iTélé : la gueule de bois et la reprise du travail

Le protocole d'accord entre les salariés et la direction de  iTélé a été signé jeudi après-midi et entérine la reprise du travail après 31 jours d'une grève historique. Le travail a repris jeudi après-midi et le direct devrait suivre. Les grévistes réclamaient des garanties d'indépendance de leur rédaction vis-à-vis de leur actionnaire: "la signature d'une charte éthique, la nomination d'un directeur de la rédaction distinct du directeur général, la mise en retrait de l'antenne de Jean-Marc Morandini et la définition d'un projet stratégique et éditorial clair et précis". Ils ont obtenu la nomination d'un directeur délégué à l'information (pour lequel il n'y a pas encore de candidat, selon Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+) et la rédaction d'une charte éthique d'ici à quatre mois (rendue obligatoire par la loi sur la liberté des médias). Avant de céder sur ces points, la direction du groupe Canal+ avait d'abord proposé de meilleures conditions de départ à ceux qui ne partageaient pas le projet de la chaîne.

Jean-Marc Morandini, le retour ?

C'est l'arrivée début octobre de l'animateur Jean-Marc Morandini, mis en examen pour "corruption de mineur aggravée", qui a mis le feu aux poudres. Ses premières émissions en pleine grève ont valu à la chaîne une mise en demeure du CSA pour "manquements aux exigences d'honnêteté et de rigueur". La direction a préféré écarter l'animateur de l'antenne et son retour est désormais lié au lancement du projet CNews, le nouveau nom que doit prendre iTélé. Quand elle reprendra, l'émission de Morandini sera soumise à "la même rigueur que le reste des programmes de la grille", a assuré Maxime Saada, ajoutant que la principale raison de son embauche était sa capacité à attirer de l'audience. La direction a également accordé que personne ne serait obligé de travailler avec l'animateur, établissant ce que la rédaction appelle un "cordon sanitaire" autour de l'animateur. Quelques heures après l'annonce de la fin de la grève, l'animateur annonçait son retour dans un tweet : "Retour en France après ces journées à suivre l'élection US. C'était éprouvant mais passionnant".

Dans ce contexte, la priorité est désormais le lancement de CNews, à une date non définie. Maxime Saada a assuré que la chaîne resterait une chaîne d'info en continu avec "une coloration éditoriale un peu différente de ses concurrentes". Pour relancer la chaine d’information, largement déficitaire depuis plusieurs années et en perte d'audience, il souhaite faire plus de place au sport, avec probablement une émission hebdomadaire ou bihebdomadaire, la culture, le cinéma, "sans doute la musique, potentiellement l'international". L'idée est de s'appuyer sur le groupe Canal+, pour faire des synergies et lancer ce projet éditorial à coûts constants, explique-t-il.

35 journalistes sur le départ

Au final, plus de 35 journalistes, soit près d'un tiers de la rédaction, ont déjà annoncé leur départ. "Beaucoup se posent des questions, il y aura sûrement une soixantaine de départs", estime le journaliste Milan Poyet. La chaîne d'info se retrouve presque sans encadrement, avec le départ de six rédacteurs en chef et deux chefs de service. La direction s'est engagée à remplacer les partants par des journalistes en CDI sous 4 mois, en donnant la priorité aux pigistes et CDD pour l'embauche. "Ils pensent qu'ils ont un vivier chez Direct Matin, pour remplacer des contrats de journalistes chez iTélé", croit savoir une source syndicale. A noter que le protocole d'accord prévoit la séparation des rédactions du groupe.

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