BFMTV/Free : Alain Weill regrette la situation

Alain Weill

Alain Weill, lors de la conférence de rentrée de RMC le 28 août 2019 (©Thomas Moysan/CB News)

Depuis mardi, les chaînes du groupe Altice – BFMTV, RMC Story et RMC Découverte, ne sont plus disponibles sur la Freebox. Mercredi matin lors de la conférence de rentrée de RMC, le PDG du groupe Altice France a réagi : « Pour les abonnés de Free, c’est une déception (…). Des centaines de milliers d’abonnés de Free sont aujourd’hui frustrés et on le regrette ». Alain Weill a rappelé les chiffres d’audience : « nous avons plus de 25% de part d’audience le matin avec nos trois matinales. En audience cumulée, il y a plus de 5 millions de français qui passent sur les deux matinales RMC Découverte et BFMTV le matin ».

Altice campe sur ses positions

Pour lui, il s’agit d’une « situation difficile », et il « espère qu’elle se terminera rapidement », tout en indiquant qu’Altice ne fléchira pas : « nous n’avons pas d’autres choix que d’être constant dans nos positions, parce que nous ne pouvons pas accepter aujourd’hui, au moment où le modèle économique des chaînes de télévision change, que certaines chaînes soient rémunérées, pas seulement les plus gros mais leurs filiales, LCI par exemple, et que d’autres chaînes ne le soient pas ». BFMTV a récolté mardi une part d'audience de 2% et est restée largement en tête des chaînes d'info, en obtenant plus du double de l'audience de LCI (0,9%), deux fois et demi celle de CNews (0,8%), et plus de trois fois celle de franceinfo (0,6%). Mais la chaîne info affichait une PDA plus importante lundi (2,5%). Pour Hervé Béroud, il s’agit simplement de l’impact de la fin du G7 lundi, et d’une actu plus creuse mardi. « 60% des téléspectateurs regardent BFM par des box et Free représente le quart. Mécaniquement, c'est 15% de l'audience », déplorait pourtant le directeur général de l’antenne Marc-Oliver Fogiel mercredi matin sur France Inter.

« Il est normal que cela passe par des bras de fer »

« On a fait une très bonne journée hier sur BFMTV, donc pas d’impact visible, mais on aurait fait une meilleure journée si on était chez les abonnés de Free », a voulu rassurer Alain Weill, qui se veut optimiste : « il est normal que cela passe par des bras de fer, c’est logique. Ce sont des histoires d’argent, de nouvelles charges pour les opérateurs télécoms. C’est vrai pour Orange, pour SFR, pour Bouygues Télécom : c’est une réalité je crois à laquelle les opérateurs télécoms ne pourront pas échapper, parce qu’il est logique qu’à partir du moment où l’audience de la télévision se fait essentiellement maintenant à travers les boxes, quand des opérateurs télécoms facturent leurs abonnés pour une prestation de télévision, et bien c’est logique que les éditeurs voient une partie des montants facturés aux abonnés ».

« On doit tous faire des efforts dans notre approche du dossier »

Et le PDG d’Altice d’ajouter : « dans une période où la publicité est plus instable parce que les GAFA là aussi jouent un rôle très important, où la SVOD se développe à une vitesse grand V, avec Netflix, Amazon, Apple qui arrive, Hulu peut-être, HBO, il est normal que les modèles économiques des télévisions évoluent notamment parce que le replay devient de plus en plus important, et le replay a des coûts marginaux. Il est logique que les éditeurs se fassent rémunérés, relativement modestement au regard des sommes demandées par rapport aux résultats des opérateurs télécoms ». Alain Weill a déclaré qu’il était en contact avec les responsables de Free. « On ne peut pas dire encore qu’on ait trouvé une solution, on le souhaite. On doit tous faire des efforts dans notre approche du dossier, mais en même temps Free a fait un pas vis-à-vis de TF1 et de M6, donc c’est une réalité à laquelle le marché doit s’adapter et je pense que c’est un discours qui tient la route. Je reste optimiste pour que les choses se décantent dans les jours qui viennent ».

Option payante : « une forme de provocation »

Sur la déclaration de Xavier Niel qui souhaite proposer BFMTV dans le cadre d'une option payante, Alain Weill a pointé « une forme de provocation » de l’opérateur. Ça n’a pas de sens, ce n’est pas ce qu’on envisage. Free rémunère toutes les chaînes du groupe TF1, Free rémunère toutes les chaînes du groupe M6, il est légitime que les chaînes du groupe NextRadioTV soient rémunérées au regard de leur impact et leur poids dans le secteur audiovisuel », a-t-il tranché. Pour le fondateur de BFMTV, il ne faut pas mesurer une chaîne d’information par rapport à sa part d’audience, « mais il faut regarder l’audience cumulée, il faut regarder aussi son impact auprès des abonnés », insistant sur la dimension historique et émotionnelle de la chaîne info auprès des Français. « Quand il y a des évènements très importants dans le pays, on peut avoir un français sur deux qui regarde BFMTV (…). Si demain matin, il y a un drame dans l’actualité, ce sera vécu d’une façon très frustrante par les abonnés de Free », a-t-il conclu.

RFM et Virgin radio interessent Altice

Par ailleurs, Alain Weill a également déclaré qu’il étudiait la possibilité d'un rachat des radios musicales RFM et Virgin Radio, mises en vente par le groupe Lagardère. « On regarde aujourd'hui toutes les opportunités dans le secteur de l'audiovisuel, dans le secteur de la radio comme celui de la télévision et avec Altice, on ne s'interdit rien, quelle que soit la taille de l'acquisition envisageable ». Le PDG d’Altice France a déclaré qu’il prendrait sa décision « dans quelques semaines ».

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