Marc Feuillée : Le groupe Figaro est en avance sur son rebond  

Marc Feuillée
(© DR)

Les affaires ont bien repris en 2021 pour le groupe Figaro qui avec un résultat d’exploitation de 31 M€ dépasse ses résultats de 2019 (28 M€). En 2020, le groupe avait enregistré un déficit de 7 M€, grevé par les pertes de ses activités à l’arrêt (événementiel, ticketing, croisières et voyage). Hors activités ticketing et voyages, encore fortement impactées par la longue crise sanitaire, le REX du groupe s’élève à 37 M€, soit le meilleur résultat du groupe sur les dix dernières années. Le groupe Figaro qui a réalisé un chiffre d’affaires 500 M€, en progression de 6 % par rapport à 2020 a dégagé en 2021 un cash-flow record de près de 50 M€ (EBITDA).

Des performances qui méritaient d’être commentée par Marc Feuillée, directeur général du groupe Figaro qui a répondu aux questions de CB News.

CBN – A quoi attribuez-vous ce rebond spectaculaire ?

Marc Feuillée : Nous avons toujours été confiants sur notre capacité à retrouver nos performances historiques. Ce que l’on ne pensait pas, c’était de pouvoir les améliorer et aussi vite. Il y a tout un travail de fond qui a été entrepris il y a des années et qui a certes été percuté par 2020, mais qui a été sous-jacent pendant cette période. Ce sont nos très grosses audiences digitales, notre diversification très réussie sur les métiers digitaux et puis un travail de fond sur la progression des revenus lecteurs du Figaro. Et en fait sur la deuxième partie de l’année 2020, nous avions déjà des bons résultats mais évidemment cette année-là, nous avons été très touchés sur les activités de diversification telles que le ticketing, les croisières, les voyages mais aussi sur les annonces classées. En revanche, nous avons fortement rebondi parce qu’on avait fait tout ce travail depuis de nombreuses années avec des grosses audiences, des marques fortes et une expérience opérationnelle sur la régie. La progression des revenus lecteurs est très sensible. Nous avons atteint les 400 000 abonnés sans renoncer à notre leadership d’audience, sans fermer complètement nos sites derrière les paywall. Tout cela fait que nous en recueillons les fruits avec un an d’avance par rapport à nos prévisions.

CBN – Le paradoxe n’est-il pas que vos activités de diversification, qui à l’origine étaient censées compenser vos éventuelles faiblesses sur vos métiers traditionnels, sont celles qui ont le plus souffert ?

Marc Feuillée : C’est vrai qu’elles sont encore en perte. On n’avait évidemment pas complètement envisagé le Covid (sourire). Mais nous sommes confiants, nous avons des produits de qualité et il faut que l’on sorte de cette période de trouble sanitaire. La demande de nos clients est là, on reporte beaucoup. Le rythme de commande était supérieur à 2019 lorsque les marchés se sont réouverts avant Omicron. Les gens veulent toujours voyager. Il en est de même sur la partie classified qui est repartie très fort fin 2020 et sur l’immobilier nous n’avons pas baissé en 2020 par rapport à 2019 parce que nous sommes très bien positionnés sur les segments haut de gamme.

CBN – Êtes-vous en avance sur vos prévisions de recrutement des abonnés numériques ?

Marc Feuillée : Oui, tout comme sur la publicité, notamment la publicité digitale. Ce sont nos deux leviers de croissance. On a réussi à l’obtenir par les gros succès d’audience. Nous sommes l’un des rares groupes à ne pas avoir baissé en 2021 par rapport à 2020 qui était pourtant une année exceptionnelle d’audience. Nous avons consolidé nos positions, notamment sur les deux segments les plus importants du marché de l’internet en France qui sont l’actualité – où pour la première fois, nous sommes en tête 12 fois sur 12 en Médiamétrie, et sur le marché des féminins où Le Journal des Femmes a pris le leadership. C’est un secteur ultra-compétitif sur lequel nous avons, là encore, mener un travail de fond. Sur le Journal des Femmes, cela fait trois ou quatre ans que l’on est en conquête sur ce leadership.

CBN – Lorsque vous aviez redimensionné le groupe fin 2020, vous aviez annoncé vouloir rajeunir les effectifs du groupe. Vous êtes en ligne avec ce plan ?

Marc Feuillée : Notre plan est que l’on embauche systématiquement sur les métiers du digital et parfois il faut se réorganiser se renforcer sur les autres métiers. Cette partie-là est terminée. Nos effectifs sont configurés pour délivrer nos produits imprimés dans de très bonnes conditions et nous continuons à embaucher sur le digital, qu’il s’agisse de journalistes, de spécialistes des réseaux sociaux, du marketing digital ou de développeurs.

CBN – 2021 aura donc été une bonne année pour le groupe Figaro, quels sont vos grands axes de développements à court et moyen terme ?

Marc Feuillée : Nous sommes singuliers. Nous sommes à la fois issus des métiers de la presse et par ailleurs nous avons une activité digitale qui représente la moitié du chiffre d’affaires du groupe. Nous sommes sur ces deux fronts simultanément. Et puis nous avons une grande tradition de diversification et de déclinaison des marques. Cette crise nous a permis de valider ce modèle et il faut que nous continuions à creuser notre sillon. Nous avons aussi montré avec le Figaro que l’on peut être fort en audience et faire croître notre portefeuille d’abonnés. Notre ambition c’est de parler au plus grand nombre et c’est validé par One Global qui nous place comme marque médias préférée des Français. Le Figaro doit être une marque d’information majeure.

CBN – Des acquisitions en vue ?

Marc Feuillée : Nous reprendrons notre politique d’acquisitions ciblées notamment dans le digital. En 2019, nous avions acquis la société Bemove que nous avons intégrée à CCM Benchmark et cela se passe très bien. Il nous faut continuer à compléter à chaque fois que c’est nécessaire dans la performance, le service, les bases de données ou l’inventaire. Et puis nous allons accélérer sur les réseaux sociaux et à développer nos contenus sur tous les réseaux et dans tous les formats.

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