La Fondation Jean Jaurès lance son Observatoire des médias avec David Medioni

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Avec la création de son Observatoire des médias, la Fondation Jean-Jaurès a pour ambition de réfléchir aux fonctionnements des médias. Sa direction est confiée au journaliste David Medioni qui explique à CB News les ambitions de la nouvelle structure. Et fait par ailleurs le point sur la situation et les projets de son magazine littéraire en ligne Ernest lancé en 2017. Interview.

CB News : La Fondation Jean Jaurès lance un Observatoire des médias dont vous assurez la direction. Quels sont les constats qui ont précédé à cette création ?

David Medioni : Ce qui nous a animés dans les réflexions autour de la création de cet Observatoire est double. D'abord le constat que la réflexion autour des récits médiatiques est souvent très idéologique et parfois biaisée. A la Fondation Jean Jaurès, profitant du temps long, nous avons l'ambition de raconter la fabrication, mais aussi la dimension démocratique des médias. Cela en nous intéressant autant aux contenus qu'à leur dimension économique. L'autre constat est celui - évident - de la mauvaise compréhension de ce que sont les médias. Le rôle de l'Observatoire des Médias de la Fondation Jean Jaurès sera autant que faire se peut en auscultant les contenus (comme nous l'avons fait pour Society par exemple) mais aussi les mécanismes (comme nous l'avons fait sur la distribution de la presse) et les symboliques (comme nous venons de le faire sur les chaînes d'information) d'inviter et de nourrir notre réflexion collective.

CB News : Que va proposer cet Observatoire ? 

David Medioni : Nous allons commencer par des notes de réflexions sur les sujets, signes et images que nous considérons comme cruciaux pour lancer l'analyse. Tous les sujets médias sont dignes d'intérêt. Ensuite, quand cela sera à nouveau possible, l'Observatoire des Médias de la Fondation Jean-Jaurès proposera des débats, des rencontres avec des acteurs clés des médias. Enfin, c'est aussi le rôle de la Fondation nous tâcherons de faire des propositions utiles pour renforcer toujours plus l'importance démocratique des médias et du journalisme. L'Observatoire aura vocation aussi à lancer des débats.

CB News : Quel sera votre rôle ?

David Medioni : Ce sera celui d'un animateur et d'un chef d'orchestre en lien avec Jérémie Peltier, le directeur des études de la Fondation Jean Jaurès. Mon rôle sera celui d'un rédacteur en chef pourrait-on dire. Qui impulse les sujets, mais qui met aussi la main à la pâte. Cette aventure prolonge celle de journaliste média à CB News, mais aussi à la rédaction en chef d'Arrêt sur Images. Emmanuel Bachellerie et Laurent-David Samama sont également membres de l'Observatoire.

CB News : La Fondation est étiquetée « à Gauche ». Est-ce que cela veut dire qu’elle aura une vision de gauche des médias ? 

David Medioni : Je ne sais pas ce qu'est une vision de "gauche" des médias. Je suis journaliste, je reste journaliste. Nous nous intéressons aux faits, à ce qui est dans le réel. J'aime l'idée de "subjectivité désintéressée" de Beuve-Méry. Nous réfléchirons à partir de faits, de mouvements, de lignes de fractures et d'intelligence collective. Pas à partir de présupposés.

CB News : De quelle façon vous allez pouvoir peser sur les débats cruciaux entourant l’avenir à court, moyen et long terme des médias, bousculés, voire remis en cause quand ils ne font pas face à une véritable défiance ?

David Medioni : L'un des objectifs - nous l'avons dit  - est de réhabiliter ce que sont les médias. Dans leur importance démocratique, mais aussi dans leurs travers humains. Nous pèserons, peut-être, par le sérieux de nos réflexions, l'originalité de nos approches, et notre capacité à faire de l'Observatoire un lieu de débats et de confrontations d'idées sans haine. Nous faisons le pari de l'intelligence, de la nuance et du temps long.

CB News : Vous êtes par ailleurs fondateur et rédacteur en chef du magazine littéraire en ligne Ernest. Quel bilan tirez-vous de cette année 2020 hors normes pour votre plateforme ? 

David Medioni : 2020 fut une année vraiment étonnante. Nous avons fêté les 3 ans d'Ernest, nous avions beaucoup de projets. Ils ont été mis en suspens. Cependant, nous avons franchi la barre symbolique des 1000 abonnés payants au magazine littéraire (www.ernestmag.fr) au tournant du mois de juillet 2020. Nous avons profité des turbulences de 2020 pour recentrer nos activités. L'activité Box de livres a été suspendue lors du premier confinement faute de pouvoir acheter et livrer les livres. Nous sommes en train de la repenser. L'activité club qui était à son démarrage au début de l'année 2020 reprendra dans le courant 2021. Au final, même si comme tout le monde nous avons eu peur, nous affichons une belle croissance de notre portefeuille d'abonnés en 2020. Ernest est désormais une revue en ligne qui compte et où les lecteurs et lectrices savent qu'ils trouveront à la fois de la littérature pure, mais aussi et cela est très important, une littérature qui dialogue avec le monde qui l'entoure. Ernest est à la fois une revue d'inspirations littéraires et d'interpellations.

CB News : Quels sont les projets d’Ernest pour 2021 ?

David Medioni : Je ne sais pas s'il faut faire des projets en 2021...Toutefois, les objectifs sont clairs. Consolider et engranger toujours plus d'abonnements au magazine en ligne. Reprendre dès que possible nos activités de club où les ernestiens et ernestiennes pourront venir déjeuner chez des éditeurs ou participer à des escape game littéraires, et aussi, nous étudions la possibilité de publier des livres en coédition ainsi qu'un Mook Ernest.

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