Groupe Le Figaro : toujours être là où les lecteurs sont

Une « bonne année 2024 ». C’est par ces mots que le directeur général du groupe Figaro, Marc Feuillée, a qualifié jeudi la situation de l’éditeur, tout en traçant ses ambitions pour 2025.
Ainsi, celui-ci a-t-il réalisé un chiffre d’affaires de 579 millions d’euros en 2024, soit +4,3% vs 2023. Son EBITDA s'élève à 42 millions d’euros tandis que le résultat d’exploitation s’affiche à 27 millions d’euros, soit une croissance de près de 30% par rapport à la période précédente. Hors Le Figaro TV, le résultat d’exploitation ressort à 32 millions d’euros. Il faut dire que l’actualité a eu beaucoup de talent l’an passé, une « année exceptionnelle », souligne même le dirigeant lors d’un petit déjeuner de presse, faisant pêle-mêle référence à l’actualité politique (dissolution, élections législatives…), les JO de Paris ou encore les élections présidentielles US… De quoi booster l’abonnement, notamment numérique pur, qui a progressé de +8% en 2024 pour atteindre les 295 000 en fin d’année. Permettant au quotidien Le Figaro de revendiquer, au global, 400 000 abonnés, et d’annoncer pour la première fois l’égalité de revenus entre imprimé et digital. Parallèlement, la part issue des revenus lecteurs augmente elle aussi et représente désormais 60% de son chiffre d’affaires. A l’horizon 2025, l’ambition est d’afficher ces mêmes +8% pour les abonnés purs numériques. Et de prioriser le développement de la présence des titres du groupe sur les réseaux sociaux ainsi que la vidéo.
La « multi-distribution » pour ambition
Concernant Le Figaro TV, chaine lancée en avril 2023, Bertrand Gié, directeur du pôle news du Figaro, l’affirme : « nous sommes là où nous espérions être ». En ligne avec les objectifs, la publicité gérée par FranceTV Publicité a permis de générer « plus d’un million d’euros » pour une chaine qui a réuni 215 000 téléspectateurs/jour sur la période septembre-octobre 2024, contre 57 000 sur la période novembre-décembre 2023 (données Mediamat-Médiamétrie). Sur une audience 30 jours, Figaro TV accueille même 1,84 million de téléspectateurs en 2024 contre 600 000 en 2023. Dans ce contexte, Marc Feuillée entend jouer pleinement la carte de la « multi-distribution » de la chaine qui est aujourd’hui notamment disponible chez MyCanal, TF1+ ou encore Molotov et les FAI (Orange, SFR, Bouygues Telecom) ainsi que YouTube et les écrans TV de Samsung et LG. Alors que la TNT sera amenée à largement évoluer à l’échelle des 10 prochaines années, « nous faisons le pari d’un éclatement du paysage audiovisuel », souligne M. Gié. « Nous voulons dès lors être distribué partout où cela est possible », ajoute-t-il. Pour sa part, M. Feuillée avoue des discussions avec France Télévisions pour que Figaro TV rejoigne la plateforme France.tv. Puis, pour accompagner le mouvement, deux applications destinées aux télévisions connectées seront disponibles dès « début mars ». Pas question, en tout cas, d’avoir quelques velléités d’intégrer la TNT nationale. Marc Feuillée n’a ainsi pas déposé l’an dernier de dossier auprès de l’ARCOM pour l’appel à candidatures et ne semble pas plus enclin à candidater sur ce type de fréquence à l’avenir : « on ne peut pas investir de tels montants sans nous fragiliser », concède-t-il. Son credo, plutôt : « faire résonner, se croiser la communauté des lecteurs du Figaro ».
Nouveau propriétaire du magazine Gala depuis fin 2023, le groupe Figaro peut s’enorgueillir d’un titre qui lui permet d’engranger 15 millions d’abonnés Tiktok et 1,1 million Instagram supplémentaire, portant désormais à 38 millions d’abonnés à ses différents comptes sociaux. Le chiffre d’affaires publicitaire généré sur ces canaux aura même progressé de 20% en 2024. M. Feuillée annonce par ailleurs que le successeur de Matthias Gurtler, directeur de la rédaction de Gala qui a récemment rejoint le groupe L’Equipe, devrait être dans les prochaines semaines.
Enfin, concernant les autres activités du groupe Le Figaro… Ainsi, le chiffre d’affaires de CCM Benchmark a progressé de 7% vs 2023 et la rentabilité de la société est toujours supérieure à 20% tandis que pour les activités de Figaro Classifieds ont connu des évolutions plus « contrastées » avec Figaro Immobilier qui progresse « régulièrement » alors que l’activité Emploi a quant à elle « souffert » d’une baisse des commandes, la conjoncture s’étant dégradée en 2024. De même, la société spécialisée dans la billetterie de spectacle a enregistré un « record de ventes de billets » (+6 % par rapport à 2023). L'activité Voyage (Les Maisons du Voyage et Marco Vasco), pour sa part, a réalisé une « année exceptionnelle » avec un chiffre d’affaires record (125 millions d’euros) et le « meilleur résultat opérationnel de son histoire ». La régie publicitaire du groupe a de son côté connu une année 2024 « stable », selon le directeur général. « Jusqu’à fin août, le marché a été porteur, mais a connu un ralentissement ensuite qui a mangé l’avance du 1er semestre », observe-t-il. Face notamment à ce marché publicitaire difficile, la direction a lancé un plan de départs volontaires (retraites et congé mobilité) touchant 30 postes.
Droits voisins : il faut « faire le point »
En marge de la conférence, Marc Feuillée a également fait un état des lieux de l’épineux sujet des droits voisins. Si le groupe Figaro a saisi la justice en octobre 2024 contre LinkedIn, « nous voulons vivre de notre travail, nous ne sommes pas des spécialistes du contentieux, mais nous n’hésitons pas lorsque l’on ne trouve pas d’accord », assure-t-il. Alors que l’accord avec Meta touche à sa fin, le dirigeant appelle « à faire le point » sur les droits voisins dont la transposition en France, en 2019, semble déjà bien lointaine. « Cette loi n’est pas parfaite, elle n’arrive pas à pleinement être mise en œuvre », insiste-t-il. Pour lui, « le législateur doit faire son travail, nous sommes des PME face aux plateformes. Que le législateur organise les médiations ». Quoi qu’il en soit, « la loi doit être plus claire : elle l’est pour la redistribution, beaucoup moins pour la collecte », plaide-t-il. Marc Feuillée s’est dit en outre favorable, pour les plateformes, à « une loi Bichet du numérique », à l’instar des marchands de titres print qui ne peuvent refuser leur présence dans leur établissement