M. Lefèvre ambitionne également le développement d’une plateforme interactive de fact-checking, intégrée à France.tv et aux réseaux sociaux du groupe. Et de créer une application mobile citoyenne de vérification, baptisée « Check ! ». France Play, héritier de France 4, donc, se positionnera en tant que fer de lance des nouvelles ambitions numériques de France Télévisions qui se voudra un espace télé linéaire pensé pour diffuser les meilleurs formats natifs, un véritable pont « permanent » entre les plateformes et la télévision, mais aussi un incubateur de nouveaux talents repérés sur YouTube et les podcasts ainsi qu’une chaîne connectée, agile, et tournée vers les jeunes générations. Un lancement qui s’accompagnerait de celui de francetv.territoires, une plateforme mondiale de service public permettant aux télévisions locales, aux chaînes associatives, aux sites de presse quotidienne régionale ou aux médias ultramarins d’accéder gratuitement à certains programmes de France Télévisions. Tous les programmes partagés via celle-ci seront systématiquement logotypés et habillés aux couleurs de France Télévisions.

Le développement de franceinfo TV Jeunesse

Côté information, Jean-Philippe Lefèvre veut « réaffirmer la vocation unique de franceinfo Tv », qui doit devenir la chaîne de l’information « fiable, calme, utile et républicaine, dans un paysage saturé de flux émotionnels, de bruit médiatique et de formats anxiogènes », insiste-t-il dans son projet. Une chaine qui doit se distinguer par « une ligne claire », une expérience fluide sur tous les écrans ainsi que par des figures éditoriales incarnées et une stratégie numérique « forte », pensée pour les jeunes générations. Le candidat veut parallèlement développer franceinfo TV Jeunesse, une offre spécifique dédiée aux 12–25 ans, 100 % numérique, qui utiliserait leurs codes de leurs usages sur TikTok, Twitch et autre Instagram. Quoiqu’il en soit, pour lui, franceinfo Tv doit « mieux tirer parti de la richesse de son partenariat fondateur » entre France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA. Ainsi, « sans remettre en cause l’indépendance éditoriale de chaque rédaction », il est possible de mettre en place, assure-t-il, un desk commun sur certaines thématiques (climat, vérification, économie du quotidien). Mais aussi mutualiser certains outils et flux de production et créer des formats hybrides (radio + vidéo + écrit), tout en élaborant une charte commune pour garantir la cohérence de l’offre globale.

L'objectif accessibilité et inclusion

Avec l’Outre-mer, Jean-Philippe Lefèvre propose « un nouveau pacte » qui prend notamment la forme de la création d’un incubateur de création locale : « France Outre-mer Studio ». Il souhaite également la création d’un espace éditorial dédié au sein de France.tv, regroupant les productions de La 1ère, les créations du “Studio Outre-mer” ainsi que des documentaires, JT, fictions, podcasts, archives remasterisées avec une interface en partie multilingue (créole, tahitien, wallisien…).

Enfin, le candidat à la présidence de France Télévisions ambitionne la mise en place d’un véritable « plan Marshall » de l’accessibilité et de l’Inclusion. Un dispositif qui doit permettre selon lui, à chaque individu, quel que soit son handicap, d’accéder à tous les contenus audiovisuels du groupe, tout en prenant en compte la diversité des handicaps, qu’ils soient visibles ou invisibles, permanents ou temporaire.

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