Une centaine de personnalités au soutien de Libération

Liberation

Une centaine de personnalités issues du monde politique, intellectuel, universitaire et artistique ont signé une tribune de soutien au journal Libération, estimant que son transfert à un fonds n'a pas été fait dans des conditions qui permettent la pérennité du titre. "Il est urgent aujourd'hui de se mobiliser (...) C'est le pluralisme et la démocratie qui sont aujourd'hui en jeu", alertent les signataires, parmi lesquels l'économiste Julia Cagé, l'écrivaine Annie Ernaux, l'ancien ministre Nicolas Hulot, l'humoriste Guillaume Meurice ou l'acteur Gaspard Ulliel. Le propriétaire de Libération Altice a cédé le journal jeudi dernier à un "Fonds de dotation pour une presse indépendante", une structure censée garantir l'indépendance du titre mais qui suscite depuis le début des interrogations chez les salariés. La tribune, publiée vendredi sur le site du Monde, souligne que "sur le papier", "cette forme juridique pourrait en principe avoir de nombreux avantages". "Devrions-nous ainsi nous féliciter de la transformation capitalistique du journal de Jean-Paul Sartre et Serge July, créé en 1973 comme un organe quotidien entièrement libre et dirigé à ses débuts par ses salariés ? On le pourrait si la liberté de ses journalistes était entièrement garantie et qu'ils retrouvaient ainsi l'esprit d'il y a quelques décennies. Or ce n'est pas ce qui semble aujourd'hui se dessiner", déplore le texte.

"Le schéma conçu par Altice n'empêche pas l'entrée d'un nouvel actionnaire au capital de Libération" et aucun représentant de la rédaction ne siègera au conseil d'administration du fonds, regrette le texte. "Devenir la propriété d'un fonds de dotation ne peut être une bonne nouvelle qu'à condition que le journal soit suffisamment doté pour lui permettre de revenir à l'équilibre rapidement. Or, ici encore, les annonces faites ne laissent rien présager de bon", poursuit-il. Si la dotation est encore en cours de discussion entre les représentants des salariés et Altice, selon la direction, les salariés indiquent que l'actionnaire injecterait 15 millions d'euros une somme estimée en-deçà des besoins du titre. S'y ajoute l'effacement de 60 millions d'euros de dette, qui, selon les salariés est une opération comptable. "Notons que ces millions affichés en coûteront très probablement presque trois fois moins au groupe Altice, qui n'a pas choisi le modèle du fonds de dotation par hasard, celui-ci lui permettant de défiscaliser ses apports à hauteur de 60%", souligne la tribune. "Se mobiliser pour Libération, c'est dire aux actionnaires qui possèdent aujourd'hui les médias que les citoyens sont prêts à se battre aux côtés des journalistes pour dire l'importance d'une presse - véritablement - indépendante, transparente et démocratique", estiment les signataires.

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