Bruno Le Maire : la concentration des médias en France n’est pas « excessive »

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Bruno Le Maire auditionné par le Sénat le 7 mars 2022

Avec le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias en France a achevé lundi ses auditions. Et d’entrée, le ministre a voulu dédramatiser le sujet : « ne laissons pas l’idée se répandre que la concentration dans les médias en France est excessive. Elle n’est pas plus importante aujourd’hui que dans le passé. Il y a une véritable diversité de l’offre ». Toutefois, concède-il sans peine, les médias font « face à des enjeux spécifiques liés à l’essor des géants du numérique ». Pour lui, l’enjeu est ainsi de trouver « la balance » entre les risques encourus par les médias traditionnels et leurs possibilités de saisir des opportunités de développement « qui existent réellement ». Dans ce contexte, et dans le cadre de la fusion annoncée de TF1 avec M6, M. Le Maire souligne que la question clé est de savoir, pour l’Autorité de la concurrence qui aura à statuer, si le marché de la publicité en ligne et celui de la publicité TV sont un seul et même marché ou sont-ils séparés. Bref, avance-t-il : « quel est le marché pertinent ? Je n’ai pas la réponse ».

Quoiqu’il en soit, le ministre juge l’opération « légitime dans un état de droit où deux acteurs importants sont libres de l’envisager ». Il a ainsi rappelé la procédure suivie par l’Autorité de la concurrence qui est « actuellement » dans son temps d’« enquêtes et de questionnaires » alors que l’avis définitif devrait être rendu « à l’automne prochain ». Bruno Le Maire indique néanmoins qu’il dispose d’un « droit d’évocation » qui lui permet dans le cas « d’enjeux majeurs en termes d’emplois et d’industrie mis en cause » de contester l’avis de l’Autorité dans les 25 jours suivants l’avis rendu. « Ce n’est arrivé qu’une seule fois en 5 ans sur 195 dossiers  depuis que je suis en poste », indique-t-il.

Le ministre de l’Economie est par ailleurs revenu sur les droits voisins récemment adoptés dans l’hexagone. « Nous attendons de tous les acteurs, et je le dis avec gravité, respectent rigoureusement et strictement » ceux-ci. Il s’est en outre montré offensif, voire menaçant sur le sujet : « nous sommes prêts à aller plus loin, y compris avec des textes réglementaires complémentaires si ces droits voisins n’étaient pas respectés convenablement ». Il souligne au passage qu’il faudrait « trouver un autre terme » que droits voisins, trop incompréhensible pour les Français, qui empêche « de prendre la mesure de l’importance de la liberté de la presse et de l’information ». Il précise enfin que la mission de l'Inspection des Finances et celle de la Culture confiée par le gouvernement sur la concentration des médias rendra ses conclusions fin mars. Une mission aux champs « technologiques et économiques » alors que la commission d’enquête sénatoriale est dans le « champs politique », pointe-t-il afin de les différencier.

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