iTélé : les salariés cherchent à sortir de la grève par le haut

Insatisfaits du protocole d'accord proposé par la direction de Canal+, les salariés d'iTélé ont voté mardi massivement la poursuite de leur grève au long cours, tout en reconnaissant qu'une sortie de crise semble enfin se profiler. S'ils ont reconduit la grève à 89% jusqu'à mercredi midi, les salariés se préparent aussi à "l'après, une fois que la grève sera levée", a souligné Antoine Genton, le président de la société des journalistes (SDJ) après l'assemblée générale. Les modalités de reprise de travail sont "en train d'être discutées entre les rédacteurs en chef et la direction de la rédaction", a-t-il ajouté, tout en soulignant que la grève pourrait encore durer. Pour la première fois depuis le début du conflit, le 17 octobre, les salariés de la chaîne d'information en continu du groupe Canal+ ont débattu d'un texte écrit, issu de douze heures de négociations entre leurs représentants et la direction. "On sait qu'on a perdu sur l'essentiel. Mais on ne peut pas lever la grève maintenant, des points doivent encore être négociés", a indiqué à l'AFP un journaliste, sous couvert d'anonymat, estimant que "ça pourrait se débloquer demain (mercredi)". "Tout le monde commence à (réfléchir) comment on pourrait sortir la tête haute", a-t-il ajouté.  Le texte négocié avec la direction "n'a pas été rejeté mais des détails restent à régler", a précisé un autre journaliste. Les salariés d'iTélé réclament depuis 30 jours des garanties éditoriales sur leur indépendance, notamment une charte éthique, et la fin du double rôle assuré par Serge Nedjar, directeur de la chaîne et de la rédaction, qui cristallise une bonne partie des tensions. A l'issue du premier round de négociations, achevé dans la nuit de lundi à mardi, un représentant du syndicat maison PlusLibres avait estimé n'avoir "pas beaucoup avancé" sur "l'éditorial". "Il y a encore des points d'achoppement (...) Le seul point sur lequel on arrive à avoir des concessions, ce sont les conditions de départ", selon ce syndicat.

La mise à l'écart de Jean-Marc Morandini, animateur controversé mis en examen dans une affaire de corruption de mineurs, dont l'arrivée avait mis le feu aux poudres, est passée au second plan des revendications. Aucun salarié ne devrait être forcé à travailler avec lui, et son émission serait sous le contrôle de la rédaction en chef, selon la direction. "Morandini, c'est accessoire maintenant", confirme une source syndicale.  "Le nœud du problème, c'est Serge Nedjar... Mais on sait très bien qu'on n'obtiendra rien de ce côté-là". La direction a proposé mardi la nomination d'un "directeur délégué" aux côtés de M. Nedjar, à mi-chemin entre le directeur de la rédaction distinct demandé par les grévistes et un directeur adjoint, selon des membres de la rédaction. Depuis le début de la grève, la direction du groupe proposait principalement de faciliter le départ de ceux qui voudraient quitter la chaîne. Une dizaine de personnes ont décidé de partir et une dizaine de départs sont encore en discussion, selon Stéphane Roussel, directeur général chargé des opérations du groupe Canal+, mais "tous les départs seront remplacés" selon lui. La rencontre organisée lundi entre les ministres du Travail et de la Culture et trois dirigeants du groupe Canal+ semble avoir permis d'accélérer le tempo des négociations. Le directeur général du groupe Canal+, Maxime Saada, a réitéré mardi sa volonté de "sortir rapidement" de la crise, lors d'un colloque organisé par NPA Conseil et Le Figaro. Ce conflit est "beaucoup trop long", a pour sa part estimé sur France Inter la ministre de la Culture et de la Communication Audrey Azoulay, ajoutant que les revendications des salariés n'étaient "pas extravagantes". 

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