Charlie Hebdo porte plainte pour de fausses Unes
Le journal satirique pense qu'il s'agit d'une "propagande pro-russe".
Charlie Hebdo a porté plainte lundi pour la diffusion sur des réseaux sociaux de fausses couvertures du journal satirique et soupçonne une "propagande pro-russe", a indiqué son avocat Richard Malka à l'AFP. "Il y a une démarche quasi industrielle qui s'accélère avec de nombreuses Unes, de très bonne qualité. On pourrait s'y tromper si l'on ne connaissait pas la ligne éditoriale du journal", a expliqué Me Malka. "Il y a une intention derrière qui semble clairement relever d'une propagande pro-russe", a-t-il ajouté. Cette quinzaine de fausses Unes en deux ans semblent "d'abord destinées au public russe, afin de lui faire croire que Charlie Hebdo est anti-Zelensky et pro-Poutine", a précisé la rédaction dans un communiqué.
Elles circulent "principalement sur le réseau de messagerie Telegram" et sur X pour les plus récentes, et sont "accompagnées de légendes ou de commentaires écrits en langue russe", pointe la plainte consultée par l'AFP. Reprenant les codes graphiques de l'hebdomadaire et les signatures de dessinateurs du titre sous de fausses caricatures, ces Unes dénigrent le président ukrainien et son armée, le soutien d'Emmanuel Macron à Kiev, "la politique migratoire de l'Angleterre, ou colportent des rumeurs sur l'identité sexuelle de Brigitte Macron", a dénoncé Charlie Hebdo.
Délit de contrefaçon
La plainte contre X pour le délit de contrefaçon a été déposée auprès du tribunal judiciaire de Paris, dans le but que "soient au moins identifiés les auteurs et peut-être les commanditaires de cette propagande". Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, "le pouvoir russe utilise tous les moyens de communication pour influencer et tromper l'opinion publique en Europe", a souligné Charlie Hebdo, qui entend "défendre son image et ses valeurs" et "dissiper les doutes que ces manipulations pourraient faire naître dans l'opinion publique".
L'imitation de médias traditionnels fait partie des nombreux moyens employés dans le cadre de la vaste opération d'influence pro-russe Doppelgänger (sosie en allemand) qui continue de se déployer sur les réseaux sociaux malgré sa révélation en 2022 par EU DisinfoLab, une organisation spécialisée dans la lutte contre la désinformation.