Corinne Mrejen dévoile la réorganisation de Team Media

La régie publicitaire du groupe Les Echos-Le Parisien, Team Media, met en place des changements majeurs.A la fois dans son approche et dans son organisation. Corinne Mrejen,sa présidente depuis un peu plus d’un an, détaille ce qui a constitué à ce nouveau souffle, profitant bientôt de locaux flambants neufs pour instiller les nouvelles ambitions de la régie. Interview.

CB News : Vous annoncez officiellement aujourd’hui une nouvelle organisation pour la régie Team Media. Mais à partir de quel(s) constat(s)… ?

Corinne Mrejen : Je lisais il y a quelques jours le blog du journaliste américain et professeur de journalisme à l'Université de la ville de New York Jeff Jarvis qui rapporte les propos d’un éditeur : « nous avons deux maisons. Une maison qui brûle et une maison à construire ». C’est très juste. Et très optimiste, en fait. Ma conviction est que les régies publicitaires d’hier sont mortes. Nous devons inventer autre chose au service de nos groupes médias sans pour autant faire table rase du passé. Le véritable enjeu est de savoir comment nous construisons la maison de demain tout en consolidant ce qui existe.

CB News : En lançant en juin dernier une nouvelle baseline pour Team Media, « imagine », un nouveau logo et un nouveau site internet, vous aviez déjà initié ce changement ? Pour illustrer le fait que tout est possible… ?

Corinne Mrejen : La baseline « Imagine » de Team Media, c’est exactement cela. Notre régie publicitaire au sein du groupe Les Echos-Le Parisien a pour vocation d’opérer une transformation miroir, comme celle opérée et réussie par le groupe ces dernières années. Aujourd’hui, personne ne sait quel sera exactement le modèle économique de demain. Cette nouvelle signature« Imagine » illustre un champ des possibles  extraordinaire, de nouveaux leviers de croissance apparaissent tous les jours… Pour résumer, l’imagination n’a aucune limite. Nous non plus ! Cette notion véhicule l’importance du collectif, de l’ouverture, de la compréhension, de la coproduction, de l’écoute, de la bienveillance et de l’interactivité… Nous ne pourrons pas proposer des solutions créatives et efficaces de façon isolée. Nous misons sur l’interaction de tous les talents du groupe Les Echos-Le Parisien (journalistes, spécialistes de l’adtech, du marketing, de la communication, etc.). Ce mode collaboratif s’applique aussi à l’externe via des alliances stratégiques. Sans remise en cause de notre singularité. Alliance ne veut certainement pas dire uniformisation. S’associer pour que chacun soit plus fort.

CB News : Cela passait par un nouveau souffle, une nouvelle organisation ?

Corinne Mrejen : En effet. Nous avions besoin d’une nouvelle organisation. Le premier étage de la fusée est le déménagement programmé de Team Media entre les 16 et 23 septembre prochains. Nos 150 collaborateurs rejoindront le 15ème arrondissement de Paris, tout comme l’ensemble des collaborateurs de notre groupe, qui arriveront mi-novembre. Un lieu inspirant, marqué par l’innovation. C’est un nouveau projet, une nouvelle aventure. Ce déménagement c’est comme une année zéro pour Team Media. Toutefois, nous ne passons pas de zéro à un, d’un simple claquement de doigts. Ces huit derniers mois, nous avons beaucoup avancé. Les équipes Digital de la régie travaillent déjà en transversale pour Les Echos et Le Parisien. Les opérations spéciales, les events, le marketing, la communication également. Les synergies ont déjà produit des succès. Il y a un besoin de formation auquel nous répondrons fortement. Chacun reste tout de même dans un environnement business qu’il connait. Nous ne partons pas de nulle part ! (sourire).

CB News : Quelle est l’ambition de Team Media, maintenant ?

Corinne Mrejen : La régie de demain s’appuiera sur un triptyque : un tiers de publicité, un tiers de production de contenus que j’aime pour ma part appeler « brand journalism » et un tiers event. L’organisation doit couvrir ces trois champs. J’ai instillé 4 grands principes. Tout d’abord, nous déghettoïsons le digital. Aujourd’hui, le digital est partout. Pour cette raison, il n’y aura plus de département digital. Nous créons des capsules d’innovation et d’expérimentation dans tous les pôles de la régie. Nous devons retrouver des inspirations digitales partout. Il y aura toutefois un patron du numérique transverse qui sera le garant des avancées. Ensuite, nous créons 10 business unit sectorielles (Industrie-services, Retail, Automobile, Lifestyle-luxe, Banques-assurances-immobilier, Culture loisirs, Publicité financière, Marque employeur-éducation, PA légales carnet, Annonceurs en direct). Chaque responsable aura un rôle de chef d’orchestre. Il apportera une expertise sectorielle forte et pointue, afin d’identifier au mieux tous les enjeux d’un secteur donné. Il sera l’interlocuteur privilégié, susceptible dès lors de proposer des solutions globales. Par ailleurs, nous créons un pôle Revenu Management. Là, l’enjeu est d’avoir des équipes tournées, certes, vers l’achat et les trading-desk mais qui vont surtout accompagner la plateformisation des échanges. L’achat et la négociation, ce sont des expertises à haute valeur. Enfin, nous mettons sur pied le Studio « Imagine ». Ce sera un véritable pôle opérations spéciales, Event et brand content qui s’appuiera sur toutes les compétences du groupe, comme Pelham Media par exemple.

CB News : Un nouvel organigramme de management se constitue donc ?

Corinne Mrejen : Je serai en effet entourée de deux directeurs généraux : Cécile Colomb référent sur Les Echos et Philippe Pignol référent sur Le Parisien. Ensuite, j’ai nommé deux directeurs délégués : Nicolas Danard qui est chargé du pôle Revenu Management et Olivier Meunier à la fois chargé du numérique et des business unit BtoB et Retail. J’ai également promu Vincent Ficarelli qui sera le responsable du Studio « Imagine ». Il y a également les 10 responsables de business unit. Un pôle Innovations rassemblera marketing, communication, RP et projets pour adresser les différentes temporalités de notre business, impulser la transformation, anticiper les usages et les formats de demain, inventer les nouveaux modes de narration…

CB News : En juillet dernier, vous avez annoncé le lancement, avec vingtaine de groupes média et les groupes SFR et Fnac-Darty, de Gravity, une alliance data pour faire face aux Gafa. Pour quoi faire ?

Corinne Mrejen : Plus nous serons solidaires dans ces alliances plus nous serons efficaces face à la concurrence des Gafa. Nous voulons répondre aux besoins des agences et des annonceurs qui veulent avoir accès à des choses simples, faciles et rapides sur ces sujets techniques et compliqués. Gravity, c’est parier sur l’intelligence collective. Comment fait-on face aux Gafa pour retrouver une taille critique ? L’idée est de massifier nos données, proposer un guichet unique, être brand safety et premium tout en garantissant sécurité et transparence. Notre état d’esprit est et restera l’ouverture. Il n’y a d’ailleurs pas que des publishers. Et nous continuerons à tendre la main à tout le monde.

CB News : Même aux initiateurs de l’offre Skyline (Le Monde et Le Figaro) qui pourrait sembler vous faire concurrence ?

Corinne Mrejen : Bien sûr, ils peuvent nous rejoindre s’ils le souhaitent. Je note que Skyline est plutôt du côté du couplage publicitaire. L’offre Gravity est du côté de la data. Elle répond stratégiquement et structurellement à ce qu’offrent les Gafa, en proposant une puissance instantanée forte et une qualification-ciblage. La plateforme Gravity est lancée en bêta-test en septembre avec une série d’annonceurs. Gravity ce n’est pas une grande usine à data comme je l’ai lu ici ou là. Tout est préservé, nous sommes résolument dans l’e-privacy.

CB News : Un mot sur la tendance publicitaire depuis le début de l’année pour Team Media ?

Corinne Mrejen : Nous sommes satisfaits du 1er semestre, nous avons gagné des parts de marché. Depuis sa nouvelle formule, Le Parisien a notamment gagné des PDM grâce aux Opérations spéciales. Nous avons eu un très bon accueil pour la nouvelle formule de La Parisienne « mobile first » qui a attiré de nouveaux annonceurs. Sur Le Parisien Magazine, la situation est stable, en attendant la nouvelle formule mi-octobre, conçue par Laurent Guez. Les Echos, le digital et les Echos Week-End ont progressé au 1er semestre vs 2016. Nous démarrons donc la saison confiants et déterminés.

À lire aussi

Filtrer par