Grand Prix des Médias 2025 de CB News : Bertrand Beaudichon (Mediabrands) président de la 27ème édition
Bertrand Beaudichon assurera la présidence de la 27ème édition du Grand Prix des Médias organisée par CB News. Le dirigeant de la branche media française d'Interpublic, Mediabrands, explique sa vision de l'événement dans un contexte tendu pour les médias.
CB News : En 2014, vous avez été le président de la 16ème édition du Grand Prix des Médias organisée par CB News. Onze ans plus tard, en 2025, vous avez accepté la présidence de sa 27ème édition. Qu’est-ce que représente pour vous le Grand Prix des Médias ?
Bertrand Beaudichon : L’événement a toujours été très important pour moi parce que c’est le signe et le bon laboratoire de la vitalité des médias. L’indicateur de leur capacité d'innovation et de résistance également. Un mouvement qui n'a fait que s'accélérer depuis 11 ans. Nous sommes à un moment crucial de l’industrie, l'année sans doute où la résistance s'est le plus organisée, a été la plus visible et a produit le plus de choses très concrètes. Donc c'est l'année où jamais de célébrer cela. Les médias ont tous travaillé énormément l'IA et la data, tous revu leurs offres. Ils ont pu délivrer de vraies offres et de vraies alternatives à la toute-puissance des Gafam.
CB News : Qu’attendez-vous de cette 27ème édition ?
Bertrand Beaudichon : Deux choses. D’abord, en termes d'offres publicitaires et d'usages consommateurs, j’attends qu’elles démontrent leur capacité d'innovation. Parce que nous sommes à l'ère où on en est à élire des fous présidents de grandes démocraties, à l'ère où des médias deviennent des instruments politiques de ces fous. Dès lors, toutes les initiatives que les médias ont prises pour renforcer encore la qualité des contenus, la qualité du contexte publicitaire pour les marques et lutter contre les discours anti-haine, lutter pour la diversité, lutter contre les fake news, revêt dans une année d'élection américaine et de guerres internationales une importance particulière. Ensuite, envoyer un message avec des prix, des catégories, c'est signifier que nous sommes dans une « bonne direction », et qu'il faut continuer comme ça parce que c'est un sujet publicitaire, mais au-delà de ça, c'est un sujet sociétal. La qualité du contenu, le sérieux du contenu prend une place prépondérante dans le maintien de nos sociétés, de nos démocraties.
CB News : Est-ce que vous pensez que ce peut être également un message au grand public dans une période où il y a quand même une défiance envers les médias ?
Bertrand Beaudichon : C’est effectivement très important. Le grand public ne s'y trompe pas. Quand vous regardez les abonnements numériques des grands titres de presse et quand vous regardez l'âge moyen des gens qui s'abonnent, vous pouvez toujours dire que pour les jeunes, leur source d'information c’est devenu TikTok ou X, mais pas du tout. Tout ce que les médias ont fait pour rendre plus accessible leur abonnement pour les plus jeunes, cela fonctionne. Les médias ont été les gardiens du temple de la qualité de l'information et ils ont trouvé leur public avec cela. Ils ont fait un super boulot.
CB News : Quel président du Grand Prix des Médias 2025 entendez-vous être ? Que voudriez-vous que le jury récompense ?
Bertrand Beaudichon : Un média qui a réussi à organiser, à adapter son offre et ses contenus aux nouveaux usages des consommateurs. Celui qui a montré sa capacité d'innovation pour lutter contre la toute puissance des Gafam et qui a renforcé le sérieux de ses contenus. Le sérieux et sa responsabilité sociétale. Un média idéal, c'est ça. J’ai aussi envie d’être le président qui célèbre une formidable année. En quelque sorte, c'est un peu les Jeux Olympiques des médias.
CB News : Depuis octobre 2024, vous êtes à la tête, en France, de la branche media du groupe Interpublic : Mediabrands. Pourriez-vous nous dresser un premier bilan ?
Bertrand Beaudichon : Ma nomination est arrivée à un moment difficile pour Mediabrands parce que nous venions de perdre les comptes Amazon et Lego. Nous étions également dans une situation où l’agence Initiative était très visible avec un positionnement clair, une attractivité auprès des clients et des prospects assez forte sur le marché local alors que notre autre agence, UM, était moins connue, moins clairement positionnée et très dépendante des grands clients internationaux. Donc, une de mes premières décisions a été d'utiliser cette formidable force que l’on a d'être agile et à taille humaine pour revoir très rapidement notre organisation entre les marques et ce qui était « transversalisable » au niveau de Mediabrands. On a mis en place très vite un nouveau COMEX et des nouvelles fonctions beaucoup plus transversalisées, donc. Cette nouvelle organisation nous a vraiment permis d'améliorer le produit des deux marques.
CB News : Qu’est ce qui fait votre force ?
Bertrand Beaudichon : Je dirais qu’il y a trois points. D’abord, notre taille. Une agence à taille humaine qui agit comme une agence indépendante, mais avec les outils d'une grande. Ensuite, nous sommes la seule agence à avoir investi massivement sur le planning stratégique depuis des années, là où les autres, les grosses, ont plutôt désinvesti la fonction tandis que les indépendantes n'ont pas les moyens de le faire. Enfin, notre modèle est humain, ce qui est assez unique dans le modèle des grosses agences. Nous sommes « Great Place to Work » pour la quatrième année consécutive. Au final, ma stratégie c’est de baisser la part des clients internationaux et d'être la plus locale des grosses agences internationales.
