Lagardère : Amber Capital encore à l’offensive

Arnaud Lagardère

Le fonds Amber Capital, devenu premier actionnaire du groupe français, a dévoilé jeudi son plan pour évincer le dirigeant, à qui il reproche une mauvaise gestion, à l'approche d'une assemblée générale décisive. "Dans une société cotée normale, il y aurait eu depuis longtemps des changements majeurs au niveau du management", a déclaré le fondateur d'Amber Capital, Joseph Oughourlian, lors d'une conférence de presse en visioconférence. Dans son plan, le fonds britannique prévoit une révision complète de la gouvernance du groupe aujourd'hui recentré sur l'édition (Hachette) et la distribution (Relay), et qui est la maison-mère d'Europe 1, du Journal du Dimanche et de Paris Match. Il souhaite notamment "renouveler intégralement le conseil de surveillance" mais appuie les cooptations récentes de l'ancien chef d'État Nicolas Sarkozy et l'ex-patron de la SNCF Guillaume Pepy. Dans une société en commandite par actions (SCA), le conseil de surveillance peut notamment s'opposer au renouvellement pour six ans du mandat du gérant (Arnaud Lagardère), qui arrive à échéance en mars 2021.

Lagardère "est géré pour l'intérêt d'un actionnaire qui a un problème énorme d'endettement et cela l'a amené à liquider petit à petit le groupe qui avait été construit par son père" Jean-Luc Lagardère (mort en 2003), attaque Joseph Oughourlian, également président du RC Lens et vice-président du conseil d'administration du groupe de presse espagnol Prisa. Le fondateur d'Amber pointe "des performances économiques très en dessous de la moyenne" des indices comparables et une série de fusions-acquisitions "désastreuses". Il fait également référence à la dette de la holding personnelle d'Arnaud Lagardère, évoquée par ce dernier à quelque 164 millions d'euros, alors qu'un associé-commandité est responsable indéfiniment des dettes de l'entreprise sur ses biens propres.

"On n'est pas très loin"...

Amber n'avait pas réussi en 2018 à faire élire des membres au conseil de surveillance, empêché à l'époque par le ralliement à la dernière minute du Qatar à Arnaud Lagardère. "Si on suppose que le Qatar voterait contre nos résolutions, on aurait 20% des droits de vote contre nous. (...) Avec un peu plus de 12%, on n’est pas très loin mais il nous faut convaincre les autres actionnaires", a répondu Joseph Oughourlian, alors que près de la moitié des droits de vote sont contrôlés par des détenteurs du capital flottant. Le fonds veut aussi convaincre les autres actionnaires d'exiger l'abandon de la commandite au profit d'une société anonyme plus classique – une éventualité à laquelle s'est toujours fermement opposé Arnaud Lagardère – et supprimer le paiement du dividende en 2020.

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