Audition présidence de France Télévisions : Delphine Ernotte Cunci entend mettre le numérique au centre

Delphine Ernotte

La présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte Cunci, veut donner la priorité à la plateforme france.tv et repenser l'organisation du groupe public autour de cette dernière, a-t-elle argumenté pour défendre le renouvellement de son mandat. D'ici 2030, "je veux faire de france.tv le carrefour numérique incontournable de notre pays", a-t-elle déclaré lundi devant le collège du régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom.

Mme Ernotte Cunci, qui postule à un troisième mandat de cinq ans, était entendue, ainsi que les trois autres prétendants. Les vidéos de la partie publique de ces auditions ont été mises en ligne mardi et l'Arcom doit annoncer son choix d'ici le 22 mai.

 franceinfo au centre

France.tv est déjà "notre première chaîne", a appuyé l'actuelle présidente. Mais "les programmes sont pensés d'abord pour le linéaire", c'est-à-dire les chaînes traditionnelles, alors qu'"il faut qu'on pense les choses d'abord sur le numérique". Pour cela, "c'est notre organisation qu'il faut repenser" et "l'éditorial sera rapproché du numérique", a-t-elle préconisé. Son projet prévoit une structuration autour d'"un pôle premium" et d'un "pôle créatif".

Mme Ernotte Cunci plaide pour "un nouveau contrat pour l'information", avec une relance de la chaîne franceinfo, des alliances avec la presse quotidienne régionale pour un ancrage renforcé dans les territoires et une meilleure représentation des catégories populaires. Alors que les ressources budgétaires sont en berne, elle suggère de "produire moins cher" les programmes et de passer "un nouvel accord collectif" avec les personnels. Pour arriver à cette évolution, elle envisage aussi de "nouveaux moyens de production", avec un studio et des directs renforcés et de "transformer les métiers de la rédaction" comme le montage de sujets par les journalistes.

Un avenir avec l'IA et une refonte de l'audiovisuel public

Elle met également en garde contre l'usage de l'intelligence artificielle générative (IAG) : "la production automatique de contenus ne constitue pas une simple évolution à laquelle s’ajuster : elle remet en cause les fondamentaux de la conception des œuvres et les moyens de leur protection immatérielle. Sans une très grande réactivité, nous serons menacés au mieux de dilution, au pire de disparition". Pour ces raisons, elle souhaite "une refonte" du modèle stratégique du groupe d'ici 2030. L'IAG serait intégrée pour développer par exemple le data journalisme ou pour accélérer la création de formats sur les réseaux sociaux.

Selon elle, ces plateformes restent importantes pour l'information : "les débats éthiques sur l’actionnariat de ces médias ou leur utilisation des données des utilisateurs sont parfaitement légitimes, mais ne sauraient primer sur l’urgence pragmatique d’occuper le terrain là où se joue l’essentiel du combat pour l’accès des citoyens à une information vérifiée". Le groupe devrait "industrialiser" la présence de l’intégralité de ses contenus d’information sur ces plateformes.

Enfin, Mme Enrotte soutient ardemment le projet gouvernemental de holding commune pour l'audiovisuel public, "arme de dissuasion contre la privatisation", selon elle. La holding chapeauterait également Radio France, France Médias Monde et l'Institut national de l'audiovisuel.

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