Déontologie de l’info : une instance « souhaitable » et « possible »

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La création d'une instance d'autorégulation chargée de veiller à la déontologie de l'information, en débat depuis des années en France, est "souhaitable" et "possible", estime un rapport confié à l'ancien PDG de l'AFP Emmanuel Hoog, rendu public mercredi. Chargé l'an dernier d'une mission par le gouvernement, M. Hoog a remis mardi son rapport au ministre de la Culture Franck Riester. Cette instance associerait des représentants des journalistes, des éditeurs de presse et de la société civile, et n'aurait pas de pouvoir de sanction, mais proposerait des missions de médiation, de recommandations, de partage de bonnes pratiques et d'éducation aux médias, selon le document.    Depuis un précédent rapport, en 2014, qui avait conclu à une absence de consensus sur la création de cette instance, "la crise de confiance à l'égard des médias n'a fait que s'aggraver", a déclaré M. Hoog à l'AFP citant notamment les violences à l'encontre de journalistes lors des manifestations de "gilets jaunes". En outre, la multiplication des infox sur internet et les réseaux sociaux, et les efforts pour réguler les plateformes et les éditeurs en ligne, soit via la justice, soit via le CSA, qui pose des questions épineuses, plaident selon lui en faveur d'une telle instance. La question fait débat depuis des années en France et une partie du paysage médiatique y est fortement opposée, par crainte notamment d'une "mise sous tutelle" voire d'une "censure". Mais "les exemples à l'étranger montrent bien qu'on ne voit pas en quoi ce serait attentatoire aux libertés, sauf à estimer que les journalistes suédois et allemands sont moins libres que les journalistes français", estime M. Hoog, qui juge "la période propice" pour lancer une telle instance. C'est aux médias volontaires qu'il reviendrait de s'en charger, et non aux pouvoirs publics, dit-il. Il a évalué entre 1 et 2 millions d'euros le budget d'une telle instance, avec deux sources de financement potentielles : les adhérents et l'Etat, qui devrait contribuer à moins de 50% et sans aucune contrepartie, pour garantir son indépendance.    Enfin, concernant l'articulation avec le CSA, il propose une forme de "co-régulation", dans laquelle l'instance d'autorégulation remettrait des avis au gendarme de l'audiovisuel, lorsque ce dernier doit trancher des cas relevant de la déontologie journalistique.

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